Publié le 13 octobre 2025

« En 2023, ma tante a tenté de me forcer à épouser un inconnu. Emmenée chez lui, dans une autre région du Togo, je me suis retrouvée piégée dans une situation que je ne comprenais pas et à laquelle je ne pouvais échapper. Heureusement, grâce à l’intervention de mes parents et au soutien d’ONGs, je m’en suis sortie et j’ai pu commencer un nouveau chapitre de ma vie. »

Togo fille souriante les bras croisés

« Je m’appelle Roumana. J’ai 17 ans et je fais une formation pour apprendre à coudre. A l’âge de 10 ans, je suis partie vivre chez ma tante. En 2023, elle m’a entrainée à la fête de Tabaski, et c’est là que tout a basculé !

« Ma tante a voulu me forcer à épouser un homme que je ne connaissais pas. Elle m’a emmenée chez lui, dans une autre région du Togo. »

Quand mes parents ont découvert ce qu’il se passait, ils sont venus me chercher. Mais l’homme et sa famille ont refusé de me laisser partir. Mes parents ont dû porter plainte au commissariat. L’homme a été arrêté. J’ai alors pu rentrer chez moi avec mes parents. »

J’ai retrouvé ma confiance et mon indépendance

A la suite de cette tentative de mariage forcé, une expérience traumatisante pour Roumana, elle a reçu le soutien des ONG PAFED, Plan International et Action Sociale. Grâce à leur aide, elle a commencé à se reconstruire et a choisi de se lancer dans la couture. Elle a été inscrite à une formation et a reçu une machine à coudre.

« Aujourd’hui, je suis fière d’être couturière. J’apprends à confectionner des vêtements et je gagne déjà un peu d’argent en faisant, après l’atelier de formation, des travaux de couture pour les autres. J’ai retrouvé ma confiance et mon indépendance. »

« Avant, quand les gens parlaient du mariage d’enfants, cela ne m’intéressait pas. Mon expérience m’a ouvert les yeux. Ce n’est que lorsque j’en ai moi-même été victime que j’ai compris toutes les souffrances que cela peut causer. »

Un problème profondément enraciné au Togo

Le mariage d’enfants reste un problème profondément enraciné au Togo. Malgré les lois fixant l’âge minimum du mariage à 18 ans, une fille sur quatre est mariée avant d’atteindre l’âge adulte. Cette pratique est particulièrement répandue dans les zones rurales, où la pauvreté, l’analphabétisme et les normes de genre bien ancrées continuent de porter atteinte aux droits des filles. De nombreuses familles considèrent encore l’éducation des filles comme inutile, voire dangereuse, craignant qu’elles ne deviennent « incontrôlables » ou « difficiles à marier ».

Malgré les progrès accomplis, des défis subsistent. Ainsi, si le gouvernement togolais a instauré la gratuité de l’enseignement primaire, le soutien apporté aux survivantes comme Roumana reste limité, notamment en ce qui concerne leur réintégration dans le système éducatif ou sur le marché du travail.

L’importance du soutien des communautés et des ONGs

Néanmoins, l’histoire de Roumana nous rappelle avec force ce qu’il est possible d’accomplir lorsque les communautés et les organisations collaborent. Grâce à une formation professionnelle et à un soutien psychosocial, Roumana a acquis une compétence et retrouvé confiance et indépendance.

Son histoire illustre l’importance, face aux violences sexistes et sexuelles, de l’implication des communautés qui permet de sauver des filles de situations dramatiques et les aident à reconstruire leur vie.

Suivez-nous

Sur Instagram