L'histoire des Kamalaris
Le terme « Kamalaris », au Népal, désigne les filles appartenant à la communauté indigène des Tharus, qui travaillent en tant que domestiques dans des conditions comparables à celles de l’asservissement.
Le système des Kamalaris prend racine dans celui de la servitude pour dettes, forme d'asservissement qu'endure le peuple Tharus depuis le 17ème siècle.
A l’époque, le système prévoyait que les propriétaires terriens puissent faire des prêts aux paysans, et qu’en contrepartie, les paysans travaillent leurs terres et leur donnent la majorité de leurs revenus.
Les paysans ne pouvant rembourser leurs dettes faute de revenus insuffisants, le cercle vicieux s’installa dans ce peuple et se transmis de génération en génération.
Les familles asservies et endettées, que l’on appelle les Kamaiya, commencèrent alors à vendre leurs filles en tant que Kamalaris aux propriétaires terriens.
Alors que le contrat de travail d'une Kamalari est généralement fixé à une durée d’un an, la plupart des filles travaillent de nombreuses années : vendues par leur propres parents et déscolarisées, elles n'ont nulle part d'autre où aller et restent dans la famille dans laquelle elles travaillent.
Les tâches des Kamalaris incluent le ménage, la lessive, la vaisselle, la cuisine, les courses, la prise en charge des enfants et des animaux et le travail dans les fermes. Les filles ne sont pas rétribuées, alors que leur famille reçoivent une douzaine d’euros par an. De plus, les Kamalaris sont souvent sujettes aux violences psychologiques, physiques et sexuelles, et n’accèdent pas à leurs droits à l’éducation, à la protection et à la santé.
La campagne de Plan International pour libérer les Kamalaris
Le gouvernement Népalais déclara illégale la servitude pour dettes en 2000, annula les dettes des familles Kamaiya en 2002 puis les relogea et leur donna des petits terrains à exploiter. Le système Kamaiya a été largement désamorcé depuis, mais l'exploitation des Kamalaris resta longtemps dans l’ombre.
Ce n’est qu’en 2006 que le gouvernement Népalais déclara illégal l’emploi de Kamalaris, et bien qu'aujourd'hui leur nombre soit estimé à 10 000 à 12 000,ce chiffre aurait énormément baissé depuis le vote de cette loi et les actions conjointes des ONG, dont Plan International.
Les moyens d’actions de Plan International pour lutter contre ce phénomène se concentrent notamment sur de la prévention auprès des familles, pour qu’elles ne vendent pas leurs filles, et la libération des Kamalaris encore asservies : plus de 3 700 d’entre elles ont été délivrées par les équipes locales de Plan International.
Une fois libérées, elles sont assistées par les équipes locales dans leur recherche d'emploi, de scolarisation ou de financement. Des maisons spécialisées, comme la Lawa Juni (« Nouvelle vie »), ont été construites pour accueillir celles qui n’avaient nulle part où aller ; ces anciennes Kamalaris y reçoivent des soins, du soutien et sont scolarisées.
Enfin, Plan International récompense les familles qui renoncent à cette pratique en les soutenant financièrement via des microcrédits et en offrant les frais scolaires à leurs filles.
Grâce à la coopération des organisations locales, Plan International a aussi créé de nombreux groupes d’enfants et de comités de protection de l’enfance. Ceux-ci participent à la lutte par des actions de sensibilisation menées dans les communautés, via le théâtre de rue, la radio, des posters et des événements.
Un groupe d’anciennes Kamalaris a créé l’association « Forum pour la liberté des Kamalaris », dirigée par Urmila Chaudhary, victime à 6 ans de cet asservissement et ce pendant 12 années. Soutenue par Plan International, l’association milite pour la libération des Kamalaris, sensibilise la population sur la cause, fait pression sur les propriétaires des filles pour qu’ils se conforment à la loi, et vient en aide aux rescapées.
Découvrez le témoignage et les actions d'Urmila Chaudhary en vidéo ici.
La campagne de longue haleine qu’a menée Plan International a permis de changer les attitudes et, aujourd’hui, la majorité des Tharus sont contre la tradition des Kamalaris.