En mars dernier, l’un des cyclones les plus meurtriers d’Afrique australe a frappé le Mozambique puis le Malawi et le Zimbabwe. Plus de 1 000 personnes sont mortes et 1,6 millions d’enfants ont été touché·e·s. Les dégâts matériels sont colossaux, des centaines de milliers de personnes se sont retrouvées sans abri, de nombreuses écoles ont été détruites mettant l’éducation des enfants fortement en péril.

Nous sommes allés à la rencontre des filles survivantes touchées par le cyclone à Chipinge et Chimanimani au Zimbabwe qui cherchent désespérément à retourner à l’école. Découvrez leurs témoignages.

Chenge, 16 ans « Lorsque le cyclone a frappé, notre maison s’est effondrée »

Chenge a vu sa maison, où elle vivait avec sa grand-mère, être détruite par les inondations. « Lorsque le cyclone a frappé, notre maison s’est effondrée », raconte-t-elle. « Les inondations nous ont obligées à passer toute la nuit debout sur des poteaux en bois. Ma grand-mère a été touchée par des chutes de briques alors qu’elle tentait de récupérer des affaires. Nous étions totalement effrayées. », nous raconte-t-elle.

« Avant le cyclone, j’allais régulièrement à l’’école. Les inondations ont détruit tous mes livres et j’ai perdu mon uniforme scolaire. J’ai arrêté de suivre les cours parce que je n’avais pas de vêtements, ni d’argent pour payer les frais de scolarité. »

Après le cyclone, la grand-mère de Chenge n’a pas pu reprendre son travail à cause de ses blessures. Pour aider sa grand-mère, Chenge a dû prendre un emploi de femme de ménage. 

« Je suis allée travailler pour pouvoir gagner de l’argent et aider ma grand-mère à reconstruire notre maison », explique-t-elle. « J’ai travaillé pendant un mois et j’ai acheté des livres afin de retourner à l’école. »

Sylvia, 14 ans « Nous ne pouvions pas aller à l’école car il était impossible de traverser les ponts »

Sylvia s’est échappée de sa maison qui s’est écroulée pendant le cyclone. « Notre champ a été complètement dévasté. Les murs de la maison sont tombés sur le maïs que nous gardions dans la maison, nous nous sommes retrouvés sans nourriture ni vêtements », raconte-t-elle.

« Nous ne pouvions pas aller à l’école car c’était impossible de traverser les ponts qui étaient totalement submergés. Et, ma mère m’a dit qu’elle ne pouvait plus payer mes frais de scolarité », explique-t-elle.

Aujourd’hui, Sylvia est de retour à l’école, mais elle n’est pas sûre que sa famille puisse payer  pour son prochain trimestre.

« J’ai besoin d’argent pour payer mes frais de scolarité et acheter des livres. À la maison, nous avons dû mal à nous nourrir, nous passons parfois toute la journée sans manger. Avant le cyclone, ma mère élevait des poules. Aujourd’hui, elle doit tout recommencer à zéro. J’aimerais pouvoir obtenir de l’aide et rester à l’école. »

Maria, 18 ans « Si je ne retourne pas à l’école, je continuerai de souffrir »

Lorsque le cyclone Idai a frappé, la mère de Maria emmenait sa petite sœur malade à l’hôpital. Maria était seule à la maison pour s’occuper de ses autres frères et sœurs. Les inondations ayant bloqué toutes les routes autour de leur maison, Maria est restée seule avec ses frères et sœurs pendant plusieurs jours avant que sa mère et son père ne puissent revenir.

« Je ne pouvais pas aller à l’école pendant l’absence de ma mère parce que je ne pouvais pas laisser mes frères et sœurs. Alors j’ai attendu jusqu’à ce que le niveau de l’eau de la rivière baisse et que ma mère puisse traverser. »

Après le passage du cyclone, Maria n’est pas allée à l’école pendant près de deux mois. « Je faisais des petits travaux afin de gagner de l’argent pour acheter de la nourriture et d’autres choses pour nous aider. J’étais bouleversée parce que je savais que ma place était à l’école avec les autres enfants. »

Même si Maria est maintenant de retour à l’école, elle ne peut pas s’y rendre tous les jours : « J’ai recommencé à aller à l’école, mais parfois je n’y vais pas parce que nous n’avons pas assez de nourriture et que je dois aider ma mère à s’en procurer », confie-t-elle.

