« Ma grand-mère a été une kamalari, ma mère a été une kamalari et j'ai été une kamalari. Mais je ne laisserai pas mes enfants suivre la même voie ! ». Tel est le souhait de Lila, jeune femme de 22 ans habitant dans le sud-ouest du Népal. De ses 14 à ses 17 ans, Lila a été envoyée par ses parents à Katmandu où elle a travaillé comme esclave domestique.
UNE SITUATION DE PAUVRETE
L'histoire de Lila est la même que beaucoup d'autres filles vivant en zone rurale. Chez elle, trois générations vivent sous le même toit, dans une petite cabane. Son père, Ram, est agriculteur et travaille sur les terres d'un riche propriétaire en échange d'une partie des récoltes. Mais cette maigre compensation ne lui permet pas de subvenir aux besoins de toute sa famille. Il est donc contraint de racheter une partie des récoltes qu'il produit, quitte à s'endetter.
Le poids des traditions, la pauvreté et le manque d'éducation conduisent ainsi de nombreux parents à envoyer leurs filles travailler comme kamalari dans de riches familles. Cette forme moderne d'esclavage commence parfois dès l'âge de 6 ans et peut durer de nombreuses années. Lila a commencé à travailler comme Kamalari quand elle avait 14 ans. En guise de salaire, elle recevait 500 roupies népalaises par an, l'équivalent de 40€. Le système Kamalari est interdit par la loi au Népal, mais beaucoup des personnes chargées de la faire appliquer ont eux-mêmes des jeunes kamalaris qui travaillent dans leur foyer. Il y a donc encore beaucoup de chemin à faire pour mettre fin à cette pratique traditionnelle.
L'EDUCATION POUR SORTIR DU SYSTEME
La nouvelle génération de filles accède plus facilement à l'éducation. Elles apprennent à lire, à écrire, et prennent conscience de leurs droits. Grâce au programme de réinsertion des kamalaris mené par Plan International, Lila a repris sa scolarité. Sa mère a également bénéficié du programme puisqu'elle a reçu des conseils pour augmenter sa production de fruits et a pu emprunter une somme d'argent pour monter un petit commerce.
« Quand j'étais kamalari, j'étais obligée de travailler très dur tous les jours », témoigne Lila. « Je n'avais pas le temps d'aller à l'école ou de lire. Heureusement, tout cela a changé et je me sens bien aujourd'hui. Si un jour j'ai un enfant, je ferai les choses différemment ».