Urgence : conflit du lac Tchad

Depuis 2009, la région du bassin du Lac Tchad est régulièrement la cible d’attaques sanglantes de Boko Haram. Au nord-est du Nigéria, dans la région du Diffa au Niger, au nord du Cameroun et à l’est du Tchad, des millions de personnes sont victimes de déplacements, massacres, malnutrition aiguë et maintenant maladies. 10,7 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire. Plan International intervient dans cette région pour venir en aide aux familles affectées et pour protéger les enfants et en particulier les filles, premières victimes du conflit.

17,4 millions de victimes

En 2019, la crise du bassin du lac Tchad entame sa dixième année et reste l’une des plus grandes urgences humanitaires au monde.

Selon l’UNOCHA (bureau pour la coordination des affaires humanitaires de l’ONU), en juillet 2018, cette crise affectait plus de 17 millions de personnes. 5,8 millions de personnes souffrent de malnutrition aigüe. 488 000 enfants risquent une mort imminente si aucune aide humanitaire ne leur est apportée.

C’est au Nigéria, en 2002, que le groupe militant islamique Boko Haram est apparu, revendiquant l’instauration d’un califat dans le nord du pays. Depuis 2009, les combattants de Boko Haram sont à l’origine de nombreuses attaques terroristes ayant déjà engendré la mort de plus de 20 000 personnes et des déplacements massifs de populations. En 2013, la crise s’est étendue géographiquement, englobant dès lors la région du lac au Tchad, le nord du Cameroun et le Diffa dans le sud-est du Niger.

Les attaques Boko Haram n’épargnent pas les populations civiles qui se retrouvent, malgré elles, au cœur du conflit. Des écoles ont été détruites. Dans la région de Diffa, au nord une trentaine d’établissements scolaires sont fermés par soucis de sécurité.

Les femmes et les filles sont confrontées à des violences sexuelles et sexistes incessantes. Les enlèvements massifs par Boko Haram sont fréquents, les filles sont alors enlevées en grand nombre, souvent dans les écoles et retenues captives détenues, violées ou forcées de se marier. Certaines sont utilisées pour mener des attaques suicides. Fin novembre 2018, une quinzaine d’écolières ont été enlevées dans la région de Diffa, au Niger. 111 écolières avaient été enlevées février 2018 à l’école Dapchi, dans l’état de Yobe au Nigéria.

Les derniers mois ont été marqués par une recrudescence des attaques du groupe terroriste dans la région, une insécurité qui a fortement perturbé l’aide humanitaire. Les enlèvements de personnel humanitaire et les attaques contre les bases militaires se multiplient. L’année 2019 a débuté avec une escalade de la violence dans le nord-est du Nigéria. Les populations civiles continuent de subir les conséquences du conflit.

  • Au Niger, la situation en matière de sécurité s’est aggravée, récemment 26 personnes ont été enlevés et 15 assassinées. De plus, les conflits inter-communautaires entre éleveurs et agriculteurs se multiplient.
  • A la suite de 4 attaques de groupes armés dans la ville de Rann au Nigéria, plus de 35 000 nigérians sont allées trouver refuge au Cameroun. Ce qui représente le plus grand nombre de réfugiés entrant dans la région de l’extrême-nord du pays en une semaine depuis le début de la crise. La plupart de ces réfugiés sont maintenant retournés au Nigéria.
  • Dans le nord-est du Nigéria : l’hostilité augmente entre les groupes armés non étatiques et les forces de sécurité nationales.

S’EXILER POUR RESTER EN VIE 

Les populations affectées par le conflit doivent fuir pour se mettre en sécurité. Elles y sont également poussées par la pénurie alimentaire, induite par le conflit armé. L’insécurité permanente générée par le conflit empêche les agriculteurs, les bergers et les commerçants de continuer leur activité et d’offrir les moyens de subsistance aux populations locales.

488 000 enfants risquent une mort imminente si aucune aide humanitaire ne leur est apportée. 

