Causes et conséquences de la précarité menstruelle

Environ 500 millions de filles et de femmes rencontrent chaque jour des difficultés pour gérer leurs menstruations dans de bonnes conditions. Les difficultés d’accès à l’eau, aux installations sanitaires ou à des produits adaptés sont des problématiques qui entravent la progression des droits des filles et femmes à la santé.

Qu’est-ce que la précarité menstruelle ?

La précarité menstruelle désigne les difficultés pour de nombreuses filles et femmes à se procurer des protections menstruelles à cause de leurs faibles revenus. Cette situation accrue la vulnérabilité économique des filles et des femmes car ce poids financier n’inclut pas que les serviettes menstruelles ou les tampons, mais aussi le coût des antidouleurs ainsi que des sous-vêtements neufs.

Les dépenses pour la santé menstruelle, souvent non-remboursées, sont une injustice fondamentale entre les personnes menstruées et les autres, bien que ces articles soient considérés comme des produits de première nécessité. Elles continuent ainsi de creuser les inégalités déjà existantes entre les filles et les garçons, et les femmes et les hommes, notamment les inégalités de revenus.

Dans le monde, 1 femme sur 10 est confrontée à la précarité menstruelle.

Le tabou, une des causes principales de la précarité menstruelle

Outre l’aspect économique, le tabou concernant les menstruations est enraciné dans l’inégalité de genre . En effet, les traditions culturelles et religieuses entourant les règles sont souvent issues de normes patriarcales discriminatoires concernant le statut inférieur et le rôle des filles dans la société .

De ce fait, on attend souvent des filles et des femmes qu’elles s’abstiennent de certaines activités, comme participer aux activités sociales et domestiques de la communauté. Elles sont parfois même bannies du foyer lors de leurs périodes de menstruations. Ces restrictions et les attitudes négatives à l’égard des règles affectent l’estime de soi des filles et les renferment sur elles-mêmes, développant souvent en elles la honte de parler de leurs difficultés à leur entourage.

Par ailleurs, les conditions d’hygiène précaires à l’école, causées entre autre par le manque d’eau courante ou d’installations sanitaires adaptées, constitue un frein supplémentaire au plein épanouissement des filles et des adolescentes durant cette période. Dans certains pays affectés ou à revenu faible, tels que le Bangladesh, le Bénin ou encore le Yémen, 50 % des écoles n’ont pas de toilettes.

Ce manque d’infrastructures cause ainsi de l’anxiété aux élèves, ce que relève une étude de l’Unicef auprès d’élèves au Burkina Faso :

83 % des jeunes femmes sont inquiètes en classe pendant leurs périodes de règles, et 21 % des adolescentes seraient souvent absentes de l’école lors de cette période.

Les conséquences multiples de la précarité menstruelle

Si elles ne sont pas correctement gérées, les menstruations peuvent perturber la vie quotidienne des filles et des femmes. Les adolescentes, en particulier, connaissent des règles extrêmement douloureuses qui peuvent affecter leur assiduité et leurs résultats scolaires. Le manque d’installations et de matériel adéquats, les restrictions imposées aux déplacements des filles pendant leurs règles et le sentiment de honte ou de « malpropreté », contribuent également à l’absentéisme scolaire des filles.

Ces obstacles poussent ainsi un grand nombre d’entre elles à ne pas se rendre à l’école, à un moment crucial où le risque décrochage des filles est très élevé.

1 fille sur 10 en Afrique subsaharienne manque l’école pendant son cycle menstruel, ce qui représente jusqu’à 20 % de l’année scolaire.

UNESCO

La pandémie de Covid-19 a également joué un rôle prépondérant au niveau de la hausse de la précarité menstruelle . La fermeture des écoles et des services de santé sexuelle et reproductive ainsi que la fin de la distribution gratuite des protections menstruelles dans ces lieux, a fait reculer les droits des filles et des femmes. En Inde, par exemple, 80 % des femmes utilisaient alors des morceaux de tissus et « bricolaient » elles-mêmes leurs protections. Le manque d’accès aux protections menstruelles et l’utilisation de matériaux non hygiéniques tels que de vieux journaux, des chiffons ou de la terre augmentent de 70 % les risques d’infections vaginales.

Dans les situations d’urgence , les filles doivent faire face à des difficultés encore plus grandes, comme l’insalubrité, le manque d’espaces intimes, de toilettes ou encore de protections périodiques, les empêchant de vivre dignement leurs périodes de menstruations. Au Kenya par exemple , le manque d’eau et de nourriture pousse certaines filles à se prostituer en échange de serviettes menstruelles. Sur 9 000 filles âgées de 15 ans, 10 % ont déclaré avoir déjà eu des rapports sexuels transactionnels pour en obtenir.

Les actions de Plan International pour lutter contre la précarité menstruelle

Plan International se bat pour faire progresser les droits des filles et des femmes à la santé, au savoir et à la connaissance de leur corps.

Des actions sont mises en place pour aider ces filles et ces jeunes femmes à comprendre leurs corps et vivre une vie normale, digne et émancipée, notamment à travers des ateliers de confection de produits menstruels. Des « kits de dignité » contenant des serviettes menstruelles réutilisables, du savon ou encore des sous-vêtements sont distribués aux filles pour leur permettre de savoir gérer leurs règles à l’école et pour qu’elles n’aient plus besoin d’utiliser des solutions précaires comme des chiffons et de renoncer à aller à l’école.

Ces distributions de kits menstruels sont notamment intégrées au sein de notre programme Child Labour en Tanzanie.

Au Kenya, Plan International souhaite également que les adolescentes puissent accéder à des salles de bain à Kibera et dans les autres bidonvilles de Nairobi, pour faire progresser les droits à la santé menstruelle.

Suivez-nous

Sur Instagram