Causes et conséquences de l’excision sur la vie des filles
Plus de 230 millions de filles et de femmes dans le monde ont subi une excision. Cette pratique a des impacts dévastateurs sur leur santé, leurs droits et leur avenir. Voici les clés pour comprendre ce fléau mondial.
Qu’est-ce que l’excision ?
Mis à jour le 24 décembre 2025
Les mutilations génitales féminines (MGF), plus communément appelées excisions,(ou encore « mutilations sexuelles féminines »), désignent l’ablation totale ou partielle des organes génitaux féminins extérieurs ou toute autre lésion des organes génitaux féminins pratiquée pour des raisons non médicales. On distingue 4 types de mutilations sexuelles féminines, dont le type 1 (clitoridectomie) et 2 (excision) sont les plus répandus.
L’excision constitue une violation brutale des droits humains et de l’intégrité physique et morale des filles et des femmes. Elle entraine des conséquences directes et violentes sur les vies des personnes qui en sont victimes, et peut provoquer des séquelles à long terme.
Combien de filles et de femmes en sont victimes ?
Plus de 230 millions de filles et de femmes actuellement en vie, soit environ 6% de la population féminine mondiale, ont subi des mutilations génitales féminines (MGF) dans 30 pays d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie. A savoir : le chiffre de 30 est probablement sous-estimé, puisqu’il ne couvre que des pays ayant accepté de transmettre leurs données à ce sujet.
Plus de 2 millions de filles subissent chaque année des MGF, souvent avant leur 5ème anniversaire et parfois quelques jours seulement après leur naissance.
La pratique mondiale des mutilations génitales féminines s’explique par un ensemble complexe de facteurs imbriqués qui reflètent, avant tout, des inégalités de genre profondément enracinées dans les sociétés. Plan International lutte pour l’abandon total de cette pratique, qui renforce les inégalités de genre.
L’excision : une pratique présente surtout en Afrique
Le continent africain est le plus touché (plus de 144 millions de filles mutilées), devant l’Asie (plus de 80 millions) et le Moyen-Orient (6 millions).
Les pays où la prévalence de l’excision chez les filles et les femmes de 15 à 49 ans est la plus élevée sont la Somalie (98%), Guinée (97%), le Mali (91%) et l’Egypte (91%).
La pratique de l’excision est également présente au Moyen-Orient (Irak, Yémen,Iran…), en Asie (Malaisie, Inde , Pakistan…) et en Amérique Latine (Colombie, Pérou).
Des lois existent dans la plupart des pays, mais elles sont mal ou peu appliquées. En Gambie, où l’excision est interdite depuis 2015, le Parlement a heureusement rejeté, à la date du 15 juillet 2024, un amendement déposé en mars de la même année qui visait à dépénaliser cette pratique. Un exemple significatif du fait que les avancées juridiques en matière de droits des filles et des femmes sont fréquemment menacées de régression, y compris dans ce domaine précis.
La tradition, principale cause des mutilations génitales féminines dans le monde
Les mutilations génitales féminines sont souvent justifiées au nom de la tradition et transmises de génération en génération. Présentées comme un rite de passage ou une norme sociale incontournable, elles s’inscrivent dans un ensemble de pratiques néfastes qui reposent sur des normes de genre discriminatoires, sous la pression du collectif. La pression sociale, le tabou autour du sujet, le manque d’information sur ses conséquences néfastes pour la santé, les croyances et les superstitions très ancrées dans les communautés, font de l’excision une pratiques traditionnelle néfaste difficile à éradiquer dans le monde.
L’excision est aussi un moyen pour les hommes de contrôler la sexualité des femmes.
Les hommes refusent parfois d’épouser une fille non excisée, considérée comme « impure » ou perçue comme susceptible d’être infidèle. Les mutilations génitales féminines reposent ainsi sur des conceptions patriarcales qui valorisent la chasteté, la « moralité » et l’« honorabilité » des filles. Ces croyances nourrissent une vision discriminatoire de la féminité, centrée sur la virginité et le contrôle du corps des filles.
