Causes et conséquences du mariage forcé
Au niveau mondial, le mariage des enfants recule progressivement. Aujourd’hui, une femme sur cinq âgée de 20 à 24 ans (19 %) a été mariée durant son enfance, contre une sur quatre (23 %) il y a une dizaine d’années. Cette avancée montre que le changement est possible. Mais le rythme actuel reste dramatiquement insuffisant : il faudrait encore trois siècles pour éradiquer cette pratique, alors que les Objectifs de développement durable (ODD) fixent son élimination d’ici 2030.
Pourtant, le mariage d’enfants prive les filles de leur enfance, interrompt leur scolarité et les expose à des grossesses précoces, qui constituent l’une des principales causes de mortalité chez les adolescentes. Il les enferme dans un cycle de pauvreté et de dépendance qui se transmet de génération en génération.
Le mariage précoce et forcé : qu’est-ce que c’est ?

La Déclaration universelle des droits de l’Homme définit le mariage forcé comme étant l’union de 2 personnes dont l’une n’a pas donné son libre et plein consentement au mariage. Les mariages d’enfants désigne tout mariage impliquant un enfant de moins de 18 ans. Le mariage précoce et forcé désigne donc l’ensemble des mariages d’enfants.
Le mariage forcé est une atteinte aux droits humains fondamentaux, notamment à la liberté et à l’intégrité physique. Le mariage d’enfants constitue une violation des droits humains et a des effets dévastateurs sur leur santé et leur émancipation économique. Cette pratique néfaste prive les filles de leur enfance et les expose aux violences, aux viols, aux maladies sexuellement transmissibles telles que le VIH, aux grossesses précoces non désirées et aux avortements à risque.
Chaque année, 12 millions de filles sont mariées avant l’âge de 18 ans. Soit 23 filles par minute. Près d’une fille toutes les 3 secondes.
Les causes du mariage forcé et précoce
640 millions de filles et de femmes aujourd’hui en vie ont été mariées avant l’âge de 18 ans. Le mariage d’enfants est une réalité présente partout dans le monde. Il ne se limite pas à une région, un pays ou une culture : il résulte de mécanismes de discriminations sexistes et croisés, qui se renforcent mutuellement. Ces facteurs sont multiples et souvent interdépendants.
Ce phénomène s’explique par :
- Les inégalités entre les genres – Dans de nombreuses communautés, on attend des filles qu’elles deviennent épouses et mères dès leur plus jeune âge. Ces attentes, ancrées dans des normes patriarcales, justifient le contrôle exercé sur leur sexualité et leur autonomie. Elles réduisent leur capacité à prendre des décisions libres sur leur propre vie, y compris quand et avec qui se marier.
- La pauvreté – C’est une stratégie de survie économique pour les familles aux revenus extrêmement modestes. Marier sa fille permet aux familles de réduire leurs charges ou de recevoir une dot.
- Les pressions sociales et communautaires – À la puberté, beaucoup de filles sont considérées comme prêtes pour le mariage. Celui-ci est alors imposé pour contrôler leur sexualité et préserver « l’honneur » de la famille.
- La stigmatisation des grossesses hors mariage – Les grossesses (et les rapports sexuels) hors mariage sont fortement stigmatisées, poussant certaines familles à marier les filles dès qu’elles tombent enceintes. L’objectif est d’éviter la honte ou l’exclusion sociale. Les filles et les adolescentes qui tombent enceintes peuvent être contraintes de quitter l’école.
- L’absence de certificat de naissance – 230 millions d’enfants n’ont pas été enregistrés à la naissance dans le monde. Les filles ne possédant aucune identité juridique ne peuvent fournir de preuve de leur jeune âge, qui prouverait l’illégalité d’un mariage précoce.
- Des lois insuffisantes – La faiblesse des cadres législatifs contribue à perpétuer la pratique des mariages d’enfants. Bien que de plus en plus de pays aient fixé l’âge minimum du mariage à 18 ans au cours des dernières années, ces avancées restent largement fragilisées par la multitude d’exceptions existantes.
- La non application des lois – Même quand le mariage précoce est interdit, beaucoup de familles l’ignorent et/ou enfreignent la loi. Dans certains pays, cette violation du cadre législatif est si répandue et acceptée que les sanctions sont rares.
- Les dérèglements climatiques et les crises humanitaires – Les catastrophes climatiques et les déplacements forcés réduisent les ressources familiales, poussant certaines familles à marier leurs filles. La pandémie de COVID-19 a aussi accru les mariages précoces à cause des fermetures d’écoles, de la perte de revenus et de la réduction des services de santé sexuelle et reproductive.

