Plan International salue la décision de la cour de justice tanzanienne de déclarer anticonstitutionnel le mariage des mineur·e·s. Une grande avancée pour les droits des filles et dans la lutte contre les mariages d’enfants, dans un pays où 2 filles sur 5 sont mariées avant leur 18 ans.

4 ans de combat

En 2016, Rebeca Gyumi, militante contre le mariage précoce en Tanzanie, dépose une requête auprès de la Haute Cour, demandant au gouvernement tanzanien de modifier la loi de 1971 sur le mariage permettant aux filles et aux garçons de se marier à partir de 14 ans. Elle appelle alors à ce que tous les mariages d’enfants âgés de moins de 18 ans soient considérés comme illégaux et anticonstitutionnels. La Haute Cour accepte de relever l’âge minimum du mariage à 18 ans, c’est un jugement historique. 
Cependant, dans un geste très contesté, le gouvernement a fait appel de la décision de la Haute Cour, notamment pour maintenir l’âge légal du mariage des filles à 14 ans. 

C’est mercredi 23 octobre 2019 que la Cour Suprême tanzanienne a tranché et confirmé le jugement rendu par la Haute Cour en 2016. Les mariages d’enfants sont dorénavant considérés comme anticonstitutionnels.  

« Cette décision marque un progrès important dans la protection des filles en Tanzanie. Il souligne la position du pays dans le respect de ses obligations nationales et internationales », déclare Rebeca Gyumi. En 2018, elle a gagné le prix international des droits humains de l’ONU, pour cette campagne contre le mariage d’enfants en Tanzanie, à laquelle l’ONG Plan International a grandement collaboré.

« Cela signifie qu’aujourd’hui les filles de Tanzanie, et celles qui naitrons demain, peuvent et pourront rêver, libérer leur potentiel, sans être discriminées en raison de leur sexe. Le gouvernement doit maintenant s’acquitter de son obligation en appliquant la décision de la cour et en modifiant la loi », poursuit Rebeca Gyumi. 

Le mariage précoce, un fléau en Tanzanie

« Quand j’étais au lycée, je suis tombée enceinte. Ma famille m’a obligée à me marier avec mon petit-ami. Peu après le mariage, il s’est enfui. J’ai dû élever ma fille seule. Je suis triste de ne pas avoir pu terminer le lycée. Je ne veux pas voir d’autres filles souffrir comme j’ai souffert. Je ne veux pas que d’autres filles abandonnent l’école à cause d’un mariage forcé », confie Béatrice, 19 ans. 

Selon une enquête démographique tanzanienne menée en 2015 et 2016, deux filles sur cinq sont mariées avant leur 18 ans, le taux de prévalence de la pratique est de 37 %. 
En 2018, l’Unicef classe la Tanzanie comme le 11e pays du monde où le nombre de mariages d’enfants est le plus élevé.

Pourtant, le mariage d’enfants constitue une violation des droits humains, particulièrement pour les filles : 

« Le mariage précoce a un impact négatif sur la vie des filles. Cela les prive non seulement de leurs droits, mais aussi de leur enfance. Une fille mariée avant l’âge de 18 ans est plus susceptible d’abandonner ses études, de devenir mère, de mourir des suites de complications au cours de sa grossesse et de son accouchement. Piégée dans une vie marquée par la pauvreté, elle est également plus susceptible de faire face à la violence domestique et sexuelle », explique Mona Girgis, directrice de Plan International Tanzanie.

« C’est un jour historique pour les droits des filles en Tanzanie, où le taux mariage d’enfants est l’un des plus élevés au monde. Des générations de filles ont perdu leur avenir à cause de ce fléau », ajoute-t-elle.

Plan International en Tanzanie est membre actif du réseau Tanzania Ending Child Marriage. Nous agissons avec nos partenaires afin de donner aux filles et aux communautés les moyens de lutter contre les normes sociales qui contribuent au mariage d’enfants

Nous travaillons également à renforcer les systèmes de protection de l’enfance, l’autonomisation économique des jeunes femmes et la sécurité économique des ménages.

« Plan International poursuivra ses actions, avec le gouvernement, les organisations de la société civile, les communautés et les filles tanzaniennes, pour faire évoluer les perceptions, les normes sociales et les attitudes favorisant le mariage des enfants en Tanzanie », déclare Mona Girgis

« Ce jugement est une très bonne nouvelle pour des milliers de jeunes filles tanzaniennes. Il faut maintenant accompagner cette décision pour s’assurer que la loi s’applique partout en Tanzanie. Et que les enfants, leurs parents et les chefs coutumiers empêchent de nouveaux mariages », conclut Yvan Savy, directeur de Plan International France.

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