Ebola 1 an après
En mars 2014, les premiers cas de virus Ebola apparaissaient dans la forêt Guinéenne. 1 an après, le virus a fait selon l'OMS plus de 10 000 victimes en Guinée, Sierra Léone et Liberia, et 16 000 enfants ont perdu un ou deux de leurs parents. La vie de centaines de milliers d'habitants dans ces trois pays a également été impactée par l'épidémie.
Dès le début de la crise, Plan International, présent depuis 1976 auprès de 1 246 communautés dans ces 3 pays, a mené des actions d'urgence grâce aux 58 millions d'euros collectés. Ces actions, qui ont bénéficié à 2,5 millions de personnes dont 1,2 millions d'enfants se sont principalement concentrées sur :
- La sensibilisation des populations sur les mesures d'hygiène individuelles et collectives et décontamination dans les villages
- L'aide au diagnostic et traitement des malades dans les centres de soins
- La création de centres de soins et d'accueil provisoires pour les enfants orphelins et victimes d'abus, de violences et d'exploitation (fourniture de nourriture et éducation, protection contre les risques d'exploitation, accompagnement psychosocial)
- Assistance aux victimes des conséquences indirectes d'Ebola (priorité sur l'alimentation et l'éducation)
- Sensibilisation, prévention et préparation à la gestion de crise des pays limitrophes en alerte
Alors que le virus semble amorcer un déclin (traitement des derniers patients au Libéria et nombre de cas identifiés en Sierra Léone et en Guinée au plus bas niveau depuis janvier), Plan International constate chaque jour les effets désastreux d'Ebola sur la population et notamment sur les enfants.
Plan International a mené une étude fin 2014 au Liberia et en Sierra Leone auprès de 1830 personnes, qui confirme les impacts négatifs du virus Ebola sur les communautés à tous les niveaux : santé, alimentation, sources de revenus, protection et éducation des enfants.
Impacts sur la santé
De nombreux centres de santé ont été fermés ou dédiés aux victimes d'Ebola. La prise en charge des patients souffrant d'autres pathologies a été délaissée, les enfants n'ont plus été vaccinés et des centaines de femmes accouchent sans assistance médicale. Le coût des médicaments ne cesse d'augmenter et les familles sont obligées de pratiquer une automédication accrue.
A terme, les décès causés indirectement par Ebola sont susceptibles de dépasser ceux causés directement.
Impact sur l'alimentation et les sources de revenus
Le repli de l'activité économique a sévèrement affecté les revenus des ménages. La fermeture des frontières, les mesures de quarantaine et autres restrictions ont également gravement perturbé la commercialisation des marchandises entrainant la hausse des prix des cultures de base comme le riz.
La production agricole dans ces pays a chuté en raison de l'abandon des fermes par les travailleurs agricoles entraînant une grave pénurie alimentaire dans les 3 pays.
Impact sur la protection et le bien-être des enfants
Plus de 16 600 enfants au Sierra Leone, au Liberia et en Guinée ont perdu un ou deux de leurs parents pendant l'épidémie.
L'étude montre que même si beaucoup d'enfants ont été recueillis par des familles voisines, la peur, la stigmatisation et la pauvreté de ces familles ne permettent pas aux orphelins d'être correctement nourris et pris en charge.
Avec la baisse de revenus des familles, beaucoup d'enfants sont obligés de travailler et sont exposés au travail forcé et aux mauvais traitements, impactant une hausse de l'exploitation sexuelle des enfants et des grossesses précoces dans les trois pays.
D'autres enfants, enfermés chez eux par leurs parents par peur qu'ils n'attrapent le virus, sont socialement isolés.
Impact sur l'éducation des enfants
Avec la fermeture dès l'été 2014 de tous les établissements scolaires, ce sont 5 millions d'enfants qui ont été déscolarisés.
Certains enfants ont cependant continué à s'instruire à la maison, notamment grâce à la radio qui diffusait des programmes créés par des professeurs ; mais les piles coutent cher et l'aide des parents est limitée en raison de leur illettrisme.
Malgré la réouverture des écoles depuis Février 2015, beaucoup de familles n'ont plus assez d'argent pour envoyer leurs enfants à l'école. Les grossesses précoces et le fait que certains enfants gagnent désormais leurs propres revenus constituent aussi une barrière au retour à l'école.
Plan International va poursuivre son travail dans les prochains moins pour améliorer la protection et la prise en charge des enfants vulnérables et orphelins, apporter un soutien financier aux familles (programmes de micro-crédit) et permettre aux enfants de retourner à l'école en toute sécurité.
Cette reconstruction va prendre du temps et un retour à la normale pourrait prendre entre 5 et 10 ans.