Les rites initiatiques pratiqués depuis des milliers d'années en Zambie se modernisent radicalement grâce à l'action de Plan International et des initiatrices qui encouragent le changement.
Moderniser les rites traditionnels d'initiation
Les rites d'initiation ont pour but de transformer les filles qui viennent d'atteindre la puberté, en de « vraies femmes ». Pratiqués quand les filles ont 11 à 12 ans, ils impliquent une série d'épreuves et sont le plus souvent destinés au mariage.
La cérémonie Chinamwali est typique de la province orientale de la Zambie. Elle est menée selon la tradition, dans le secret, pendant trois mois, par une instructrice appelée Alangizi, « celle qui montre le chemin ».
Au cours de l'initiation, les filles apprennent entre autres les traditions historiques et les règles de leur communauté, l'hygiène personnelle et la médecine à base de plantes. Mais surtout, l'initiatrice leur enseigne des techniques de pratiques sexuelles.
Dans ces communautés, cette cérémonie est la clé d'un mariage réussi. Pourtant, ce rite est bien trop précoce et les conséquences psychologiques et physiques sur ces jeunes filles sont terribles.
Phyliss, une Alangizi, explique :
« Lorsque nous enseignons ces techniques sexuelles aux filles, elles ont envie de les essayer. Elles tombent enceinte, se marient rapidement et abandonnent l'école. Elles sont aussi plus exposées aux violences domestiques. Ces aspects de la formation sont clairement négatifs pour les filles et pour le développement de nos communautés. Nous attendons désormais que les filles aient fini l'école et qu'elles soient sur le point de se marier avant de les initier. »
Comme Phyliss, de plus en plus d'initiatrices pensent que les jeunes filles doivent continuer à recevoir cette initiation traditionnelle, mais seulement lorsqu'elles ont terminé l'école et sont prêtes à se marier. C'est pourquoi, dans le cadre de sa campagne mondiale pour les Droits des Filles, Plan International travaille avec les Alangizis et les autorités locales pour opérer de subtils changements dans les rites traditionnels.
Emma est aussi une Alangizi. Cela fait 25 ans qu'elle initie des filles et elle souhaite à présent moderniser le messageà leur transmettre :
« Lorsque les filles ont terminé leur initiation, elles sont sexuellement testées par un homme plus âgé de leur communauté qui juge si elles ont été correctement entraînées. Si ce n'est pas le cas, la jeune fille doit recommencer l'initiation. J'ai rencontré un testeur la semaine dernière qui m'a confié qu'il avait testé 12 filles et qu'il en avait renvoyé une chez les initiatrices parce qu'elle ne connaissait rien. »
Lors de ces tests, beaucoup d'hommes n'utilisent pas de préservatifs : la plupart des filles tombent alors enceinte et beaucoup d'entre elles contractent le VIH/Sida.
Sensibiliser les communautés et éduquer les filles
Pour bouleverser les rites traditionnels d'initiation, Plan International travaille en premier lieu avec les initiatrices afin de les sensibiliser sur les problèmes liés à ces pratiques et insuffler la volonté de changement dans leurs traditions.
Plan International met aussi en place des groupes de discussion et de sensibilisation avec les chefs de villages et les communautés afin qu'eux aussi comprennent les dangers et soutiennent ces changements. L'éducation des filles y est particulièrement mise en avant.
Anna, coordinatrice des projets de Plan International en Zambie témoigne : « La santé reproductive et le mariage précoce sont des sujets tabous chez les jeunes. Nous essayons de combattre les différents problèmes pour que les filles et leurs parents puissent se rendre compte des dangers. Nous avons un gros travail à faire avec les initiatrices : nous les entraînons et nous supprimons les activités qui sont néfastes pour les filles. »
Les projets menés aident aussi les Alangizis comme Phyliss et Emma à apporter des changements à la cérémonie Chinamwali qu'elles pratiquent depuis des années, pour se concentrer sur des activités non nocives. Les initiatrices font désormais passer des messages relatifs à la santé et à l'hygiène, au respect des aînés et à l'entretien de la maison et de la cuisine. Tout le contenu sexuel de l'initiation a été retiré et est enseigné plus tard dans leurs vies.
De plus en plus de cérémonies sont organisées seulement lorsque les filles sont prêtes à se marier. Elles ne durent que deux semaines – en général pendant les vacances scolaires - pour que les filles ne manquent pas l'école.
Les projets menés par Plan International dans la province orientale de la Zambie contribuent vivement à l'autonomisation des filles, grâce aux activités de sensibilisation et en favorisant leur accès à l'éducation.