Les filles disent rester sans voix face à la violence
Le rapport « Entendez Nos Voix » est une des plus vastes études jamais menées sur les droits des adolescentes. Il expose les problèmes auxquels les filles sont confrontées. Plan International a parlé directement à plus de 7 000 adolescents garçons et filles âgés de 12 à 16 ans et issus de 11 pays.
Les résultats montrent que des milliers de filles sont constamment contraintes par la violence sexuelle et les autres injustices liées au genre.
« Les filles veulent pouvoir gagner en confiance en elles pour arrêter d'avoir peur ou honte d'exprimer leurs sentiments et leurs besoins », témoigne une fille en Equateur.
« Je ne peux pas parler devant des hommes, ni même devant mes frères et sœurs », explique une autre fille en Egypte. « Quel que soit ce que je dirais, je sens que je serais gênée, donc je ne parle pas du tout. »
Cependant, les filles sont en général incapables de parler de leurs problèmes et ressentent de la honte face aux défis auxquels elles sont confrontées.
Sarah Hendriks, Conseillère en égalité de Genre & Intégration pour Plan International, explique que : « L'étude est très importante, elle souligne les vrais défis et les barrières auxquelles les filles font face à travers le monde. Qu'elles soient affectées aux travaux ménagers qui les empêchent d'aller à l'école ou exposées aux grossesses adolescentes et aux abus sexuels, les filles sont victimes d'abus au quotidien. C'est la première fois que tant de filles ont été entendues sur ces sujets.
Bien que ces résultats ne soient pas nouveaux, ils font éclater au grand jour les violations présentes dans des milliers de vies, chaque jour. La situation désespérée des filles ne pourra s'améliorer que quand tout le monde donnera autant de valeur aux filles qu'aux garçons ».
La violence de genre en chiffre
On estime que dans le monde, environ 150 millions de filles et 73 millions de garçons ont subi des violences sexuelles. De plus, d'après un rapport des Nations Unies, 120 millions de filles à travers le monde – un peu plus d'une sur dix – a été violée ou agressée sexuellement à l'âge de 20 ans.
Harcèlement, viol, exploitation sexuelle et économique, abus et mariages forcés… les filles, contraintes par le chantage et les intimidations, sont fréquemment victimes de violence sous ces divers formes.
Elles se sentent rarement protégées des violences, que ce soit à la maison, dans les communautés ou à l'école. 58 % des filles de Barguna, Bangladesh, ayant participé à l'étude déclarent qu'elles ne se sentaient jamais en sécurité dans leur communauté.
« À la maison, nous sommes parfois harcelées sexuellement par des membres de notre famille, mais nous ne pouvons jamais les dénoncer, car ils seront nos tuteurs. » Une adolescente au Zimbabwe.
Les résultats révèlent même que la violence contre les filles est terriblement ancrée dans les mentalités : les filles s'attendent à être victimes de violences et les niveaux de violences auxquelles elles font face sont considérés comme normaux.
Dans tous les pays, les filles ont déclaré qu'elles considéraient qu'elles n'avaient pas de droits.
Les grossesses précoces, un danger pour les filles
« Nous ne savons pas comment éviter une grossesse. Personne ne nous en parle », une fille au Paraguay.
Les filles expliquent lutter pour éviter les grossesses. Plus de la moitié d'entre elles (52 %), disent qu'elles n'ont jamais ou rarement décidé de tomber enceintes.
« Les filles sont comme les servantes des garçons et des hommes. Leurs problèmes ne comptent pas », une fille au Cameroun.
Les grossesses poussent aussi les filles hors de l'école. L'étude révèle que plus de la moitié des filles (58 %) ne retournent jamais ou rarement à l'école après avoir eu un enfant.
Le droit des filles : une urgence
L'étude a permis aux filles et aux garçons de réfléchir à leur propre autonomisation et à l'égalité, en les encourageant à reconsidérer leurs opinions et à agir pour régler ces problèmes.
Sarah Hendriks de Plan International: « Nous allons nous assurer que les résultats de l'étude soient utilisés dans notre travail mais aussi dans le travail de nos partenaires pour l'autonomisation des filles. Cela signifie qu'à travers le monde les défenseurs de l'égalité de genre seront armés avec de nouvelles données sur le sort des filles, leur permettant ainsi d'influencer plus en profondeur les politiques ».
Plan International utilisera les résultats de l'étude pour assurer que ses programmes soient en accord avec les besoins au niveau local.
- Découvrez le rapport complet (en anglais) : Hear ou Voice