Travailleuse domestique à 12 ans
« J'ai toujours été bonne élève et j'aimais beaucoup l'école. Jusqu'à la fin de l'école primaire, je vivais à Lahore avec ma famille. Mais pendant l'été, j'ai rendu visite à mes grands-parents qui habitaient dans un bidonville d'Islamabad. Ma grand-mère et ma tante ont alors convaincu ma mère de me retirer de l'école et de m'envoyer dans une maison pour travailler comme domestique. Elles m'ont présentée à une famille qui m'a engagée comme servante à temps plein. Je venais d'avoir 12 ans.
Je me souviens encore des 1ers jours. J'étais effrayée et sans défense au milieu de toutes ces personnes que je n'avais jamais vu, de leurs coutumes. J'avais toujours envie de pleurer et je n'arrêtais pas de repenser à mes journées d'école. J'envoyais tout mon salaire à mes parents, qui étaient restés à Lahore, et mon employeur me fournissait mes vêtements et me donnait un peu d'argent de poche. Un jour, j'ai reçu un message qui m'informait que ma mère était tombée malade, et je suis donc rentrée à la maison pour m'occuper d'elle.
Un mariage forcé imposé par sa famille
Au bout d'un an, elle s'est rétablie et je suis retournée à Islamabad, où j'ai retrouvé ma vie de domestique. Je vivais chez mon frère, et plusieurs personnes de ma famille sont aussi venues s'installer dans la capitale. Je devais m'occuper des plus jeunes, qui étaient dépendants de moi, et je me suis mise à travailler encore plus, pour soutenir ma famille. J'étais contente de les aider, mais je n'avais qu'une envie : retourner à l'école.
En 2011, grâce au programme éducatif de Plan International, j'ai pu quitter ma vie de servante et m'inscrire à des cours mis en place spécialement pour les filles qui ne peuvent pas aller à l'école. Je me suis remise à étudier et cela m'a redonné une lueur d'espoir.
Malheureusement, mes parents ont rapidement décidé de me marier de force avec un homme sans instruction, vivant dans un village reculé. J'ai refusé, et mon père a menacé de divorcer de ma mère et de partir de la maison. J'ai fini par accepter pour ma mère et je me suis mariée avec cet homme. Mais je ne l'aimais pas, et je n'ai pas voulu aller vivre avec lui. Mon père et mes frères ont donc décidé de me renier.
Soutenue et réinsérée grâce à Plan International
En 2013, avec le soutien de ma mère, j'ai pu reprendre le programme éducatif de Plan International et m'inscrire à une formation professionnelle. Je me suis engagée comme bénévole communautaire pour animer une campagne d'inscription dans les écoles. J'ai également fait de la sensibilisation sur l'importance de l'enregistrement des naissances et participé à des ateliers afin d'informer les enfants sur leurs droits.
Grâce à ces projets, je me sens beaucoup mieux et j'ai repris confiance en moi et en l'avenir. Mon père et mes frères acceptent de me reparler et je suis en train d'essayer de divorcer. Je poursuis mes cours afin d'être assez qualifiée pour trouver un bon travail et pour que ma famille ne me voit plus comme un fardeau.
J'aimerai que les parents comprennent que tous les enfants, et encore plus les filles, doivent aller à l'école. C'est un vrai investissement. Il faut donner aux filles le droit de décider de leur vie, notamment pour ce qui est du mariage. Un mariage forcé détruit la vie d'une fille, surtout dans une société où les normes sociales et les tabous sont si forts que si une fille prend position, elle doit ensuite faire face à la violence et l'exclusion.
Pour lutter contre l'esclavage domestique des filles, voici notre plan :