Publié le 15 octobre 2025

Qu’est-ce qu’un mariage d’enfants ? Où cela se passe-t-il ? Combien de filles sont concernées ? Et pourquoi est-ce si grave ? Cet article vous aide à comprendre ce que recouvre cette pratique encore répandue dans le monde entier et pourquoi il est essentiel d’y mettre fin.

Un mariage d’enfants, c’est quoi exactement ?

On parle de mariage d’enfants, ou de mariage forcé, lorsqu’au moins l’une des deux personnes a moins de 18 ans ou lorsque le mariage est conclu sans consentement libre et éclairé. Cela concerne aussi bien les mariages civils, religieux ou coutumiers que les unions informelles.

Dans la grande majorité des cas, ce sont des filles qui sont concernées, souvent mariées à des hommes plus âgés, parfois beaucoup plus âgés, Même dans les pays où la loi l’interdit, le mariage d’enfants reste une pratique courante.

Combien de filles sont concernées ?

Chaque année, environ 12 millions de filles sont mariées avant l’âge de 18 ans, soit près d’une toutes les 3 secondes. Au total, 640 millions de filles et de femmes dans le monde ont été mariées avant l’âge de 18 ans.

 Les garçons peuvent aussi être concernés mais dans une moindre mesure : 1 jeune femme sur 5 âgée de 20 à 24 ans a été mariée durant l’enfance, contre 1 garçon sur 30.

La majorité des mariages d’enfants ont lieu en Asie du Sud, qui concentre près de la moitié des cas. L’Afrique subsaharienne est la deuxième région la plus touchée, suivie de l’Asie de l’Est et du Pacifique, puis de l’Amérique latine et des Caraïbes.

Dans les contextes de crise humanitaire, les risques augmentent fortement. Au Soudan du Sud, certaines zones enregistrent des taux de mariage d’enfants atteignant 71 %. En Éthiopie, entre janvier et avril 2022, le nombre de mariages précoces a bondi de 119 % dans les régions touchées par la sécheresse, par rapport à la même période l’année précédente.

Pourquoi cela existe encore ?

Les causes du mariage d’enfants sont multiples et souvent liées entre elles. Dans de nombreuses familles, marier une fille jeune est perçu comme une solution pour réduire la charge économique du foyer ou éviter une grossesse hors mariage, considérée comme honteuse. Dans certains contextes, c’est aussi vu comme une forme de protection face à l’insécurité ou aux violences sexuelles.

Mais ces choix sont rarement libres. Ce sont les normes sociales patriarcales, la pauvreté, l’inégalité d’accès à l’éducation, et l’absence de lois protectrices – ou leur mauvaise application – qui font que cette pratique existe encore. Dans beaucoup de pays, il est encore possible de contourner la loi avec l’accord d’un juge, des parents ou selon des règles religieuses ou coutumières.

Dans la majorité des pays, la loi reste insuffisante

Sur le papier, de nombreux pays interdisent le mariage avant 18 ans. Mais en réalité, les lois restent largement permissives ou contournables. Il suffit, dans de nombreux cas, du consentement des parents, de l’autorisation d’un juge ou d’un accord coutumier ou religieux pour qu’un mariage d’enfant soit autorisé. Cela vide la loi de son sens.

Mais ce n’est pas seulement une question de texte. Même lorsque elles sont claires, les lois ne sont pas toujours appliquées. Dans de nombreux pays, les autorités ferment les yeux sur les mariages précoces. Les sanctions sont absentes ou symboliques. Les mariages informels ne sont pas déclarés, échappant à tout contrôle. Et les filles concernées n’ont souvent aucun recours juridique pour s’y opposer ou les faire annuler.

Pour protéger efficacement les filles, il faut donc des lois sans exception, des mécanismes de contrôle, des sanctions effectives, un soutien aux filles déjà mariées notamment en ce qui concerne leur réintégration dans le système éducatif ou sur le marché du travail, une sensibilisation à tous les niveaux de tous et toutes.

Un combat essentiel pour les droits des filles

Mettre fin au mariage d’enfants, ce n’est pas seulement empêcher une union précoce. C’est garantir à chaque fille le droit d’aller à l’école, de choisir son avenir, de vivre en sécurité et en bonne santé. C’est refuser qu’une fille soit réduite à son rôle d’épouse ou de mère, et affirmer qu’elle a toute sa place dans la société, en tant que citoyenne, étudiante, travailleuse, activiste ou dirigeante.

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