À l’âge de 12 ans, Kadiatu échappe à un mariage forcé. Aujourd’hui à 21 ans, elle milite pour faire interdire les mariages d’enfants en Sierra Leone. Rêvant de devenir actrice, elle s’engage pour une meilleure présentation des filles dans l’industrie du cinéma.

 

Demander des personnages féminins inspirants

Actuellement étudiante en comptabilité et finance à l’université, Kadiatu rêve est de devenir actrice. Pour elle, la manière dont les filles sont représentées à travers le cinéma influe sur la façon dont le monde les perçoit et les valorise. Mais aussi sur la manière dont elles se perçoivent elles-mêmes. 

« Mon rêve est de devenir actrice et d’être un modèle positif pour les filles. Je veux jouer des personnages féminins forts qui aideront les filles à se projeter et s’imaginer d’une manière nouvelle et différente. 

« Mon rêve est de devenir actrice et d’être un modèle positif pour les filles. »

J’adore les films chinois. Il y a une actrice qui fait des arts martiaux que j’aime tout particulièrement. Elle fait ses propres cascades et elle se bat. Le cinéma chinois m’inspire plus que les autres industries cinématographiques car il ne se résume pas à la seule exposition du corps des femmes. Ils ont du respect pour chaque acteur et chaque actrice. 

Le problème est l’image que renvoie les stars à leurs fans. Par exemple, lorsqu’elles portent des vêtements qui font penser aux filles qu’elles doivent s’habiller de la même manière si elles veulent être célèbre… Les stars doivent montrer au public que nous n’avons pas besoin d’exhiber notre corps pour réussir. 

Cette image a impact sur notre société. Par exemple, lorsque vous êtes une fille sur les réseaux sociaux, la première chose qu’un garçon vous demande par message privé, c’est une photo de vous dénudée. Mais pourquoi ? Parce que c’est ce qu’ils ont l’habitude de voir à l’écran. Et dès l’instant où vous refusez, ces garçons vous bloquent ou vous insultent », confie Kadiatu.

Encourager les filles à devenir réalisatrice

« Les films peuvent élargir les opportunités des filles. »

« Nous devons encourager davantage de femmes à devenir réalisatrices. Ici en Afrique, il y a un célèbre dicton qui dit :  » Cela vous apportera-t-il du pain ? «  En tant que femme, il y a beaucoup de métiers que votre famille ou votre communauté vous interdira car cela ne « vous apportera pas de pain. » 

Pour devenir réalisatrice, vous devez d’abord être passionnée, puis vous devez aussi avoir la possibilité d’étudier. Les films peuvent élargir les opportunités des filles en les représentant dans divers domaines. En montrant qu’une fille peut avoir différentes compétences. Si une femme joue le rôle d’une espionne, elle peut inspirer toutes les filles qui la regardent et montrer que ce ne sont pas seulement les hommes qui peuvent le faire. 

Je ne suis pas contre le fait de montrer des femmes maltraitées parce que c’est la réalité. Les violences contre les femmes arrivent tous les jours. Le viol ? C’est tous les jours. 

J’ai vu beaucoup de films où les filles et les femmes sont dépeintes de manière positive, mais très peu voire jamais dans le cinéma africain. Récemment, j’ai vu à l’écran une actrice nigériane appelée Regina, qui réalise et jouent des rôles très positifs et inspirants. Il est temps que les autres réalisateurs et réalisatrices du cinéma africain prennent exemple sur elle », poursuit Kadiatu.

Si la société véhiculait les multiples potentiels des filles, elles pourraient, dès leur plus jeune âge, grandir avec des modèles inspirants. Elles seraient capables d’aller au bout de leurs ambitions et de leurs rêves ! 

Faire interdire les mariages d’enfants

Actuellement, en Sierra Leone, deux lois contradictoires coexistent sur le mariage d’enfants. L’une, la sur les droits de l’enfant, stipule que personne ne peut se marier avant l’âge de 18 ans. L’autre, la loi sur les mariages et les divorces stipule qu’une fille peut se marier dès 16 ans avec le consentement de ses parents.

Déterminées à agir, Kadiatu et ses collègues ont pris le contrôle du Parlement lors de la Journée internationale des filles en 2016. À cette occasion, ils ont pu débattre sur les mariages d’enfants et ont présenter au gouvernement un projet de loi pour les interdire définitivement.

Aujourd’hui, elles attendent toujours que le gouvernement prenne des mesures concrètes.

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