« J’ai commencé à tisser à l’âge de 7 ans. Deux ans après, j’ai quitté l’école. Comme la plupart de mes amies, nous avons appris toutes petites comment régler les métiers à tisser, entrelacer les fils et combiner les couleurs. Depuis, je tisse toujours et je l’ai appris à mes filles.
Récemment, mon fils Jarol, 9 ans, m’a demandé si je pouvais lui apprendre à tisser. Cette demande n’est pas habituelle, le tissage étant généralement considéré comme une tâche destinée aux femmes, mais je l’ai fait.
Je produis une grande variété de pièces de textile, que je vends ensuite : des nappes, des serviettes, des sacs, et des chemises traditionnelles, nommées « huipiles », qui sont d’origine Maya.
La plupart des femmes indigènes portent des chemises traditionnelles tout au long de leur vie, même si elles n’en possèdent seulement qu’un petit nombre, car elles coûtent souvent très chères (généralement entre 100 et 200 dollars), du fait de la qualité des tissages et du temps que cela nous prend pour produire chacune d’entre elles, environ 15 jours à 1 mois.
Parfois, je choisi les couleurs en fonction de certaines dates, comme le violet pour Pâques, le rouge et le vert pour Noël, et le rouge pour la Saint-Valentin. Le pic des ventes intervient au moment de Noël et pour Pâques.
Grâce aux revenus générés par nos ventes de textiles, nous pouvons améliorer nos conditions de vie de façon autonome et indépendante. Nous sommes plus sûres de nous et nous prenons part aux décisions qui concernent nos familles.
Lorsque Plan International a mis en place le programme de Stratégie de Sécurité Economique et le projet Microfinance Plus dans notre région, nous avons pu, avec d’autres femmes de ma communauté, créer notre propre banque communautair Nous l’avons appelée « Joyitas de las Minas », ce qui signifie « Mine de Trésors ».
En parallèle de ce projet, nous avons également participé à une formation pour apprendre les bases de la finance, par exemple comment épargner, et comment transmettre nos connaissances à nos enfants, afin de s’assurer que ces bonnes pratiques de gestion se perpétuent de génération en génération.
Grâce à notre banque, nous avons les moyens de créer une variété de produits conçus spécialement pour les touristes : des nappes, des napperons, des sacs et des serviettes. Nous les vendons ensuite à Antigua, une vieille ville coloniale visitée par des milliers de touristes chaque année. Les acheteurs payent environ 4 dollars pour des napperons brodés, qui prennent une journée à être faits.
Avec l’argent, nous pouvons acheter du matériel pour tisser de nouveaux produits, et continuer à vendre. Nous élevons également des animaux pour compléter nos revenus.
Ce que j’aime dans le tissage c’est de pouvoir créer de nouvelles pièces avec des dessins différents. Nous avons réalisé des fleurs, des papillons, des poissons, mais aussi des dinosaures ! »
Pedrina sait que ces revenus supplémentaires permettent à certaines familles d’imaginer un meilleur avenir pour leurs enfants. Son ami Reina, mariée à seulement 15 ans, est tombé enceinte peu de temps après.
« Je veux que mes filles étudient et attendent d’être plus grandes pour se marier, car cela permet d’avoir une meilleure compréhension de ce que l’on fait.
L’aînée de mes filles, qui a 15 ans, est élève au lycée et ne pense pas encore au mariage. Elle aime étudier, et me dit souvent qu’elle veut continuer ses études.»
Le projet de Microfinance Plus a aidé 4 000 personnes grâce à la création de 250 groupes bancaires, avec une moyenne de 16 personnes par groupe. En partenariat avec les ONG locales, les banques communautaires offrent un accès au crédit à faible taux d’intérêt aux groupes de femmes et d’hommes indigènes. Les emprunteurs s’engagent à rembourser leur dette sous un an.