Le lundi 9 octobre, dans le cadre de la Journée internationale des filles, la fondation Plan International France a invité une délégation de 3 jeunes militantes à se rendre au Ministère des affaires étrangères pour y partager leur engagement et leurs recommandations en matière d’engagement des jeunes et d’égalité filles-garçons.

Cet échange a permis de nourrir la réflexion du Ministère, au moment où s’élabore la future stratégie genre et développement pour 2018-2022.

Aissata (Mali), Maire-Augustine (Sénégal) et Stefanny (membre du Plan des Jeunes, le conseil consultatif de Plan International France) ont rencontré des interlocuteurs de la direction générale de la mondialisation, de la culture, de l’enseignement et du développement international au sein du Ministère.

Lors de cette rencontre, les 3 jeunes femmes ont pu partager leurs expériences en tant qu’activistes, expliquer la réalité à laquelle elles font face dans leurs pays et partager leurs demandes auprès de leurs interlocuteurs.

Le mariage d’enfant, les grossesses précoces et l’insécurité restent un frein pour l’accès des filles à l’éducation

Aissata et Marie-Augustine ont toutes les deux rappelé qu’au Mali comme au Sénégal, les mariages d’enfants et les grossesses précoces touchent beaucoup de filles et de jeunes femmes et restent des freins importants à l’éducation. Marie-Augustine a souligné que le mariage précoce persiste au Sénégal malgré les lois mises en place pour empêcher ce phénomène. Elle déplore le fait que le code de l’enfant au Sénégal, écrit depuis 2013, n’ait toujours pas été mis en place.

Elle a aussi souligné les grandes disparités entre les moyennes nationales et la réalité de certaines régions : le taux de décrochage scolaire des filles en fin de primaire peut atteindre 30 % pour les jeunes filles de certaines régions, tandis que la moyenne nationale est de 8 %. Elle explique que ce phénomène est récurrent dans les régions où de nombreux enfants et notamment les filles n’ont pas d’état civil à leur naissance, ce qui les empêche de s’inscrire dans le secondaire, l’éducation n’étant obligatoire pour tous que jusqu’en primaire.

Elles ont rappelé que la sécurité sur le chemin de l’école doit aussi être une priorité lorsqu’on parle d’accès à l’éducation. Aissata a notamment alerté le ministère sur le fait que 500 enfants n’ont pas pu faire leur rentrée hier, au nord du Mali, à cause de l’insécurité qui règne. Les filles sont aussi souvent celles que les parents refusent d’envoyer à l’école s’ils jugent la situation trop dangereuse.

« Les filles ne manquent pas de volonté, elles manquent d’accompagnement »

Selon Aissata et Marie-Augustine, il faut encourager et développer des processus de mentoring et d’accompagnement des filles et des jeunes femmes, à l’instar des programmes mis en place par Plan International et dont elles ont bénéficié.

 « Les bénéficiaires des programmes doivent aussi en être les actrices et les acteurs »

Elles en appellent aussi à changer l’approche sous-jacente à la plupart des programmes de développement en soulignant que les jeunes bénéficiaires de ces programmes doivent en être des parties-prenantes depuis leur phase de construction jusqu’à leur mise en œuvre.

Stefanny, quant à elle, a souligné que l’engagement des jeunes dans nos pays, comme en France, doit être renforcé et soutenu car nous pouvons tous à notre échelle participer et soutenir les programmes de solidarité internationale.

Les interlocuteurs du Ministère ont pris bonne note des différentes suggestions formulées par les jeunes activistes, qui viennent nourrir et « donner du poids » à sa vision. Le ministère souligne l’importance de ce type de rencontres pour mieux comprendre les réalités et les besoins des pays de la coopération française et « valider les options » prises au niveau macro. Il reconnaît l’importance de renforcer la capacité des filles à résister aux pressions sociales et à s’affirmer.

L’approche de Plan International visant à renforcer et mettre en avant le potentiel et les capacités de leadership des filles a été saluée. Le Ministère envisage d’y contribuer à travers la mise en place d’initiatives de mentoring au sein de son réseau diplomatique. Il s’inspirera plus largement des témoignages des trois jeunes femmes dans ses stratégies de développement.

 

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