Publié le 1er octobre 2025

Abandon scolaire, maternité imposée, isolement social, dépendance économique : dans son nouveau rapport, l’ONG Plan International France alerte sur la nécessité de protéger les filles mariées avant l’âge adulte. Faute de dispositifs adaptés, elles demeurent largement exclues des politiques publiques, alors qu’elles sont particulièrement vulnérables.

À l’approche de la Journée internationale des droits des filles, le 11 octobre, Plan International publie son rapport annuel, intitulé « Laissez-moi être une enfant, pas une épouse – Le vécu des filles confrontées au mariage d’enfants ». Basé sur les témoignages de 251 filles mariées avant 18 ans dans 15 pays à forte prévalence, l’étude met en lumière les conséquences dévastatrices de cette pratique sur leur vie.

Un avenir brisé : école sacrifiée et dépendance économique

Chaque année, 12 millions de filles sont mariées avant l’âge de 18 ans, au mépris des conventions internationales et de leurs droits fondamentaux.

Le document montre que 72 % des filles interrogées deviennent mères avant d’atteindre l’âge adulte, faute d’accès à la contraception et à une éducation complète à la sexualité, souvent sous la pression de leur mari ou de leur belle-famille. Ces maternités précoces mettent leur santé en danger et interrompent définitivement leur parcours scolaire.

L’éducation apparaît, en effet, souvent comme le premier droit bafoué : moins d’une fille mariée sur cinq poursuit sa scolarité, tandis que 63 % se retrouvent sans études, sans emploi ni formation, réduites à une dépendance économique totale envers leur mari.

Un mariage sous contrainte et des lois qui protègent mal

Ces unions, conclues avec des hommes plus âgés, placent les filles dans une situation de forte dépendance : 38 % disent n’avoir aucun pouvoir de décision dans leurs foyers. Les activistes locales [1] alertent aussi sur la hausse des unions informelles, difficiles à détecter et dépourvues de valeur légale. Dans ces cas, les filles n’ont aucun droit : ni pension alimentaire, ni propriété, ni protection face aux violences conjugales.  

Le rapport [2] souligne également l’écart entre les lois et la réalité : dans deux tiers des pays étudiés, l’âge légal du mariage forcé est bien fixé à 18 ans, mais peut être facilement contourné par une autorisation parentale, religieuse ou judiciaire. Plus de la moitié des militantes sondées (55 %) dénoncent le poids des croyances sexistes, plus fortes que la loi, qui perpétuent ces pratiques néfastes. Toutes les filles interrogées, sans exception, affirment qu’elles ne veulent pas voir leurs propres enfants subir le même sort.

« Ces filles doivent être enfin reconnues comme un groupe à part entière, nécessitant des mesures spécifiques pour leur permettre d’accéder aux services essentiels et à leurs droits. C’est une urgence qui demande la mobilisation des gouvernements, des communautés et de toute la société »

Anne Bideau, directrice générale de Plan International France.

Plan International appelle à une mobilisation urgente

L’ONG appelle les Etats à mettre fin à toutes les exceptions légales, à garantir l’âge minimum du mariage à 18 ans et à répondre aux besoins des filles déjà mariées. Cela passe par le financement de programmes de réinsertion scolaire, de lutte contre les violences conjugales, de conseil juridique, de services de garde adaptés, un accès à la contraception, à la santé et à une éducation complète à la sexualité.

L’égalité filles-garçons doit être placée au cœur des politiques publiques, en agissant simultanément dans le domaine de l’éducation, de la santé, de la protection et de la justice. Il faut donner aux filles le pouvoir de choisir leur avenir.

Pour tout complément d’information et demande d’interview, merci de contacter l’équipe presse de l’ONG Plan International France.

[1] Entre avril et mai 2025, une enquête en ligne a également été menée auprès de 244 jeunes militant·es engagé∙es
contre le mariage des enfants, issu∙es des 15 pays étudiés. Cette enquête visait à documenter leurs expériences et
leurs recommandations.

[2] Depuis 2009, l’OCDE publie l’Indice des institutions sociales et de l’égalité de genre (SIGI), qui mesure l’impact des
lois, normes et pratiques sur l’égalité entre femmes et hommes. Pour cette étude, Plan International s’est associée à
l’OCDE afin d’en proposer une nouvelle analyse.

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