Pour l’édition 2025 de la Journée internationale des droits des filles, qui se déroule chaque 11 octobre, Plan International France a organisé, avec le parrainage de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, une table ronde sur « La place des filles dans la prévention et la réponse aux crises », le 9 octobre 2025 à l’Assemblée nationale.

Cet événement modéré par Lilia Touil, membre du Plan des Jeunes, a permis de faire émerger des réflexions concrètes et des recommandations fortes pour intégrer pleinement les filles en tant qu’actrices du changement dans la prévention et la réponse aux crises. 

Bruno Fuchs, député du Haut-Rhin et président de la commission Affaires étrangères de l’Assemblée nationale et Jean-Maurice Ripert, président de Plan International France, ont ouvert la table ronde en rappelant que les filles ne sont pas seulement les victimes de conflits mais bien les principales actrices de la construction du monde de demain, jouant un rôle majeur dans la résolution des crises et dans les processus de paix

Les filles dans les crises : leurs défis spécifiques

Oyella Eunice, jeune activiste du Soudan du Sud et présidente-fondatrice de l’association Génération 711 et Agnès Comfort, coordinatrice au Soudan du Sud du programme Leaders of Peace de Plan International, ont décrit l’impact dévastateur de la guerre civile sur les filles, adolescentes et jeunes femmes. Depuis le début de la guerre civile au Soudan du Sud en 2013, les filles sont confrontées aux violations de leurs droits à la protection, à la santé et à l’éducation :

Aujourd’hui, dans le monde, près de 400 millions d’enfants vivent dans des zones de conflits ou sont contraint·es de les fuir. Les filles y sont particulièrement vulnérables : elles sont davantage exposées aux risques de violences fondées sur le genre, ont deux fois plus de risques d’être déscolarisées que les garçons du fait des normes culturelles qui privilégient l’éducation des garçons à celle des filles et sont souvent les premières victimes de mariages précoces et forcés.

La députée Dieynaba Diop a rappelé que les droits des filles continuent d’être bafoués dans de nombreux pays, mettant notamment en exergue les crises oubliées en république démocratique du Congo ou en Afghanistan.

Les solutions : comment mettre en place une réponse humanitaire qui soit a minima sensible au genre ?

Agnès Comfort a partagé l’approche transformatrice des rapports sociaux de genre de Plan International. Elle a notamment souligné la manière dont le programme Leaders of Peace, mis en œuvre depuis 2021 au Soudan du Sud, œuvre à la construction d’une paix durable, via une approche holistique et multisectorielle, qui renforce les capacités d’agir des jeunes. Le programme a notamment permis d’introduire les clubs Champions of Change dans des écoles formant ainsi 480 filles et garçons à leurs droits, à l’affirmation et l’estime de soi. 

Oyella Eunice a partagé son expérience, au lycée, dans le club Champions of Change de Plan International au Soudan du Sud où elle a pu développer ses compétences en leadership. En 2019, à l’occasion de la Journée internationale des droits des filles, elle a pris symboliquement le poste de l’ancien commissaire du comté de Pageri, à qui elle a demandé de créer un parlement pour les enfants et les jeunes. L’ancien commissaire a accepté et crée ce Parlement au sein duquel elle a été nommée première oratrice. Avec d’autres jeunes engagé·es, elle a pu mener des actions de sensibilisation sur les violences basées sur le genre, les mariages d’enfants ou encore la paix et la sécurité. 

L’action de la France dans les contextes de crises

Delphine O, ambassadrice pour la diplomatie féministe du ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères, a précisé que les droits des filles constituent une priorité de l’action humanitaire française, telle qu’énoncée dans la stratégie diplomatie féministe. Elle a partagé des exemples d’actions de la France en matière de lutte contre les violences sexuelles et fondées sur le genre en temps de conflits et de lutte contre l’impunité, notamment au Soudan. 

Lisa Amon, cheffe de centre des opérations humanitaires et de stabilisation au sein du Centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères, a présenté la réponse humanitaire sensible au genre de la France. Le CDCS intègre de plus en plus la dimension genre dans ses projets, avec 14% de ses projets ayant cet objectif principal.

Pratiques inspirantes, défis et recommandations

Oyella Eunice a fondé Génération 711, une organisation Sud-Soudanaise dirigée par des jeunes femmes qui œuvre pour l’engagement des jeunes dans la résolution des conflits, la lutte contre les violences basées sur le genre et la promotion de l’éducation des filles.

« Je suis une preuve vivante que l’investissement dans l’éducation des filles et le soutien à la participation significative des jeunes peuvent changer la donne »

Oyella Eunice, jeune activiste du Soudan du Sud et présidente-fondatrice de l’association Génération 711

Pour autant, les obstacles à la participation des filles aux processus de paix restent importants. Delphine O a notamment souligné que la mise en œuvre du pilier participation de l’agenda Femmes, Paix et Sécurité, 25 ans après son adoption, reste insuffisante. L’agenda Jeunes, paix et sécurité souffre lui aussi d’une mise en œuvre fragile. Lisa Amon a souligné le contexte international peu favorable : réduction des financements, montée d’États hostiles aux droits des femmes et remise en question de la solidarité internationale.

Nos recommandations aux acteurs et actrices de la solidarité internationale, dont les Etats

Oyella Eunice demande :

Anne Bideau, directrice générale de Plan international France a partagé des recommandations de notre ONG, issues du rapport La place des filles dans la prévention et la réponse aux crises :

La députée Dieynaba Diop a clôturé la table ronde en rappelant qu’en restant tous et toutes mobilisé·es en faveur des droits des filles dans les contextes de crises, nous pouvons collectivement transformer leurs vies de manière durable. Le témoignage d’Oyella Eunice en est une illustration éloquente.

Suivez-nous

Sur Instagram