En France, à Paris, près de 60 % de femmes se sentent en insécurité. Comme presque partout dans le monde en ville, les femmes se sentent trop peu souvent en sécurité quand elles se promènent dans la rue. Harcèlement, sentiment d’insécurité, agressions sexuelles…, les villes concentrent tous les dangers. Comme l’amie de Faridah, 17 ans, qui a été violée et assassinée sous ses yeux dans une ruelle de Kampala en Ouganda en se rendant au travail.
Pour lutter contre ces violences à l’encontre des femmes, Plan International a lancé « Free To Be » : un site Internet où ce sont les femmes qui peuvent faire la différence en plaçant sur une carte les quartiers de leur ville où elles se sentent en insécurité. 

Recenser en temps réel les violences faites aux femmes dans les villes

Faridah, 17 ans, dans sa ville de Kampala

« Mon chemin est composé de canaux et de tunnels sombres où je ne vois pas à plus de 20 mètres devant moi. C’est là où les toxicomanes attaquent les passants. Ils me chahutent et me touchent partout où je ne veux pas. Il y a de ça plusieurs semaines, on a trouvé le corps d’une femme qui avait été agressée à quelques mètres de ma maison. Il y a un an, quand j’étais enceinte de 4 mois, je marchais dans la rue avec une amie quand un gang nous a soudainement agressées.  Par chance, j’ai pu m’échapper, mais pas mon amie. Elle a été violée et assassinée dans cette ruelle. Je peux encore entendre ses cris qui résonnent dans ma tête. » Faridah, 17 ans, Kampala, Ouganda

Pour lutter contre les violences faites aux femmes dans la rue, Plan International a lancé « Free to be », une carte interactive gratuite et simple d’utilisation qui permet aux jeunes femmes d’identifier et de partager les lieux dans la ville où elles se sentent mal à l’aise et où elles ont peur, mais aussi ceux où elles se sentent en sécurité. 

Le site est pour l’instant disponible à Dehli (Inde), Lima (Pérou), Kampala (Ouganda), mais aussi à Madrid (Espagne) et à Sydney (Australie). Il permet à toutes de dénoncer et de témoigner des expériences dangereuses qu’elles ont vécues en les associant à un point de la carte, marqué par une punaise de couleur : violette si elles se sentent en sécurité, orange si elles se sentent menacées. Elles peuvent aussi indiquer le moment de la journée et laisser un commentaire, pour détailler leur expérience. 
Les milliers de contributions reçues permettent d’identifier géographiquement les espaces où il faut travailler à améliorer la sécurité, mais aussi les quartiers où les femmes peuvent se rendre l’esprit plus tranquille. 

Le nombre de signalements associé à un lieu sur la carte permet de visualiser rapidement où se concentre l’insécurité pour les filles.

« Je suis souvent victime de harcèlement de la part des chauffeurs, ils me forcent à les tenir par les hanches quand je suis sur leur moto. Si je refuse, ils abusent de moi et après disent à leurs amis de m’insulter. Quand je commence tôt le matin, je passe par des endroits pauvres et désaffectés, je croise des voleurs qui me poursuivent. Je dois alors me mettre à crier pour demander de l’aide. La plupart du temps personne ne vient m’aider » témoigne Olivia, 17 ans, de Kampala en Ouganda. 

« Tout le monde a une voix et des sentiments qui sont importants. » 

« Free to Be » a été développé en collaboration avec la start-up Crowdspot et les étudiants du XYX Lab de la Monash University de Sydney et, surtout, avec des jeunes femmes.

Carly, 16 ans, est une des ambassadrices du projet. Elle a partagé sa propre expérience pour la conception du site, et témoigne des avances sexuelles non-désirées dont elle a été victime dans les rues de Sydney en Australie :

Carly, 16 ans, en réunion avec les équipes de Plan International pendant la conception de « Free to Be ».

« Nous nous promenions dans Church Street avec une amie quand cet homme, d’environ 20 ans, m’a attrapé les fesses. Je me suis retourné et je lui ai crié dessus mais il a juste pris ce ‘‘non »  pour un  »oui » », raconte Carly. 
« Il n’a arrêté que quand je lui ai dit que j’avais 16 ans, mais même là il m’a dit que c’était de ma faute car  » j’avais l’air plus âgée ». » Elle espère que le site pourra redonner confiance aux filles et aux femmes. 
« Tout le monde a une voix et des sentiments qui sont importants. Heureusement maintenant nous pouvons faire remonter ces expériences aux politiques pour faire changer les choses. »

Pour un espace public où les femmes peuvent se déplacer librement

De plus en plus de filles et de femmes viennent habiter en ville et doivent pouvoir y trouver un espace public sûr, où pouvoir se déplacer et s’exprimer sans être menacées. 
D’ici 2030, ce sont 700 millions de filles qui devraient habiter en zone urbaine.  

Pour répondre à ce challenge, Plan International travaille à travers le monde pour rendre les villes plus sûres et inclusives.  Delhi, Lima et Kampala, font ainsi partie de ce projet. Notre ONG travaille avec les communautés pour transformer les quartiers dangereux en lieux sûrs où les filles sont respectées, peuvent aller à l’école ou au travail sans crainte.

« À travers le monde, les filles et les femmes ne se sentent pas en sécurité dans leur propre ville, pourtant elles ne sont pas écoutées dans les décisions qui impactent leur sécurité » explique Alex Munive, responsable global des thématiques de genre et d’inclusion chez Plan International. « Free to Be » sera un nouvel outil, facile d’accès, pour faire entendre la voix des femmes sur ces questions.  

Plan International a lancé des sessions pour apprendre aux filles à se servir de ce site et les encourager à témoigner. 

A Delhi, Plan International organise des formations pour apprendre aux filles à se servir du site.

En quelques mois, les phases de test ont été un succès et ont permis de recueillir des milliers de témoignages à travers le monde.
À Melbourne en Australie, plus de 10 000 personnes ont visité le site, et ont pu « épingler » les lieux qu’elles aiment, évitent, qui sont sûrs ou dangereux. 
Les données et les histoires collectées sur le site « Free To Be » restent bien sûr anonymes, elles seront analysées et utilisées par Plan International pour s’assurer que la sécurité des jeunes femmes est une priorité pour les décideurs politiques dans la conception d’espaces et de services publiques.

 

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