Le travail infantile, bien qu’interdit dans la majorité des pays, est pour beaucoup de familles en situation d’extrême pauvreté le seul moyen de subvenir à leurs besoins.
Ainsi, 116 millions de filles de 5 à 17 ans sont victimes du travail infantile dans le monde (Observatoire des inégalités, 2014). Parmi elles, nombreuses sont les travailleuses domestiques : 11,3 millions, soit 67,1 % des enfants travailleurs domestiques en 2014, seraient des filles âgées de 5 à 17 ans, selon l’Organisation internationale du travail.
La pauvreté est une des premières causes. Faute de moyens pour scolariser leurs enfants, ou pour obtenir un revenu supplémentaire, certaines familles, souvent dans les zones rurales, envoient leurs filles en ville, seules, pour travailler, ignorant les conditions réelles auxquelles elles sont confrontées.
Les discriminations que subissent les filles dans le monde viennent aggraver le phénomène du travail infantile. Dans beaucoup de pays en développement, le rôle d’une fille n’est pas d’aller à l’école mais plutôt de travailler afin de subvenir aux besoins de sa famille. Certains pensent même que l’apprentissage des tâches domestiques apporte la forme d’instruction nécessaire à leur vie de femme.
Le manque ou la méconnaissance de la législation sur le travail infantile facilite l’exploitation des enfants. C’est le cas par exemple en Inde où les parents ne connaissent pas l’impact du travail sur la santé de leurs enfants et l’importance de l’éducation. Les crises et catastrophes facilitent également la transgression des législations en vigueur.
Le travail infantile a des conséquences dévastatrices sur les filles : déscolarisées, victimes de violences physiques, psychiques et sexuelles, les filles sont aussi exposées à des risques pour leur santé (transport de charges, produits toxiques, VIH/Sida…).
Le travail, véritable barrière à l’éducation des filles
Malgré une baisse d’un tiers du nombre d’enfants travailleurs dans le monde depuis les années 2000, de nombreux efforts restent à fournir en matière de lutte contre le travail infantile. Lorsque les filles sont forcées de travailler toute la journée voire la nuit, elles ne peuvent pas aller à l’école. Le travail est une réelle barrière à l’éducation des filles. Les tâches domestiques s’ajoutent souvent aux nombreux freins à l’éducation que subissent déjà les filles (discrimination de genre, violences…).
En poussant leurs filles à travailler, les familles privilégient les sources de revenus qu’elles représentent sur le moment afin de lutter contre la pauvreté dans l’immédiat. Elles oublient alors que la scolarisation des filles pendant 9 ans entraîne un cycle vertueux ; leur scolarisation entraîne entre autre une amélioration de 15% en moyenne de leurs revenus et permet de leur offrir une chance d’avoir un avenir meilleur.
C’est dans cette optique que Plan International intervient au quotidien contre le travail infantile. Pour cela, nous travaillons sur des campagnes :
- de prévention (combat contre le poids des traditions, sensibilisation aux violences subies,…)
- d’intervention (information des exploiteurs sur la législation en place, mise en place système épargne et crédit, plaidoyer auprès des autorités publiques)
- de réinsertion (réinsertion d’anciennes travailleuses dans le système éducatif)
Au Népal, le phénomène des Kamalaris
Au Népal, le terme « Kamalari » désigne les filles appartenant à la communauté indigène des Tharus, qui travaillent en tant que domestiques dans des conditions comparables à celles de l’asservissement.
Alors que le contrat de travail d'une Kamalari est généralement fixé à une durée d’un an, la plupart des filles travaillent de nombreuses années : vendues par leurs propres parents et déscolarisées, elles n'ont nulle part d'autre où aller et restent dans la famille dans laquelle elles travaillent.
Les tâches des Kamalaris incluent le ménage, la lessive, la vaisselle, la cuisine, les courses, la prise en charge des enfants et des animaux et le travail dans les fermes. Les filles ne sont pas rétribuées, alors que leurs familles reçoivent une douzaine d’euros par an. De plus, les Kamalaris sont souvent victimes de violences psychologiques, physiques et sexuelles, et n’accèdent pas à leurs droits à l’éducation, à la protection et à la santé.