2,5 millions de personnes ont ainsi dû quitter leur foyer dont 1,7 millions pour le seul Nigéria. Pour échapper à la violence, les familles doivent vivre dans des camps ou se sont réfugier dans les pays voisins.

« À Ggoshe, nous avions une grande ferme. Nous gagnions notre vie en vendant nos produits agricoles. Nous élevions aussi du bétail et des poules. Nous avons été obligés de fuir vers le Cameroun et d’abandonner tout ce que nous possédions. Comme nos enfants sont très jeunes, il nous a fallu marcher 2 semaines avant d’arriver au Cameroun. » Assabe, 37 ans et mère de 7 enfants.

Dans les camps, pleins à craquer, les réfugiés vivent dans des conditions désespérées sans accès à la nourriture et à l’eau potable. L’apparition de maladies, telles que l’hépatite E, le paludisme et le choléra, rend leur situation plus difficile encore.

Il s’agit, selon l’ONU, d’une des pires crises de déplacement que le monde n’ait connu depuis des décennies.

Cette situation humanitaire dramatique affecte gravement les enfants. La protection de l’enfance est remise en cause par la violence du conflit et l’absence de régulation. La majorité des enfants n’ont plus accès à l’éducation. Dans la région du Diffa, 55 % des enfants ne sont pas scolarisés.

Les filles sont également particulièrement vulnérables : à ces risques s’ajoute le risque de violence sexuelle. Les agressions, les viols mais aussi les mariages forcés ont fortement augmenté depuis le début de la crise. Les femmes et les jeunes filles n’ont plus accès à l’éducation sexuelle et à des contraceptifs, ce qui augmente le risque de grossesses précoces.

Les actions de Plan International

Dans la région du Lac Tchad, l’ONG Plan International est présente dans 3 des 4 pays touchés pour défendre les enfants et les jeunes. Depuis le début de la crise, Plan International distribue aux familles affectées de quoi subvenir à leurs besoins. Dans les années à venir, l’ONG maintiendra cette aide d’urgence mais apportera aussi une aide sur le long terme, centrée sur la protection de l’enfance et l’émancipation des filles.

Pour permettre aux enfants de retourner à l’école, Plan International distribue des kits scolaires, reconstruit et rééquipe les écoles détruites par le conflit. Débutées en 2018, ces actions toucheront au total 260 000 enfants dans les prochaines années. 10 000 enfants ont déjà pu reprendre l’école. 

Plan International forme également des enseignant·e·s pour leur permettre de reprendre la classe avec des enseignements adaptés au contexte de crise. Elle les encourage également à sensibiliser les élèves à l’égalité entre les filles garçons et soutient les enseignantes femmes afin qu’elles soient mieux représentées.

En effet, l’objectif de Plan International dans cette région est de fournir une éducation inclusive et de faire évoluer les relations filles-garçons vers davantage d’égalité. Pour cela, l’ONG propose également des séances pour sensibiliser les enfants et leurs parents à l’égalité et aux conséquences de la violence de genre. Des structures de prévention des violences et de soutien des victimes sont également mises en place.

Plan International aide également les jeunes filles à s’émanciper et à être plus indépendantes. Pour cela, l’ONG offre des formations professionnelles à plus de 19 000 filles afin de leur permettre d’apprendre un métier pour gagner leur vie par elles-mêmes.

Afin que les filles, et les jeunes en général, puisse faire entendre leur voix et être davantage prises en compte dans les décisions politiques, Plan International organise des groupes inclusifs avec des jeunes engagé·e·s pour les former et les encourager à prendre la parole. Dans ces espaces inclusifs, tou·te·s les jeunes peuvent être libre de s’exprimer et seront consulté·e·s lors des décisions de la communauté. L’objectif est aussi de former des jeunes capables de défendre leurs droits et de devenir des citoyen·ne·s engagé·e·s.

Le travail de Plan International dans la région du lac Tchad touchera plus de 350 000 personnes à travers 3 pays dans les années à venir. Avec cette approche, l’ONG permet aux enfants et aux jeunes, plus particulièrement les filles et les jeunes femmes, de jouir de tous leurs droits en toute sécurité, pendant et après la crise.

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