Les conséquences du mariage forcé et précoce
Le mariage précoce et forcé a des conséquences graves non seulement sur la vie d’une fille, mais aussi sur l’ensemble de sa communauté et de son pays.
- Violences sexuelles – Dans la majorité des cas, le mariage forcé expose les filles à des rapports sexuels précoces et contraints. Le danger est encore plus grand lorsque l’écart d’âge avec leur mari est important, car cette différence d’âge importante limite leur pouvoir de décision, leur capacité à négocier dans la relation et leur contrôle sur leur corps.
- Des grossesses précoces et dangereuses pour la santé – Les adolescentes mariées courent un risque beaucoup plus élevé de grossesses précoces que celles qui ne le sont pas. Or ces grossesses et les complications liées à l’accouchement sont les principales causes de décès chez les jeunes filles âgées de 15 à 19 ans. Elles peuvent entraîner de graves conséquences sur la santé, comme les fistules obstétricales, et mettre en danger la vie des adolescentes.
- Déscolarisation – Le mariage d’enfants met presque toujours fin à la scolarité d’une fille, que ce soit à cause des politiques scolaires après une grossesse ou des pressions de son mari et de sa belle-famille pour qu’elle se consacre exclusivement aux tâches domestiques et aux enfants. L’éducation est pourtant la meilleure protection contre les mariage forcés et précoces. Une fille instruite a moins d’enfants, s’assure qu’ils soient scolarisés et contribue ainsi à briser le cycle des mariages précoces.
- Un accès réduit aux soins de santé – Beaucoup de filles mariées rencontrent des obstacles pour accéder aux soins de santé, notamment en matière de santé sexuelle et reproductive. Dans certains cas, elles doivent obtenir l’autorisation de leur mari, ce qui les empêche de décider librement pour leur propre santé. Cette dépendance les expose davantage aux risques, comme le VIH, car elles n’ont souvent pas la possibilité de négocier l’usage de protections.
- Perpétuation des systèmes patriarcaux et de la pauvreté – Les mariages précoces maintiennent les femmes dans une situation de pauvreté et de dépendance économique, leur mari les empêchant d’aller à l’école ou de travailler. Cette situation est injuste et représente une énorme perte pour le développement des individus, des communautés et des pays.
Les mariages précoces maintiennent les femmes dans une situation de pauvreté et de dépendance économique.
Les actions de Plan International
Plan International agit sur tous les fronts pour lutter contre le mariage d’enfants.

Pour cela, Plan International :
- mène des actions de sensibilisation auprès des parents et des autorités locales afin de les informer des dangers du mariage précoce et des droits des filles ;
- mène des actions de sensibilisation auprès des enfants et des jeunes pour les informer de leurs droits et leur apprendre à les défendre ;
- mène des actions de plaidoyer auprès des gouvernements pour acter des lois contre le mariage précoce ou renforcer les lois existantes ;
- lutte contre les barrières à l’éducation afin de garder les filles à l’école (accès à l’école, frais de scolarité, sûreté à l’école, installation de points d’eau potable et infrastructures sanitaires correctes, lutte contre le travail infantile, etc ) ;
- aide les familles à augmenter leurs revenus grâce à la création de groupes d’épargne et d’activités génératrices de revenus pour éviter que les parents ne marient leurs filles et aient les moyens de les envoyer à l’école ;
- accompagne les filles dans leur lutte pour obtenir un certificat de naissance qui prouvent leur âge ;
- intervient pour arrêter un mariage forcé et précoce en cours, réinsérer les filles à l’école et proposer des bourses d’études aux jeunes filles ;
- soutient les jeunes filles et garçons qui militent dans leur communauté contre les mariages d’enfants.