Foulematou a 21 ans, elle vit en Guinée. Faute d’éducation à la sexualité, elle est tombée enceinte à 16 ans et son père l’a jetée dehors. Elle s’est battue pour rester à l’école. Aujourd’hui, elle milite avec le Club des jeunes filles leader de Guinée pour empêcher les autres filles victimes de grossesses précoces de quitter l’école . Soutenue par l’ONG Plan International, elle interpelle les pouvoirs publics pour lutter contre les violences faites aux filles et pour le droit à l’éducation.

Se battre pour l’éducation des filles

Foulematou est une militante guinéenne hors du commun. Victime d’une grossesse précoce à l’âge de 16 ans, la jeune fille doit s’accrocher pour ne pas abandonner ses études : « J’ai perdu ma mère à 11 ans. Lorsque mon père a appris pour ma grossesse, il m’a jetée dehors. J’ai vécu une semaine dans la rue et j’ai ensuite été recueillie dans la famille d’une camarade de classe. L’école a été ma porte de sortie. »

Courageuse et déterminée, Foulematou redouble d’efforts, décroche son BEPC (brevet d’études du premier cycle) et termine même première de sa classe. C’est à l’issue de cette année « difficile », que naît son engagement en faveur des droits des filles. 

Pour elle, toutes les filles, y compris les mères-enfants, doivent accéder librement à une éducation de qualité et inclusive. Et rester scolarisées.

Comme elle, plus de 40 % des Guinéennes âgées de 20 à 24 ans ont un enfant avant 18 ans et 1 sur 10 avant l’âge de 15 ans (source : Unicef et Unfpa, 2015). En cause : les mariages d’enfants, les violences sexuelles, l’absence d’éducation à la sexualité, ainsi que le manque d’accès à la contraception et à l’avortement.

J’ai empêché la déscolarisation de quatre filles victimes de grossesses précoces.

Révoltée par cette situation, Foulematou cofonde en 2016 le Club des jeunes filles leaders de Guinée, une organisation soutenue par l’ONG Plan International (et par l’Organisation internationale de la francophonie). Convaincue que les filles sont les mieux placées pour dénoncer les discriminations qu’elles subissent au quotidien, l’ONG accompagne les activités de sensibilisation du Club à destination du grand public.

« Nous allons dans les écoles et nous y menons des actions de prévention et de sensibilisation. En février dernier, j’ai empêché la déscolarisation de 4 filles victimes de grossesses précoces », confie fièrement Foulematou. Ces 4 filles sont aujourd’hui toutes diplômées du BEPC.

Influencer les décisions politiques

Malgré son courage et sa détermination, l’engagement de la jeune militante n’a pas été bien perçu par son entourage. Pour de nombreux Guinéens, certaines pratiques néfastes pour les filles relèvent de la norme sociale. « Les combattre, c’est renier son origine, ses traditions et la coutume. »

Foulematou invite tous les jeunes à s’engager à ses côtés dans sa lutte, notamment pour influencer les décisions politiques: « La Guinée de demain, c’est par et pour les jeunes. Il faut leur assurer une participation effective dans les politiques publiques qui les concernent ».

Plan International forme les militantes du Club pour les aider à se faire entendre des dirigeant·e ·s politiques. Foulematou explique : « Il faut créer des conditions d’apprentissage et de formation adéquates pour les jeunes filles. Le gouvernement doit jouer pleinement son rôle dans l’application et la vulgarisation des lois contre certaines pratiques néfastes à l’égard des filles. »

Pour porter son combat et son engagement, Foulematou prendra la parole à l’Assemblée nationale,  jeudi 29 novembre. Un événement organisé dans le cadre de la Journée internationale des Droits de l’enfant  par le Groupe Enfance, un collectif d’ONG dont Plan International est membre. L’occasion de faire entendre la voix des filles aux dirigeant·e·s et aux médias. 

Aujourd’hui, Foulematou étudie l’histoire des relations internationales à Conakry et se rêve future diplomate. Un exploit dans un pays où  près de 80 % des femmes sont analphabètes d’après la Banque mondiale.

En Guinée, seulement 3 filles sur 10 vont au collège et 1 fille sur 10 au lycée.

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