Je suis devenue couturière alors que j’étais enfant-soldat !

Fin 2013, des mouvements de rébellion éclatent en République Centrafricaine causant la mort de milliers de personnes et la dislocation de centaines de familles. Les enfants, et les filles, enrôlé.e.s dans les groupes armés de gré ou de force, sont les premières victimes. C’est pourquoi l’ONG Plan International aide des centaines d’anciens enfants-soldats à retrouver une vie normale et à s’en sortir. Découvrez le témoignage de Rosalie, 16 ans, maintenant couturière.

JE SUIS DEVENUE ENFANT-SOLDAT À 13 ANS

« J’avais 13 ans, j’étais vendeuse pour ma mère quand la guerre a éclaté dans notre village. Les rebelles ont tué beaucoup de personnes dont mon père.

Quand les groupes d’auto-défense se sont formés, j’ai intégré l’un d’entre eux à Bouca (à 285 km de la capitale Bangui) pour venger la mort de mon père. Mon frère, mes deux sœurs et moi avons intégré successivement deux groupes armés et nous avons combattu jusqu’à Bangui. Dans le groupe, certaines filles et moi étions chargées de préparer de la nourriture et de faire la lessive pour les autres combattants et les chefs.

J’ai passé plusieurs mois dans des groupes successifs avant d’arriver dans la capitale. Heureusement, je n’ai pas subi d’abus de la part des autres combattants, car notre chef était très strict sur ça. Il avait menacé de sanctionner sévèrement les coupables et tout le monde a eu peur.

« Je conseille à toutes les filles d’arrêter d’être manipulées et de penser à leur avenir. » 

Arrivés à Bangui, nous avons été cantonnés chez notre Général. Mais notre situation devenait très précaire. Il était de plus en plus difficile de trouver de la nourriture.

Nous étions loin de notre village, nous étions de plus en plus livrés à nous même dans la grande ville, sans ressources et loin de nos familles. Alors, j’ai décidé de travailler comme domestique chez une femme qui a promis de m’inscrire à l’école. Cette femme a réussi à négocier avec le chef pour qu’il me libère. Avant de me lâcher, il m’a conseillé d’être sage avec ma nouvelle maman et de profiter de cette occasion.

UN NOUVEAU MÉTIER ET UNE NOUVELLE VIE

J’ai continué à fréquenter mes anciens collègues combattants. Grâce à eux, j’ai eu la chance de découvrir une association qui travaille avec l’ONG Plan International qui cherchait à recenser les anciens enfants soldats pour les aider à retrouver une vie normale. Grâce à cette rencontre, j’ai bénéficié d’une formation en couture, ils se sont beaucoup occupés de moi et de mes amis. Je travaille maintenant dans un atelier comme aide-tailleur.

La couture rapporte beaucoup. J’espère gagner de l’argent pour m’occuper de ma mère au village et de mes frères et sœurs qui sont abandonnés à eux-mêmes ici dans la capitale et qui n’ont pas eu la même chance que moi.

Je conseille à toutes les filles d’arrêter d’être manipulées et de penser à leur avenir pour devenir des femmes libres et autonomes. Car elles ne vont rien gagner après les combats si ce n’est que de la désolation. Nous pouvons nous occuper de nos parents. Certaines ont perdu leurs pères au cours de cette crise et leurs mères s’occupent d’elles. Elles doivent réussir et gagner leur vie pour aider leurs mères, plutôt que d’être des enfants-soldats. »

Grâce au projet visant à rétablir les services sociaux de base dans le secteur de l’éducation et de la protection des enfants affectés par la guerre en République Centrafricaine, financé par l’Union Européenne, l’ONG Plan International, en partenariat avec une ONG locale, est en train de changer la vie de centaines d’enfants comme Rosalie.

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