Comme les mutilations sont le plus souvent pratiquées sur des filles très jeunes, elles les privent de la possibilité de décider par elles-mêmes de ce qui arrive à leur corps, portant directement atteinte à leur autonomie corporelle et à leur droit de choisir.
La pratique des MGF est entretenue par des normes et des stéréotypes sexistes qui renforcent les inégalités entre les femmes et les hommes.
Les conséquences désastreuses de l’excision sur la vie des filles
Les mutilations génitales féminines constituent une violation manifeste des droits humains.
Elles n’ont aucun effet positif sur la santé. Au contraire, les complications liées à l’excision et aux mutilations génitales, qui s’accentuent au moment de la puberté, sont nombreuses et violentes :
- problèmes vaginaux, souffrances,
- saignements abondants,
- infections (tétanos, maladies sexuellement transmissibles…),
- déscolarisation dans les cas où l’excision est suivie d’un mariage précoce,
- douleurs en urinant,
- douleurs pendant les rapports sexuels et les menstruations,
- risques d’incontinence,
- complications lors des grossesses et des accouchements,
- infertilité,
- détresse psychologique,
- état de choc violent et mort.
Dans la plupart des cas, les populations qui pratiquent les mutilations génitales féminines ignorent les conséquences graves que cette pratique entraîne. Beaucoup de femmes excisées ne font pas le lien entre les problèmes de santé qu’elles rencontrent et l’excision subie dans leur enfance, d’autant que ces complications apparaissent souvent plus tard, notamment à la puberté.
Nos actions pour lutter contre l’excision
L’ONG Plan International dénonce l’excision comme une violation fondamentale des droits des femmes et des enfants.
Nous sensibilisons les communautés pour mettre fin aux mutilations génitales féminines. Pour cela, nous :
- travaillons auprès des mères, des pères, des chefs de communautés et des chefs religieux afin d’attirer leur attention sur les conséquences de cette pratique traditionnelle néfaste pour la santé des filles et pour faire changer les opinions sur cette pratique ancestrale.
- formons des bénévoles issus des communautés afin qu’ils puissent diffuser les messages aux populations, aux chefs de village et au sein même des gouvernements.
- attachons une grande importance aux associations locales dans les pays où nous intervenons afin d’avoir un plus grand impact dans la société.
- mettons en place des cérémonies alternatives de passage de l’enfance à l’âge adulte, pour remplacer l’excision des filles qui signifie qu’elles sont devenues femmes.
- menons un travail de plaidoyer auprès des gouvernements afin que ceux-ci continuent de mettre en place des actions pour favoriser l’abandon de cette pratique et, qu’à terme, une loi interdisant l’excision soit votée dans tous les pays concernés.
- soutenons l’éducation des filles, en mettant l’accent sur leur droits pour qu’elles puissent se défendre face à l’excision. L’excision entraîne d’autres problèmes qui privent les filles de leurs droits : le mariage précoce et le rejet de la scolarité des filles sont aussi des pratiques ancrées dans la société.
- Nous sensibilisons aussi le grand public aux dangers de l’excision à travers nos campagnes, comme la campagne L’excision, c’est non !
L’excision en chiffres clés
+ de 230 millions de victimes
On dénombre plus de 230 millions de filles et de femmes victimes de cette pratique.
30 pays
30 pays sont concernés (parmi ceux communiquant leurs données sur les mutilations sexuelles féminines)
53 000
Selon l’Unicef, 5% des femmes mutilées vivent en Europe, dont environ 53 000 en France.
4,4 millions
En 2025, près de 4,4 millions de filles (soit 12 200/jour) sont menacées de MGF dans le monde.
2 millions de victimes d’ici 2030
Le risque est évalué à 2 millions de victimes supplémentaires d’ici 2030
