Les attaques du groupe islamiste Boko Haram, qui sévit au Cameroun depuis plus d'un an, forcent des milliers de personnes à se réfugier dans des camps au nord du pays. Plan International intervient pour fournir une aide d'urgence aux enfants et aux familles touchés.
Echapper à la violence
« En mars dernier, un groupe armé de Boko Haram est arrivé dans la nuit, sur des motos : ils ont commencé à tirer et à tuer des gens, ont pris notre bétail et nos biens et se sont enfuis en brûlant le village. Nous avons dû fuir en urgence ; les seules choses que j'ai pu récupérer sont une carte et une marmite. », explique Almara, mère de 7 enfants.
Almara s'est échappée avec sa famille et quelques personnes de son village. « Nous avons marché pendant 20 jours dans la brousse avant d'arriver au camp. C'était un voyage douloureux, sous le signe de la peur, de la faim et de la soif. », dit-elle.
Lorsqu'ils sont arrivés dans cette région de l'extrême Nord, proche de la frontière nigériane, ils ont été accueillis par les communautés locales, elles-mêmes très pauvres.
« Nous avons dû vendre une partie de notre bétail aux communautés locales pour acheter de la nourriture. Le plus difficile fût d'obtenir de l'eau potable. Parfois, nous devions rester toute une journée sans une goutte d'eau et une majorité de notre élevage a péri. », raconte Alassane, le beau-père d'Almara.
Au Cameroun, on compte environ 96 000 personnes touchées par l'insurrection de Boko Haram. La plupart d'entre elles ont dû fuir leur village et se regrouper dans des camps dispersés dans tout le pays.
La situation d'urgence des populations
Lors de l'attaque, Almara et ses 7 enfants ont été témoins de scènes très violentes : certains de leurs proches ont été tués sous leurs yeux. Suite à la violence de l'attaque, les enfants d'Almara continuent à faire de terribles cauchemars et de nombreux adultes de leur village sont traumatisés.
« Mes enfants sont en mesure de jouer avec d'autres enfants du camp, mais dès qu'ils voient un étranger, ils s'enfuient en pleurant. Encore maintenant, il y a une femme dans notre camp qui court et se cache dans les buissons à chaque fois qu'elle entend le bruit d'une moto. », témoigne Almara.
Les conséquences psychologiques liées à cette situation s'ajoutent aux nombreux problèmes rencontrés dans les camps. Dans cette région sahélienne du Cameroun en particulier, la pénurie de ressources fait partie du quotidien : les points d'eau sont rares et bondés, l'accès aux terres cultivables est limité et les stocks de nourriture difficiles à gérer. De plus, il existe des risques de conflits entre les communautés locales existantes et les réfugiés qui ont récemment rejoint cet environnement déjà fragile.
Les actions de Plan International
Les difficultés des ONG à identifier et à accéder à ces camps, ainsi que la faible mobilisation internationale font de ces victimes, et en particulier les enfants, l'un des groupes cibles prioritaires de Plan International.
Dans le simple camp de Minawao, actuellement au maximum de sa capacité, on compte près de 40 000 réfugiés, dont 5 150 arrivées rien que pour le mois de Mai.
Face au nombre croissant d'arrivants, Plan International au Cameroun a mis en place plusieurs projets, touchant successivement les commodités en lien direct avec l'hygiène, l'alimentation, le logement, ou encore l'éducation. En ce qui concerne les mises en place pour l'hygiène, 73 latrines et 230 poubelles ont été installées dans le camp. 20 000 savons ont également été distribués.
Parallèlement, des réservoirs d'eau ont été implantés, et des ustensiles de cuisine distribués afin de résoudre les problématiques liées à l'alimentation. Et afin que la population sur place puisse bénéficier d'un confort minimum, 6000 couvertures, ainsi que 4000 moustiquaires ont été données. Le logement est également une question importante pour ces réfugiés qui ont dû quitter leurs maisons. Ainsi, et afin que chacun puisse se loger, des bâches ont été distribuées et des tentes installées.
Enfin, pour que les enfants qui ont été obligés de fuir avec leurs parents ne soient pas coupés du système scolaire, 62 professeurs de primaire ont été dépêchés sur place.
Plan s'attache ainsi à recréer des conditions de vie descentes, dans un contexte politique et social préoccupant.
Présent au Cameroun depuis 1996, Plan International y développe des projets d'aide aux communautés et aux enfants réfugiés. Les équipes locales interviennent pour apporter un soutien psychologique aux victimes, pour subvenir à leurs besoins vitaux et pour apporter protection et éducation aux enfants. Des écoles, des centres de santé et des points d'eau sont construits dans les camps pour soulager les familles, en attendant que celles-ci puissent retrouver leurs villages.