Au Bangladesh, Maya Akter est en passe d’être mariée de force par ses parents à l’âge de 15 ans. Au Burkina, Bikienga Aminata, 14 ans, risque de ne pas pouvoir se présenter à ses examens scolaires. En Indonésie, Agustina a 8 ans et vient de se voir refuser l’accès à l’école. En Thaïlande, Booya, 19 ans, n’ose pas sortir de chez elle de peur d’être arrêtée. Sa soeur, Armer a 22 ans et craint de tomber malade faute de pouvoir se rendre chez un médecin. Leur point commun ? Aucun d’eux ne possède de certificat de naissance. Ils sont ce que l’on appelle des « enfants fantômes ».
Comme eux, 230 millions d’enfants ne sont enregistrés nulle part à la naissance : ni acte ni certificat qui spécifie la date, le lieu de naissance et la nationalité. C’est un enfant sur cinq qui naît sans certificat et plus d’un tiers (35 %) qui n’a aucune existence officielle.
Dès la naissance, son droit le plus fondamental, celui d’être officiellement reconnu par l’État est bafoué (Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 et pacte international relatif aux droits civils et politiques de l’ONU). Plus largement, on estime que 1,5 milliard de personnes dans les pays en développement (ID4D Group de la Banque mondiale 2015) ne possèdent aucune forme d’identification – papier ou électronique. C’est l’équivalent de la population indienne.
Les suites sont dramatiques. Sans identification officielle, une personne ne peut pas avoir accès à :
- Soins de santé : assurance santé, vaccinations, soins maternels.
- Droits politiques et légaux : voter, remplir une pétition, accéder à la propriété ou recevoir un héritage.
- Bénéfices sociaux : bons alimentaires, pensions ou transferts d’argent.
- Égalité de genre : prévention contre les mariages précoces.
- Migration : traverser une frontière en sécurité et légalement, demander l’asile.
- Services financiers : ouvrir un compte bancaire ou obtenir un capital ou un crédit.
Comment expliquer pareil fléau ? Les communautés et les familles manquent le plus souvent d’informations sur l’importance de l’enregistrement à la naissance et sur les conséquences en cas de non enregistrement. La pauvreté les maintient de surcroît dans un état de méfiance. Enfin, les infrastructures décentralisées et adaptées à la réalité sociale et culturelle manquent cruellement.
Sans un système d’identification solide et performant, un pays ne peut pas gouverner efficacement et ne peut pas délivrer les services vitaux à ses ressortissants ou produire des statistiques précises.
L’enregistrement des naissances en quelques dates clés
Rapport de l’ONU et de l’Unicef sur les enfants sans identité. |
Face aux dangers qu’encourent les « enfants fantômes », l’enregistrement des naissances, (Universal Birth Registration, UBR), devient, au même titre que la lutte contre la pauvreté, la faim, la santé ou l’éducation de qualité, un objectif de développement durable (ODD). 17 ODD qui constituent un programme destiné à éradiquer la pauvreté en s’attaquant à ses causes. La cible 19 de l’objectif n° 16 dispose : « D’ici à 2030, garantir à tous une identité juridique, notamment grâce à l’enregistrement des naissances. »
Les 10 pays affichant les plus bas niveaux d'enregistrement des naissances sont :
La Somalie (3 %), le Malawi (6 %), la Zambie (11 %), le Tchad (12 %), la Tanzanie (15 %), la Guinée-Bissau (24 %), la République démocratique du Congo (25 %), le Libéria (25 %), le Nigéria (30 %) et le Pakistan (34 %)
Source : ONU - 2016
Que fait l’ONG Plan International ? #ChaqueEnfantCompte

Plan International favorise l’enregistrement des naissances à travers plusieurs de ses 2 606 programmes de développement dans 52 pays d’intervention : sensibilisation des populations, plaidoyer auprès des plus hautes autorités et enregistrement à distance grâce aux technologies mobiles.
En proposant le parrainage d’enfants (1,4 million d’enfants parrainés et 100,5 millions d’enfants bénéficiaires) l’ONG rappelle que l’enfant a ainsi le maximum de chances d’être enregistré à la naissance : 85 % des enfants parrainés sont en effet enregistrés.
Retrouvez les témoignages de Maya au Bangladesh, Aminata au Burkina Faso Agustina et Hasan en Indonésie, Gisèle au Bénin et Booya en Thaïlande, ainsi que les programmes d’enregistrement des naissances menés par Plan International au Bénin, au Burkina Faso, en Indonésie, au Bangladesh et en Thaïlande.
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