Isidore, 13 ans, vit à Kaya, un département de la région Centre-Nord du Burkina Faso qui abrite des dizaines de milliers de personnes ayant fui l’escalade de la violence dans le nord du pays. Déscolarisé depuis plus de deux ans, Isidore a repris l’école et est déterminé à faire la différence.

Les conflits armés menacent l’accès à l’éducation

Isidore nous raconte qu’il a fui son village après une attaque d’un groupe armé. Les assaillants ont fait irruption dans l’église en pleine messe, tuant six personnes – dont le père d’Isidore, qui était prêtre.

« J’étais à l’église, comme chaque dimanche, pour prier, quand des hommes armés sont arrivés et ont ouvert le feu. Je les ai vus tuer mon père. Ma mère et moi avons fui à Kaya. Pendant deux ans, j’ai vécu dans la peur et le tourment. Chaque fois que je ferme les yeux, je revois le visage de mon père », raconte Isidore.

Il a fallu deux ans à Isidore pour trouver la force de reprendre sa vie. Désormais installé à Kaya avec sa famille dans une petite maison, Isidore a été inscrit par son oncle dans une école soutenue par Plan International. « Je suis enfin retourné à l’école », dit Isidore avec un sourire. 

Je suis enfin retourné à l’école.

Sa mère explique combien il a été difficile pour Isidore de se remettre de la mort de son père : « Il ne dormait pas la nuit. Il voyait son père dans ses pensées tout le temps. Je me demandais s’il serait capable de se remettre de ce traumatisme. Heureusement, il est retourné à l’école. Je vais régulièrement voir son professeur qui m’assure qu’il va bien. »

Le nombre de personnes fuyant la violence dans la région du Sahel en Afrique de l’Ouest a quadruplé au cours des deux dernières années. Deux millions de personnes sont désormais déplacées dans leur propre pays, dont la plupart au Burkina Faso, rapporte le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). 

Le système éducatif a été pris pour cible par les groupes armés : des enseignants ont été agressés et tués, des écoles et des ressources éducatives ont été détruites. Dans la seule région du Centre-Nord, la plus touchée par la crise humanitaire, près de 300 écoles ont été fermées pour cause d’insécurité en décembre 2020, et plus de 2 100 à l’échelle nationale. 

Plan International forme les enseignants au soutien scolaire et psychologique 

La classe d’Isidore compte 114 élèves, dont plusieurs dizaines d’enfants déplacés à l’intérieur du pays. Beaucoup ont également vécu des événements tragiques similaires. Leur enseignant a reçu une formation de Plan International, lui apprenant les bases du soutien psychologique aux enfants qui ont été affectés par ces événements tragiques.  

Selon l’enseignant, davantage de formation est nécessaire. Selon lui, les défis à relever pour enseigner à une classe aussi nombreuse sont énormes. « Beaucoup d’élèves déplacés à l’intérieur du pays sont marqués émotionnellement et ont été déscolarisés pendant des années. Ils réapparaissent souvent tout au long de l’année scolaire et doivent être intégrés dans le système éducatif. »

Plan International, avec le financement de « Education cannot wait », un nouveau fonds mondial destiné à transformer la fourniture de l’éducation dans les situations d’urgence, assurent la formation des enseignants. Ils ont également construit des salles de classe supplémentaires pour les élèves de plus en plus nombreux et ont fourni aux élèves des kits scolaires pour faciliter leur retour à l’école. 

Isidore a encore du mal à accepter la mort de son père, mais son retour à l’école l’a beaucoup aidé à se rétablir. Il espère devenir un jour prêtre ou professeur de mathématiques.  

« Isidore m’a dit un jour qu’il aimerait devenir prêtre pour prier et aider à apaiser tous les cœurs blessés », raconte sa mère.

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