C’était ma seule fille. Je porte toujours sur moi son acte de naissance et une photo d'elle à 2 ans. Ma femme préfère des photos d’elle plus âgée.
Lorsque Plan International a commencé à nous informer sur les mutilations génitales féminines dans notre village, j'ai immédiatement soutenu cette initiative.
Je parle de l’excision à la mosquée, avec des hommes du village et avec des imams d'autres villages. Et j’en parle aussi lorsque je travaille. Je suis maçon et, d’ailleurs, c’est moi qui ai construit notre maison !
Mais, comme Plan International, je me heurte à une certaine opposition, parce que certaines personnes ne peuvent pas faire la différence entre la religion et les pratiques traditionnelles. Ils ont tendance à les voir comme une seule et même chose.
Les habitants de ma communauté pensent que l'Islam préconise l’excision pour s'assurer qu'une fille reste vertueuse et pure. Moi, je leur explique que j'ai perdu ma propre fille à cause de l'excision et que c'est une pratique qui doit être arrêtée car elle a des conséquences dramatiques sur la vie des filles.
A la mosquée, je suis aidé par un imam assistant. Il me relaie si je dois travailler. Récemment, il m'a avoué : « Si je ne connaissais pas votre histoire, je continuerais à prêcher que, au nom de notre religion, l’excision doit perdurer. » Les gens ne semblent pas capables de distinguer ce qui est préconisé par la religion et ce qui découle d'autres traditions et coutumes. En fait, ils ne savent pas ce qui est à l’origine des mutilations génitales féminines.
Tout le monde dans le village sait ce qui s’est passé. Je ne voulais pas que ma fille soit excisée, mais une des femmes de mon père l'a emmenée dans un village voisin. Quand elle l’a ramenée, ma fille saignait abondamment et j’ai tout de suite craint le pire.
Ma femme était très en colère. Elle a dit à cette femme : « Je ne voulais pas qu'elle soit excisée, maintenant regarde ce qui s'est passé ; ma fille est gravement blessée. » Moi aussi, j'étais absolument furieux et j'ai crié : « Regarde ce que tu as fait à ma fille et à ma femme ! » Je n'oublierai jamais ce jour-là.
Je ne prétends pas que tout le village a renoncé à l’excision, mais presque. Certaines personnes suivent encore obstinément la tradition, mais elles devraient changer d'avis quand elles auront une meilleure connaissance des conséquences néfastes. En fait, elles ne connaissent pas l’origine des mutilations génitales féminines. D’ailleurs, les hommes viennent me voir pour parler des problèmes causés par l’excision.
Je suis heureux d’avoir réussi, avec Plan International, à sensibiliser mon village avec mon histoire pour limiter le nombre de mutilations génitales féminines, mais fallait-il pour cela que ma fille chérie meurt
Pour lutter contre les mutilations génitales féminines, soutenez les droits des filles en parrainant.
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