Ce sont 3 crises humanitaires différentes, plus de 6 pays touchés, près de 1 000 filles interrogées, 3 mois d’enquête sur le terrain et 1 même constat : la voix des filles en situation d’urgence reste inaudible.

Voix oubliées des adolescentes crises humanitaires

Pour la première fois, les adolescentes victimes de conflits ont été entendues lors d’une étude menée par l’ONG Plan International dans 3 régions particulièrement instables : le bassin du lac Tchad, les camps de réfugiés rohingya au Bangladesh et le Soudan du Sud. Elles y témoignent de l’enfer subi au quotidien, mais aussi de leurs recommandations en matière d’aide humanitaire. Un appel inédit à faire réagir la communauté internationale sur le sort des filles et des femmes.

Violences sexuelles, mariages forcés, pensées suicidaires, famine… Voici le quotidien des filles interrogées par Plan International dans le cadre de sa série de rapports Adolescentes en danger dans le bassin du lac Tchad, dans les camps de réfugiés rohingya au Bangladesh et au Soudan du Sud. Entre mars et mai 2018, l’ONG a recueilli les témoignages de 998 filles âgées de 10 à 19 ans dans ces 3 zones du monde. L’objectif ? Faire entendre la voix des filles, dont les droits les plus élémentaires et les besoins primaires sont bafoués. Et donner à lire leurs témoignages et leurs recommandations, qui le plus souvent dépassent leur cadre géographique et le contexte local pour se rejoindre.

Bassin du lac Tchad : 1 fille sur 3 ne se sent pas en sécurité chez elle

Depuis 2009, la crise qui secoue le bassin du lac Tchad est l’une des situations d’urgence humanitaire les plus préoccupantes qui affecte le nord-est du Nigeria, l’extrême-nord du Cameroun, le sud-est du Niger et l’ouest du Tchad. Plus de 2,6 millions de personnes sont déplacées, dont la moitié d’enfants. Près de 11 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire.

Battues, violées, affamées, mariées de force, les filles sont les premières victimes. Plus d’1 sur 3 ne se sent pas en sécurité chez elle, 1 sur 5 a été battue au cours du mois précédant l’enquête et 1 sur 10 a été victime d’agression sexuelle. « Elles sont battues et violées. La plupart du temps, c’est l’oncle, le voisin ou la belle-mère de l’enfant. C’est ce qui se passe quand la fille n’a plus ses parents pour la protéger », révèle une adolescente de 17 ans dans le camp de Sayam, au Niger.

Camps de réfugiés rohingya au Bangladesh : 3 filles sur 4 privées d’éducation

À Cox’s Bazar au Bangladesh, un million de réfugiés rohingya, fuyant les persécutions en Birmanie, se regroupent dans des camps surpeuplés – 52 % de filles et de femmes.

Enfermées dans leurs tentes, les filles n’ont aucune possibilité de se rendre à l’école. Près de 3 sur 4 sont ainsi privées d’éducation. Une adolescente de 14 ans confie : « J’ai envie d’apprendre, mais je ne peux pas, on ne me laisse pas aller à l’école ». Pire, 1 fille sur 5 entre 13 et 15 ans a été donnée de force en mariage dans le camp de Balukhali. Pour Orla Murphy, directrice de Plan International au Bangladesh : « Cela ne fait aucun doute : les adolescentes rohingya sont les premières victimes de cette crise humanitaire. » 

Soudan du Sud : 1 fille sur 4 a pensé à se suicider 

Deux millions de filles et de femmes risquent quotidiennement de subir des violences physiques et sexuelles au Soudan du Sud et en Ouganda. La guerre civile qui fait rage a poussé 4 millions de personnes, dont 2,4 millions d’enfants, à fuir la brutalité des combats.

Dans les camps de réfugiés surpeuplés, les filles sont les principales victimes. Elles révèlent avoir subi des menaces de mort, de kidnapping, de viols ou d’agressions et ne se sentent en sécurité nulle part. « Les soldats nous menacent de viol et de mariage forcé. Si l’on refuse ils tuent nos familles », atteste une jeune fille à Lainya, au sud-ouest du Soudan du Sud. Conséquence : 1 adolescente sur 4 a pensé à se suicider au moins une fois ces 12 derniers mois. George Otim, directeur de Plan International au Soudan du Sud, exhorte : « Ces filles ont enduré les pires calvaires imaginables. Il faut leur apporter d’urgence un soutien spécifique. »

Réactions

Anne-Brigitte Albrectsen, directrice générale de l’ONG Plan International : « Cette étude montre clairement que les filles en situation de crise sont victimes des crimes les plus graves. Pourtant, ni leur communauté, ni les gouvernements, ni les organisations humanitaires ne semblent prêter attention à leurs besoins. Aucune réponse humanitaire ne peut être efficace si elle ignore les voix des filles ! »

Yvan Savy, directeur de l’ONG Plan International en France : « Les filles et les adolescentes font face à une double discrimination du fait de leur genre et de leur âge. En situation de crise, les risques et les violences à leur encontre sont démultipliés. Il est impératif de veiller à ce que leurs droits et leurs besoins spécifiques soient considérés comme des priorités, notamment dans le secteur de l’éducation. »

urgence, au lac Tchad, au Bangladesh et au Soudan du Sud notamment.

Les adolescentes restent les plus vulnérables face aux dangers liés aux crises humanitaires : kidnapping, violences et abus sexuels, esclavage, déscolarisation massive… En situation de crise, les filles sont 2,5 plus à risque d’être déscolarisées que les garçons. Partout dans le monde, elles veulent faire entendre leur voix et leurs revendications ! Plan International les soutient.

Contact médias (données, photographies, interviews des équipes sur place…)
Julien Beauhaire / 01 84 87 03 52 / julien.beauhaire@plan-international.org

Lire le communiqué de presse.

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