Publié le 6 octobre 2025

À 16 ans, la vie d’Edwina a basculé lorsqu’elle a été mariée de force. Originaire de la région de Rukwa, en Tanzanie, elle a grandi dans une famille où la nourriture était rare et où les opportunités pour les filles et les femmes étaient limitées. Sa famille pensait que le mariage lui offrirait une vie moins difficile.

Tanzanie femme souriante et 3 enfants

Le mariage comme seule option

« Quand ma mère m’a dit qu’un homme avait offert, pour moi en guise de dot, une vache et un petit lopin de terre, j’ai cru que ma vie allait s’améliorer », se souvient Edwina.

Mais en fait, la réalité s’est révélée très différente. Son mari, beaucoup plus âgé qu’elle, attendait qu’elle se consacre exclusivement aux tâches ménagères et à l’éducation des enfants. Il refusait de la laisser étudier ou travailler.

Au fil du temps, leur relation est devenue violente et isolante. « Je ne m’attendais pas ni aux coups ni à l’humiliation. Je ne voyais pas d’issue », raconte Edwina.

« Avant même de m’en rendre compte, j’étais mère de 8 enfants. Et enceinte du neuvième lorsqu’il m’a quittée il y a 3 ans. »

En Tanzanie, 29 % des filles se marient ou vivent en concubinage avant l’âge de 18 ans et même, pour 5 % d’entre elles, avant l’âge de 15 ans. Le mariage d’enfants est motivé par la croyance selon laquelle les filles sont inférieures aux garçons. Cette pratique est exacerbée par la pauvreté, les normes sociales néfastes et les grossesses précoces.

Subvenir seule aux besoins essentiels de ses enfants

Après le départ de son mari, 5 des enfants d’Edwina sont partis vivre chez leur grand-mère tandis qu’Edwina gardait ses 4 plus jeunes filles. « Je n’avais que mes enfants. Pas d’argent, pas de projet. Certains matins, je me demandais comment j’allais nourrir mes filles. »

Pour gagner sa vie, Edwina a commencé à vendre des légumes au bord de la route, mais subvenir aux besoins essentiels de ses enfants l’obligeait à faire des choix difficiles. « Je devais choisir entre nourrir mes enfants ou payer les frais de scolarité. Forcément, je choisissais de les nourrir », explique-t-elle.

« Dire à mes filles que je n’avais pas les moyens de les envoyer à l’école n’était pas facile. »

En Tanzanie, 3,2 millions d’enfants et de jeunes âgé·s de 7 à 17 ans ne sont pas scolarisé·es. La pauvreté étant la principale cause, les enfants les plus pauvres sont 3 fois plus susceptibles d’abandonner l’école. Dans les zones rurales, les filles sont touchées de manière disproportionnée, avec des taux d’abandon scolaire plus élevés à partir de 12 ans en raison de l’insuffisance des installations sanitaires, des menstruations et des mariages précoces.

Un groupe d’épargne pour apprendre à entreprendre

En 2022, sa vie a pris un tournant lorsqu’elle a rejoint un groupe d’épargne soutenu par Plan International et SIDO. « J’ai hésité car je ne voyais pas comment ça pourrait m’aider alors que nous avions à peine les moyens de manger 2 fois par jour », explique-t-elle.

Tanzanie billets et pièces de monnaie

Aujourd’hui, Edwina fait partie d’un réseau de plus de 230 groupes d’épargne qui apportent aux femmes de nouvelles compétences et des connaissances financières. Grâce à la formation dispensée par Plan International et son partenaire local SIDO, elles apprennent à gérer leurs budgets, à entreprendre et à prévenir les violences sexuelles et sexistes.

« J’ai appris pour la première fois à économiser, à gérer mon budget et à planifier l’avenir de mes enfants. »

« J’ai créé une petite entreprise de vente de maïs et je peux désormais subvenir aux besoins de ma famille. »

Edwina, mère, agricultrice et femme d’affaires

Grâce à ces nouvelles compétences, Edwina a développé son activité. Elle cultive désormais 4 hectares de terre et élève des volailles. Son revenu mensuel atteint 400 000 à 700 000 shilling tanzaniens (environ 137 à 241€), ce qui lui permet d’offrir une vie stable à ses enfants.

« Maintenant, les gens viennent me demander conseil. Alors qu’avant, c’était moi qui les sollicitais ! »

Mais surtout, ses filles ont repris le chemin de l’école, notamment Asha, 12 ans, qui rêve de devenir infirmière. « J’adore l’école. Je veux aider les gens quand je serai grande. Maman me dit que rien ne peut m’arrêter maintenant », déclare fièrement Asha.

Tanzanie filles souriantes

« Je n’ai pas eu la chance de faire des études, mais je ne laisserai pas la pauvreté priver mes enfants de cette chance. Avant, j’étais juste une femme avec trop d’enfants et sans source de revenus. Maintenant, je me considère comme une femme d’affaires, une agricultrice et une mère qui subvient, seule, aux besoins de sa famille. » affirme Edwina.

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