Rabiatou :
« J'avais entre 7 et 8 ans. Nous étions en groupe, je ne sais plus exactement combien. Chaque fille était accompagnée par deux femmes de sa famille.
Une vieille dame nous a conduit dans une petite chambre. J'étais la première à passer. La peur au ventre, la vue du sang et la douleur : voilà ce qui résume le souvenir que j'ai gardé de mon excision. Cette expérience est encore très vive et très réelle dans ma mémoire.
Le simple fait d'entendre ou de voir qu'une fille va subir cette atrocité ramène ce douloureux souvenir à la surface.
Les séances de pansements étaient très embarrassantes. Il fallait me courir après pour me ramener dans la chambre où se trouvait la vieille femme. Tout le monde dans la maison savait de quoi il s'agissait, même les garçons, c’était vraiment gênant.
Et dire que tout ceci, c’est pour contrôler la sexualité des filles à la puberté. Moi, j'opterais pour une éducation sexuelle sans tabou dans les écoles et dans les communautés pour mettre fin à ce crime contre les filles.
J'ai subi cette pratique et cela renforce mon engagement dans la lutte pour les droits des filles et dans les actions de sensibilisation. »
Hadja :
« Je suis aussi l'une des nombreuses victimes de l'excision.
J'avais 10 ans. Un jour, pendant les vacances, mes parents m'ont proposé de passer quelque temps chez ma tante avec ma cousine. C’était une chose inhabituelle.
Petite et inconsciente, j'étais toute joyeuse. Arrivées sur les lieux la veille, on nous a présenté de nouveaux habits...
Un matin de bonne heure, notre tante nous a amenées chez une vieille femme, non loin de chez elle pour nous faire exciser. On nous a dit qu'il était temps de devenir des jeunes filles pures.
L'acte fait, on nous habilla bizarrement en attachant nos têtes. Les douleurs étaient intenses et elles ont duré pendant une semaine.
Aujourd'hui, j’en subi encore les conséquences à travers le traumatisme et les règles douloureuses.
C'est la raison de mon engagement : militer contre l’excision et pour les droits des filles. »
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