Face à l’insécurité alimentaire et à la famine grandissante, 120 ONG lancent dans une lettre un cri d’alarme auprès des dirigeants mondiaux, alors que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) publie aujourd’hui son aperçu humanitaire mondiale et ses plans d’actions. 

Personnes distribuant de la nourriture à des enfants dans une école

Les chiffres viennent de tomber et ils sont dramatiques : 274 millions de personnes dans le monde vont avoir besoin l’an prochain d’une aide humanitaire d’urgence et de protection. C’est une hausse de 17 % en un an, date du lancement de L’Aperçu humanitaire mondial (GHO). Publié le 1er décembre 2020, cette évaluation annuelle et ses réponses avaient pour mission de venir en aide à 160 millions des 235 millions de personnes dans 56 pays les plus confrontées à la faim, aux conflits, aux déplacements, aux effets du changement climatique et à la pandémie Covid-19.

Les déplacements, justement, touchent plus d’1 % de la population mondiale. L’extrême pauvreté augmente à nouveau. La famine demeure le quotidien de 45 millions de personnes dans 43 pays : depuis 8 mois, le nombre de personnes en détresse alimentaire augmente de 370 %. Et dans la majorité de ces contextes humanitaires d’urgence, les filles et les femmes restent les plus vulnérables.

« Que faudra-t-il pour que cette situation change ? »

« Ces chiffres ne disent pas tout. Derrière eux se cachent des personnes qui souffrent énormément d’une crise que nous pouvons prévenir. Que faudra-t-il pour que cette situation change ? », déclarent aujourd’hui 120 organisations de la société civile, dont l’ONG Plan International, dans une lettre commune. Elles exhortent les dirigeants mondiaux à financer pleinement la réponse nécessaire pour prévenir l’insécurité alimentaire et la famine dans le monde et à s’attaquer à ses principales causes : les conflits, la crise climatique, la pandémie de Covid-19 et les chocs économiques. 

Réunis en mai et juin derniers au Royaume-Uni, les pays du G7 avaient, à travers un Pacte sur la prévention de la famine, promis de s’attaquer à ce fléau, en palliant notamment les lacunes de financement. « Il est clair que, depuis lors, la situation n’a fait que se détériorer. Les grands gestes ne remplissent pas les estomacs vides. Comme le secrétaire général des Nations unies l’a récemment signalé, moins de la moitié des fonds nécessaires pour éviter la famine dans 6 pays extrêmement préoccupants – Burkina Faso, Éthiopie, sud de Madagascar, nord-est du Nigeria, Soudan du Sud et Yémen – ont été reçus à ce jour. Parallèlement, certains plans de réponse humanitaire (PRH) sont financés à moins de 20 %. »

Les femmes et les filles exposées à la faim extrême et aux violences sexistes

Les besoins alimentaires de base ne sont pas satisfaits. Pire, les crises humanitaires s’aggravent et avec elles les écarts entre les besoins et le financement humanitaire. Une personne sur 33 dans le monde a désormais besoin d’une aide humanitaire et une personne sur 10 souffre de malnutrition. Le nombre de personnes menacées augmente : 41 millions de personnes menacées de famine il y a quelques mois à 45 millions de personnes menacées dans 43 pays aujourd’hui. Et les coûts associés avec lui : 6,6 milliards de dollars nécessaires à 7 milliards de dollars.

45 millions de personnes sont menacées par la famine aujourd’hui

« Tout porte à croire que les conflits, la crise climatique, les chocs économiques et la pandémie de Covid-19 actuelle devraient plonger davantage de personnes dans des situations de faim et de malnutrition critique en 2022. Les conflits s’intensifient à l’échelle mondiale. Ils obligent des familles à fuir leur foyer et à perdre leurs moyens de subsistance. La faim et la malnutrition qui en découlent touchent de manière disproportionnée les femmes et les filles, ce qui les expose à un risque accru de faim extrême et de violence sexiste. »

« Prendre des mesures urgentes »

Dans les situations de conflit, il est également essentiel de soutenir la consolidation de la paix et la prévention des conflits. « En outre, il est temps que les engagements politiques pris pour faire respecter le droit international, protéger les droits de l’homme et garantir l’accès à l’aide soient suivis d’effets. Toutes les parties à un conflit doivent faciliter l’accès humanitaire, protéger les civils et cesser d’utiliser la famine comme méthode de guerre. Les obstacles à l’action humanitaire, tels que les sanctions et le refus d’accès, aggravent gravement une crise qui ne peut être guérie par le seul argent. »

Les organisations de conclure : « Nous appelons les dirigeants mondiaux à prendre les mesures urgentes qui s’imposent maintenant pour inverser cette tendance en 2022. »

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