Alors que des millions de filles subissent violences et harcèlement à l’école chaque jour, provoquant leur déscolarisation, Nu, petite vietnamienne de 11 ans, nous raconte son histoire et comment elle a réussi à s’en sortir.
La source des violences envers les filles et ses conséquences
Chaque année, 246 millions d’enfants sont touchés par les violences à l’école, soit 20% de population mondiale. Ces violences interviennent à la maison, sur les chemins de l’école, et à l’école même. Ce chiffre s’explique à la fois par le statut de la femme considéré comme inférieur au mari, à la pauvreté extrême qui représente un terreau fertile aux violences, et aux enseignants eux-mêmes qui commettent des actes de violence envers les filles.
Ces violences, aussi bien physiques que morales, font peur aux filles, qui, anxieuses et honteuses de ces comportements, n’osent que très rarement en parler et préfèrent la déscolarisation.
Pourtant, l’éducation est un vecteur fondamental d’ascension sociale. En effet, on sait que chaque année passée par une fille sur les bancs de l’école augmente son futur revenu de 10 à 20 %. L’école est donc fondamentalement un outil de changement.
L’histoire de Nu
« Je m’appelle Nu, je suis vietnamienne, et je suis en 6ème. Mon apparence a commencé à changer cette année, un peu plus tôt que les autres filles de ma classe. A cause de mon physique, les garçons de ma classe me regardaient avec insistance et faisaient des commentaires. Je ne me sentais pas bien à l’école.
Hai était l’un de ces garçons. Pendant les pauses, ses amis et lui me pointaient du doigt. Il voulait me mettre mal à l’aise, me harcelait et poussait les autres garçons à se moquer de moi. J’ai commencé à avoir peur d’Hai. Je voulais que l’on me laisse tranquille. Mais comme nous étudions dans la même classe, il n’y avait aucun moyen de me cacher de lui.
Même si j’avais peur de Hai, je ne pouvais parler à personne de la façon dont il me traitait. Je craignais que mes amis prêtent attention à mon apparence si je leur parlais du comportement de Hai. J’avais si peur que je voulais quitter l’école.
Rapidement, j’ai pris connaissance de l’existence de la psychologue scolaire et de sa boite aux lettres à côté du bureau. Les gens pouvaient soumettre des questions ou partager leurs pensées, sans se faire remarquer des autres. Je lui ai alors écrit une lettre.
Et un jour, la psychologue est venue me voir. Elle m’a demandé de l’aider à faire quelque chose dans son bureau. Comme j’avais une bonne raison, je n’avais pas peur d’être la source de rumeurs. Après quelques temps, elle a commencé à me poser des questions sur ma lettre, je me suis ouverte et ait parlé de ma situation avec Hai, de mon idée de quitter l’école. Elle m’a promis de travailler avec moi et a pris les mesures nécessaires pour que ce type de comportements n’arrive plus à l’avenir. Elle a convoqué Hai pour lui expliquer pourquoi c’était mal.
Après cette conversation, j’ai appris que Hai était désolé de son comportement. Même s’il ne s’est pas excusé auprès de moi directement, il l’a fait dans une lettre. J’étais encore anxieuse de faire face à Hai, mais suivant le conseil de Madame Cuc, j’ai commencé à lire et à apprendre des moyens de vaincre positivement mes peurs.
Depuis, je me sens en confiance et j’ai osé faire face à Hai. Je n’ai plus l’idée d’abandonner l’école. En fait, je parle maintenant avec mes amis et leur dit que s’ils ont à faire face à une situation difficile, ils doivent parler avec la psychologue pour qu’elle les aide ».