En Equateur, Erika, 18 ans, lutte contre les grossesses précoces

Lorsque son amie est tombée enceinte à 14 ans, Erika a su qu’elle s’impliquerait dans la lutte contre les grossesses précoces. Elle est aujourd’hui une des responsables du programme de Plan International « Zones exemptes de grossesses précoces » qui dispense des formations sur les causes et conséquences des grossesses chez les adolescentes dans la région de Chimborazo en Equateur. Elle a rencontré la première dame d’Equateur pour parler avec elle des droits des filles et de la manière dont la violence basée sur le genre peut être combattue dans son pays. Elle nous raconte son histoire.

TOMBÉE ENCEINTE À 14 ANS, MON AMIE A DÛ RENONCER À SES RÊVES

« Une de mes amies est tombée enceinte à l’âge de 14 ans. J’étais à l’école avec elle et elle me disait toujours que ses parents ne s’intéressaient pas à elle – ils la poussaient à quitter l’école et à s’occuper plutôt des animaux de la famille.

Quand elle est tombée enceinte, la première réaction de ses parents a été de la battre. Le père du bébé, qui avait 17 ans, ne voulait rien savoir et ses parents ont pris son parti en disant que c’était de sa faute à elle si elle était enceinte. Elle a donc quitté l’école et a été contrainte de travailler comme domestique dans une ville voisine.

DES HISTOIRES COMME CELLE-CI RENFORCE MA DÉTERMINATION

Chaque fois que j’entends des histoires comme celle-ci – de filles qui n’ont d’autre choix que de renoncer à leurs rêves car elles ne comptent pas plus aux yeux des autres qu’à leurs propres yeux – ça me rend triste, mais en même temps ça renforce ma détermination à lutter pour faire évoluer les choses.

Mon nom est Erika et je suis l’une des responsables du programme « Zones exemptes de grossesses précoces » de Plan International à Chimborazo. Nous proposons aux jeunes des formations sur les causes et conséquences des grossesses chez les adolescentes, et des ateliers où il est question de santé sexuelle et d’estime de soi.

La grossesse chez les adolescentes est vraiment courante ici. Elle est d’autant plus fréquente qu’il n’existe pas de cours d’éducation sexuelle, que les parents ne communiquent pas avec leurs enfants et que les filles ont une faible estime d’elle- mêmes. Or, une fille qui n’a pas confiance en elle-même se laisse facilement abuser ou manipuler.

Dans ma classe, la plupart des filles n’avaient reçu aucune éducation sexuelle. Elles tombaient donc enceintes à 13 ou 14 ans et devaient quitter l’école. Ces filles étaient souvent désespérées, et le regard que leur renvoyait leur communauté ne les aidait pas, certaines en arrivaient à ne pas vouloir leurs bébés.

LES ADULTES SONT EGALEMENT CONCERNÉ·E·S

L’information sur la contraception et l’accès à celle-ci sont fondamentaux car ils permettent de prévenir une grossesse. Mais l’éducation sexuelle est également très importante, aussi bien pour les jeunes que pour leurs parents, car elle leur permet de décider ce qu’ils souhaitent faire de leurs corps et de leurs vies. Comme les parents et les jeunes échangent très difficilement sur ses sujets, nous organisons des événements pour partager ce que nous avons appris avec nos parents.

LES ATTITUDES CHANGENT, LES FILLES RÉSISTENT MIEUX

Beaucoup de gens pensent que les filles devraient rester à la maison, laver le linge ou faire la vaisselle et qu’il n’est pas nécessaire de les envoyer à l’école, puisqu’elles se marieront jeunes. Pour eux, elles n’existent que pour avoir des enfants…

Mais les attitudes changent. Nous avons beaucoup travaillé sur l’estime de soi et maintenant nous commençons à voir plus de jeunes filles déterminées à réaliser leurs ambitions, de manière responsable.

Pour ma part, j’étudie l’architecture à l’université et je souhaite utiliser un jour ces compétences pour concevoir des écoles pour les communautés pauvres. »

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