Des familles sans nourriture dans les camps
En Éthiopie, ce sont près d’un million de personnes qui ont dû quitter leur foyer pour fuir les violences et les affrontements entre communautés qui touchent le pays depuis plusieurs mois. Dans les régions de Gédéo et du Guji dans l’ouest du pays, des communautés entières ont été déplacées par les conflits inter-ethniques. La majorité des déplacé·e·s ont dû tout abandonner et n’ont pas accès aux services les plus basiques.
À seulement 20 ans, Frenesh Tefera est mère de 2 enfants. Elle a dû quitté sa maison il y a deux mois et vit maintenant dans un camp de déplacé·e·s avec son mari et leurs enfants. Sur le point d’accoucher de son second enfant alors qu’elle se retrouvait obligée de fuir, elle a donné naissance pendant le long trajet qui la menait jusqu’à l’ancien collège abritant le camp.
« J’arrivais au terme de ma grossesse quand j’ai dû quitter mon village », explique-t-elle. « J’ai dû donner naissance à ma fille sur la route pour venir ici ».
Frenesh a seulement pu être aidé par une passante. « La douleur était insupportable, je me sentais sans défense. C’est un vrai miracle que tout se soit bien passé et que je sois encore en vie. »
Aujourd’hui, dans la sécurité relative du camp, Frenesh et ses enfants survivent à peine à cause du manque de nourriture. « Nous recevons de la bouillie de maïs de temps en temps, nous devons attendre longtemps à chaque fois. Nous manquons vraiment d’équipement pour vivre correctement, par exemple, nous partageons une poêle avec 8 familles ».
Elle s’inquiète particulièrement pour sa petite fille, encore bébé: « Je ne peux même plus allaiter ma fille parce que je ne mange pas assez et elle est trop petite pour manger du maïs ».
Pour l’instant, les autorités locales n’ont pas pu fournir aux résident·e·s du camp autre chose que ce maïs qui ne peut pas couvrir tous leurs besoins nutritionnels. « Seule, la bouillie de maïs permet à peine aux gens de survivre et encore moins à une mère d’être capable d’allaiter un enfant », explique Wogene Yacob, le responsable nutrition et sécurité alimentaire en Ethiopie de Plan International.
Plan International répond aux besoins de santé et de nourriture des réfugié·e·s.
Sur le terrain, notre ONG supervise la distribution de nourriture pour les résident·e·s du camp. Nous les aidons à acheter les médicaments nécessaires. Nous distribuons également les objets du quotidien manquant dans le camp et des « kits de dignité », contenant notamment des protections hygiéniques. Nos équipes organisent régulièrement des formations aux soins de santé basiques et des projections de films de prévention sur les pratiques nutritionnelles et d’hygiène.
En plus de ces interventions autour de la santé, Plan International mène des actions pour la protection et l’éducation des enfants dans les camps. Nous portons une attention particulière aux besoins des filles et à ce qu’elle se sentent toujours intégrées dans ces actions.
Frenesh et ses enfants comptent parmi les bénéficiaires des actions de l’ONG dans le camp. Pour l’instant, la jeune femme ne cherche même pas à trouver la nourriture dont elle a elle-même besoin, rien d’autre ne la préoccupe plus que la santé de sa fille. « J’ai vu des enfants mourir de faim ou de maladie à cause des conditions d’hygiène », raconte Frenesh. « Ce qui me fait le plus peur, c’est de ne plus pouvoir nourrir mon bébé ».