Depuis quelques semaines, le Burundi, petit pays de la région des Grands Lacs en Afrique centrale, est plongé dans la tourmente suite aux coups d'éclats d'un groupe de jeunes armés, partisans de la candidature à un 3ème mandat de l'actuel président, Pierre Nkurunziza, qui se sont déchaînés contre les opposants.
Le Burundi est sorti en 2006 de 13 ans de guerre civile et son climat politique reste houleux devant les urnes. Il semblerait qu'aujourd'hui la situation soit hors de contrôle : plus de 25 000 Burundais ont dû fuir leur pays pour rejoindre le Rwanda. 60% d'entre eux sont des enfants.
Un flot de réfugiés en constante augmentation
Au Rwanda, comme la plupart des camps de réfugiés installés dans le pays, le camp de Mahama accueille plus de 1 200 personnes chaque jour. Cette surpopulation dans les camps aggrave chaque jour les conditions dans lesquelles vivent les réfugiés. La grande promiscuité des réfugiés a des conséquences désastreuses sur la sécurité, l'accès à l'hygiène, à l'eau potable et à la nourriture et les risques d'épidémies de paludisme sont en hausse.
Les conditions de vie des réfugiés Burundais dans les autres camps d'Afrique Centrale sont semblables à ceux du Rwanda, particulièrement en République du Congo et en Tanzanie, où plus de 100 000 Burundais sont arrivés depuis le début des conflits.
Plus des deux tiers des réfugiés sont des femmes et des enfants, souvent non accompagnés ; ils ont fui avec pour seuls vêtements ceux qu'ils portent et ne possèdent presque pas d'argent. Ces populations sont particulièrement vulnérables et sont souvent victimes de violences et d'abus sexuels.
En outre, les filles et les adolescentes, déscolarisées et fragiles, sont souvent victimes de grossesses précoces et les conditions d'hygiène étant déplorables (1 douche pour 100 personnes et 1 WC pour 300 personnes dans le camp de Nyanza), leurs vies se compliquent terriblement.
« Avoir ses menstruations est un cauchemar car nous ne disposons pas de serviettes hygiéniques » explique Euphrasie, une réfugiée burundaise, responsable du comité des femmes du camp. « A cause de la malnutrition, les jeunes mamans ne produisent pas assez de lait, elles dorment dans des abris de fortune avec leurs bébés et cela va empirer avec l'arrivée de la saison des pluies en mai. »
Les actions de Plan International pour venir en aide aux réfugiés
Judith Mukeshimana, responsable de la Coordination des projets de Protection pour Plan International au Rwanda, travaille dans le camp de Mahama.
« Je suis déterminée à apporter des changements positifs dans la vie des réfugiés burundais, en particulier les enfants. C'est un nouveau défi pour moi, mais je suis impatiente de voir les résultats », explique Judith.
Avec les autres membres de l'équipe, Judith gère les nouveaux arrivants, leur trouve des places dans les tentes et s'assure qu'ils ont accès à tous les services indispensables. Judith identifie également les enfants isolés, fait en sorte qu'ils aient accès à 2 repas par jour et organise pour eux des activités récréatives en plus, bien sûr, d'actions de sensibilisation aux risques de violences et d'abus sexuels.
« Plan International s'efforce également d'apporter un soutien psychologique aux enfants puisqu'ils sont nombreux à avoir perdu des proches et à avoir vécu des événements traumatisants » précise le directeur régional de Plan International pour l'Afrique orientale et australe, Roland Angerer.
Un travail énorme quand on sait que le camp de Mahama est en capacité d'accueillir 50 000 réfugiés.
Cependant, Judith explique « C'est très difficile pour moi de voir une femme donner le bain à son bébé dans une marmite qui servira ensuite à préparer le repas. Mais quand je rédige mon rapport quotidien et que je prends conscience de ce que nous apportons aux réfugiés, notamment aux enfants, je trouve la force de faire face aux nouvelles difficultés à venir. »
Malgré la forte proportion d'enfants touchés par la situation, les enfants parrainés par Plan International et leurs familles ne sont pas affectés.