Maria connait l’importance d’aller à l’école, mais en ce moment, il y a trop d’obstacles qui se dressent sur son chemin. « Ce qui a changé, c’est que les frais de scolarité sont vraiment devenus un problème. Pour l’instant, je n’ai pas assez de livres. Ma mère n’a même pas de quoi m’acheter des serviettes hygiéniques, alors j’utilise des chiffons à la place. »

« Si je ne retourne pas à l’école, je continuerai de souffrir car je ne pourrai pas trouver d’emploi », s’inquiète Maria. 

Patience, 13 ans « Je crains d’être obligée d’aller travailler »

Patience vit avec ses grands-parents. Elle a dû quitter sa maison et se réfugier dans une école voisine lorsque le cyclone a frappé. « Au moment où nous avons quitté notre maison, il pleuvait à torrents. Nous sommes allés nous réfugier dans une école voisine et pour dormir. Quand nous sommes retournés chez nous le matin, nous avons trouvé notre maison détruite par les pluies », nous raconte Patience.

La jeune fille de 13 ans n’a pas pu retourner à l’école après le cyclone. « Nous dormions dans une pièce où nous stockions notre nourriture, nos vêtements et nos livres. Toutes nos affaires d’école ont été ensevelies sous les décombres de notre maison. Mon grand-père ne gagne pas assez d’argent pour payer à la fois la nourriture et nos frais de scolarité. »

Bien que Patience n’ait aucun moyen de payer les frais, elle est récemment retournée à l’école. « Quand j’ai dit à mes grands-parents que je ne pouvais plus rester à la maison, ma grand-mère m’a autorisé à retourner à l’école. Mais quand je serai renvoyée de l’école parce que je ne peux pas payer mes frais, je serai alors obligée de rester à la maison. »

Le grand-père de Patience pense que sa petite-fille devrait commencer à travailler pour contribuer au revenu familial. « Je crains d’être obligée de travailler. En travaillant chez d’autres personnes,j’ai peur d’être maltraitée  et qu’on abuse de moi. »

Ramener les filles à l’école pour de bon

En temps de crise, les filles ont toujours 2,5 fois plus de risques d’être déscolarisées que les garçons. Pourtant, l’éducation est le meilleur moyen pour elles de s’en sortir. Sans école, elles sont privées de toute opportunité de se construire un avenir. 

L’école offre un espace sûr pour apprendre et pour recevoir un soutien psychosocial indispensable après une catastrophe comme le cyclone Idai. L’école permet aussi aux filles de connaître leurs droits et donc de réduire les risques de travail forcé, de mariages d’enfants et de violences sexistes et sexuelles.

Grâce à votre soutien et à vos dons suite au cyclone Idai, nous avons pu contribuer à la mise en place de programmes d’éducation en situation d’urgence au Zimbabwe. Vous nous avez permis de réparer les bâtiments scolaires endommagés et de fournir du matériel d’enseignement et d’apprentissage aux enfants.

Nous avons également pu leur fournir des kits de dignité, des kits de rentrée scolaire, des uniformes et dans certains cas, nous avons pu payer leurs frais de scolarité. 

Nous remercions chacune et chacun d’entre vous qui nous permettez de faire face à l’ampleur des crises humanitaires. Grâce à votre fidélité et votre générosité, nous continuerons à nous mobiliser pour qu’aucun enfant ne soit privé de son droit à l’éducation, même en temps de crise.   

* exemple d’équivalence de dons basée sur le coût des opérations sur le terrain
Afin de répondre efficacement aux crises humanitaires et catastrophes naturelles, votre don sera affecté à la situation la plus urgente, selon les besoins recensés par nos équipes sur le terrain. 

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