Aujourd’hui plus de 200 millions de filles dans le monde ont survécu à une excision. Cette pratique néfaste a des conséquences graves sur la vie des filles. Nour et Rania, deux jeunes filles vivant en Egypte, parlent de leur lutte contre les mutilations génitales féminines.

UN PROGRAMME POUR LUTTER CONTRE L’EXCISION 

En Egypte, pays d’origine de Nour, il est très rare pour les adolescentes de parler de sujets tels que les mutilations génitales féminines (MGF), le mariage ou encore l’éducation avec leurs pères. Mais Nour, qui se décrit comme « audacieuse », s’est servi de son expérience pour convaincre son père de ne pas soumettre ses jeunes sœurs aux mutilations génitales, après lui avoir expliqué comment cette procédure avait affecté sa vie.

Nour a trouvé le courage de prendre la parole en participant à des sessions de sensibilisation dédiées aux droits des enfants organisées par Plan International et une association de développement communautaire dans le gouvernorat de Qena, où elle habite. Pour elle, ce programme a été un tournant décisif dans sa vie. « Au début, j’étais très timide, je n’osais pas parler ni avoir de discussion, même si j’avais raison », dit-elle. Cependant, avec le temps les sessions ont donné à Nour de plus en plus de confiance en elle et en ses choix. « Au début, je ne savais pas ce que je voulais faire de ma vie, mais j’ai appris à prendre des décisions et à planifier mon avenir. »

Décrivant certaines des activités qui lui auront permis d’améliorer sa confiance en elle, elle nous confie : « Ce programme m’a permis de connaître les limites de mon corps, de trouver mon chemin et de me découvrir. » 

Rania, 18 ans, a également participé au projet de Plan International pour elle, c’est ce programme qui lui a donné confiance en elle et l’a aidé à connaître ses droits et à exprimer ses sentiments. Il y a trois ans, Rania était très timide et elle ne pensait pas avoir le courage de s’exprimer en public. Elle avait si peur de faire des erreurs qu’elle se cachait dans un « silence permanent ». 

Elle a notamment appris que les filles n’ont pas à subir de mutilations génitales et que celles-ci ont un impact négatif sur leur santé, que ce soit après le mariage ou pendant la grossesse. « Lorsque nous avons débuté le programme, nous avons appris beaucoup de choses à propos du mariage précoce, du harcèlement, et des mutilations génitales féminines », explique Rania, qui a sept sœurs et un frère. De toutes les filles de leur famille, seules les deux plus jeunes, âgées de 10 et 4 ans, n’ont pas subi de mutilation génitale. 

LES FILLES SE MOBILISENT CONTRE L’EXCISION 

Construire ces compétences a eu un réel impact sur la vie de Nour. Elle explique également que le programme a ouvert son esprit sur de nouveaux sujets et questions, notamment sur les risques du mariage précoce. Elle a ainsi persuadé son père d’arrêter de frapper ses jeunes sœurs et de ne pas la marier alors qu’elle était encore enfant. 

« Je voulais poursuivre mon éducation après le collège », continue Nour. « Toutes les personnes de mon réseau m’ont dit que l’éducation n’était pas importante pour les filles, mais j’ai convaincu mon père du contraire, et j’ai pu poursuivre mes études. »
De son côté, Rania sensibilise sa communauté aux conséquences néfastes des mutilations génitales féminines, mais elle a également persuadé sa mère de ne pas soumettre ses jeunes sœurs à cette pratique. 

« Ma mère avait l’intention de leur faire subir une ablation des parties génitales, mais après avoir appris ses effets négatifs sur les filles, je l’ai convaincue de ne pas le faire et d’arrêter d’y penser », explique-t-elle. « Ma mère me disait que l’excision est une tradition, mais après avoir appris beaucoup de choses sur les dommages qu’elles causent grâce aux programmes de Plan International, elle a changé d’avis. »

Grâce à l’insistance de Rania, ses deux jeunes sœurs n’ont pas subi de mutilations. « Nous avons fait une erreur une fois, il n’est pas nécessaire de la reproduire avec mes sœurs », nous confie Rania, 18 ans.  

 Nous avons fait une erreur une fois, il n’est pas nécessaire de la reproduire avec mes sœurs 

Aujourd’hui, elle passe ses journées à participer à des représentations théâtrales et musicales afin de sensibiliser sa communauté aux préjudices causés par cette pratique. « Nous nous produisons dans notre village pour convaincre les gens des dangers des MGF pour qu’ils y mettent fin », explique-t-elle. « Avant le début du projet, je n’aurais pas eu le courage de chanter, et j’aurais été nerveuse si j’avais participé aux nouvelles de l’école, mais Plan International m’a donné l’occasion de me produire et depuis, je n’ai plus peur. »

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