Lors de la 60ème Commission de la condition de la femme (CSW) le mois dernier, Plan International a mené des actions de plaidoyer auprès des Nations Unies pour dénoncer le phénomène des «enfants fantômes», et plus particulièrement celui des filles invisibles. Dans l'objectif de défendre efficacement les droits des filles et des femmes, nous appelons la communauté internationale à l’optimisation des systèmes de récupération des statistiques afin de baser nos actions sur des données fiables.
Des données statistiques pour protéger les filles
Dans de nombreux pays en développement, les filles n’ont pas de voix et sont trop souvent exclues de la société. Invisibles dans leur communauté, c’est leur pays tout entier qui ne les prend pas en compte dans leurs statistiques et données, pourtant utilisées dans la mise en place des politiques.
Non enregistrées à la naissance et non prises en compte dans les décisions, ces « filles invisibles » passent aussi inaperçu dans les statistiques liées aux discriminations et pratiques néfastes qu’elles subissent (marginalisation, excision, mariages et grossesses précoces, violences, etc).
Les actions pour défendre leurs droits, basées sur ces statistiques et mises en place par les gouvernements et les ONG telles que Plan International, voient ainsi leur efficacité pénalisée par ces données incomplètes.
Notre appel
C’est pourquoi lors de la CSW, Plan International a appelé la communauté internationale à la prise en compte de la voix des « filles invisibles » et à l’optimisation des systèmes d’information des pays, afin d’améliorer les statistiques liées à leur conditions de vies et ainsi les résoudre plus efficacement.
La réalité de la vie des filles nous est souvent cachée
« La réalité de la vie des filles nous est souvent cachée » explique Anne-Birgitte Albrectsen, Directrice générale de Plan International, « c’est pourquoi, avant même de mettre en place les actions qui permettront de réaliser les objectifs de développement durables (ODD) fixés l’année dernière, il est vital que les gouvernements et les autorités des pays en développement mettent en place les systèmes d’information nécessaires à la bonne réception de toutes les données concernant les aspects critiques de la vie des filles dans ces pays. »
A l’occasion de la CSW du 14 au 24 mars 2016, Anne-Birgitte Albrectsen était accompagnée de 8 jeunes ambassadeurs de Plan International afin de donner une voix à la jeunesse d’aujourd’hui et d’inciter les décideurs à s’engager à une meilleure prise en compte des « filles invisibles » dans les statistiques mondiales, notamment par la mise en avant de l’enregistrement des naissances.
Témoignage de 2 jeunes ambassadeurs
Berryl, 19 ans, Kenya
« J’ai été à l’école pendant 15 ans, aujourd’hui je suis une formation d’éducation pour la petite enfance et j’espère un jour devenir infirmière.
J’ai décidé de m’engager pour la défense des droits des filles car je pense qu’elles devraient avoir une voix égale à l’homme sur les décisions qui les concernent directement.
J’interviens dans les communautés et en particulier auprès des minorités pour parler de l’exploitation sexuelle des enfants.
Les violences sexuelles sont un véritable problème dans ma communauté. Les abus et les violences sont présents dans les écoles, et sont souvent commis par nos propres professeurs. Mes amies m’ont raconté comment les professeurs font pour avoir des relations sexuelles avec les élèves, elles ne peuvent dire non car sinon elles sont punies.
Je veux pouvoir changer ma vie, celle de ma famille et de ma communauté. Pour cela je dois accéder à un travail décent et continuer de m’engager dans la lutte pour les droits des enfants et des filles.»
Athuman, 26 ans, Tanzanie
« Je suis militant pour les droits des filles et co-fondateur du projet « Youth for change » en Tanzanie, qui réunis plusieurs jeunes pour lutter contre les discriminations faites aux filles.
Je suis né et j’ai grandi dans une communauté du nord de la Tanzanie où la pratique de l’excision est courante. Je connais de nombreuses familles qui pratiquent l’excision au nom de la tradition.
Après avoir fait mes études de droit et appris les impacts négatifs de cette pratique, nous avons décidé avec des amis de créer ce projet.
Notre groupe vient de lancer une campagne nationale pour que l’âge légal du mariage soit fixé à 18 ans aussi bien pour les filles que les garçons.
Nous travaillons aussi auprès des filles pour qu’elles aient de meilleures connaissances de leurs droits, et qu’elles sachent comment réagir, où aller et à qui parler si elles ont un problème.
Nous avons enfin sensibilisé des communautés sur les pratiques traditionnelles néfastes, en travaillant autant avec les filles, les jeunes, qu’avec les parents et les preneurs de décisions. »