Le programme ALFA de l’ONG Plan International France au Bénin a commencé en 2023. Le projet a pour objectif d’accompagner les enfants, les adolescent·es et les jeunes parmi les plus vulnérables vers un cursus scolaire formel pérenne ou une insertion socio-économique durable. Découvrez ce nouveau programme avec l’entretien de Sylvie, coordinatrice du programme ALFA et Paul, responsable de la mise en œuvre des projets sur la zone nord du Bénin.

Pouvez-vous nous expliquer les objectifs du projet ALFA au Bénin et nous dire à quels besoins ils répondent ?

Sylvie : Le projet ALFA propose une alternative éducative et une formation professionnelle dans l’Atacora – département du nord-ouest du Bénin. Il répond aux enjeux de l’éducation inclusive, de la qualité, de la création de compétences, ainsi que des opportunités d’emploi et d’entrepreneuriat pour les jeunes.

L’Atacora fait partie des sept départements les moins développés du pays. 64.5% des jeunes de 14 à 24 ans sont alphabétisés et le faible pouvoir économique des familles a des conséquences sur le décrochage scolaire des filles et le taux de grossesses précoces.

ALFA est une réponse aux défis des enfants déscolarisés, principalement les filles qui ne peuvent pleinement jouir de leurs droits. L’objectif global du projet est d’accompagner les enfants, adolescent·eset jeunes âgés de 9 à 24 ans, parmi les plus vulnérables, vers un cursus scolaire formel pérenne ou une insertion socio-économique. C’est grâce à la création des centres d’éducation communautaires (CEC), des lieux adaptés et dédiés au projet, que nos objectifs pourront être remplis.

Comment ces objectifs contribuent-ils à l’amélioration de la situation des filles dans la région ?

Sylvie : Dans l’identification des participant·es au programme, l’accent a été mis sur les plus vulnérables, notamment les filles, les enfants appartenant à des groupes minoritaires et les enfants handicapés. Aujourd’hui, parmi les 190 enfants du projet, 120 sont des filles, ce qui représente plus de 60% du total.

Par ailleurs, des actions de sensibilisation sur les droits des filles sont menées avec les communautés afin de promouvoir l’importance de la scolarisation, de prévenir les mauvaises pratiques telles que les grossesses précoces et leurs conséquences. Nous impliquons également les leaders religieux et autres leaders communautaires dans la promotion des droits des filles, afin de lutter contre les pratiques défavorables à l’égalité des genres.

Paul : ALFA est un projet pertinent qui permet d’améliorer la situation de l’Atacora. Lorsque les filles sont scolarisées, elles ne sont pas exposées aux risques d’enlèvements pour des mariages forcés ou des exploitations. L’éducation leur ouvre des opportunités d’emploi et d’entrepreneuriat.

En effet, depuis 2020, beaucoup de jeunes sont forcé·es de quitter le Bénin à cause de la situation économique et d’aller vers le Nigeria pour travailler, ce qui favorise l’exploitation économique des enfants, surtout des filles. Pour contrer cela, les alternatives éducatives constituent un moyen important pour faciliter l’accès et le maintien des filles dans le système éducatif.

Comment les parents, les enseignant·es et autres membres de la communauté sont-ils impliqué·es dans le projet ALFA ? Avez-vous des exemples de la manière dont cela a eu un impact positif sur la dynamique familiale et communautaire ?

Sylvie : La mise en œuvre du projet ALFA repose sur la synergie entre les communautés, les enseignant·es et les enfants. Des assemblées générales ont été organisées dans toutes les communautés pour expliquer l’objectif du projet et le rôle des parents.

Dès le début du projet, des comités de gestion, composés de parents d’élèves, des membres influent·es de la société tels que les chef·fes religieux et de personnes formées pour le projet, ont été mis en place afin de suivre la qualité des cours, les performances des élèves et de faire l’intermédiaire entre les communautés et l’école. Tous les membres de la communauté sont impliqué·es dans la gestion des centres d’éducation communautaires (CEC) et dans le bon déroulé du programme ALFA.

Paul : Au Bénin, il y a un dysfonctionnement entre l’école et la maison, mais ce projet vient corriger cela. Par exemple, si un enfant ne vient pas à l’école, un mécanisme est mis en place pour que les comités de gestion aillent voir les parents pour connaître la raison de son absence. Cela empêche que les enfants ne soient déscolarisés, surtout les filles qui sont parfois mariées de force ou envoyées au Nigeria.

Avez-vous observé des réactions particulières de la part des enfants bénéficiaires du projet ALFA ? Les enfants ont-ils compris l’importance de l’éducation pour leur avenir ?

Paul : C’est vraiment un grand soulagement qui anime ces enfants. Les enfants ne se déscolarisent pas d’eux-mêmes, ce sont souvent les parents qui les déscolarisent. Eux, ils ont envie d’aller à l’école, mais les conditions familiales ne sont pas favorables et ne leur permettent pas d’aller à l’école. Mais si avec ce projet, on leur dit aujourd’hui oui, vous allez pouvoir retourner à l’école, c’est un grand bonheur, un grand soulagement.

Sylvie : Lorsque l’on voit l’assiduité de ces enfants, l’enthousiasme avec lequel ils écoutent leur enseignant·e, la manière dont ils socialisent avec les autres enfants, c’est comme s’ils avaient attendu cela toute leur vie. On comprend donc que ces enfants avaient envie d’aller à l’école, mais qu’ils n’en avaient simplement pas l’opportunité.

Quels ont été les moments les plus forts ou gratifiants pour vous en tant que coordinatrice et responsable du projet ALFA au Bénin ? Y a-t-il des expériences qui vous ont particulièrement marqué·es ?

Sylvie : Ce qui m’a le plus marquée, c’est le premier jour de la rentrée des centres d’éducation communautaire. On sent vraiment que nous avons touché un problème essentiel qui se posait aux communautés et qu’ils ne savaient pas comment le résoudre : le manque d’accès à l’éducation.

Ils pensaient que certains enfants avaient dépassé l’âge d’aller à l’école et que plus rien ne pouvait être fait pour eux. Mais le jour de la rentrée, tout le monde a constaté que oui, c’était encore possible.

Je me rappelle d’une situation un peu particulière, c’est la rencontre avec une fille muette. Les parents ayant compris l’enjeu du projet, ont saisi cette opportunité qu’ils croyaient inexistante et l’ont amenée à l’école. Cette fille ne pouvait pas s’exprimer, mais elle comprenait tout ce qu’on lui disait. Nous avons travaillé avec les enseignant·es pour réfléchir à un accompagnement spécifique et pour qu’elle étudie dans les meilleures conditions possibles.

Paul : Les enfants qui intègrent les centres d’éducation communautaires (CEC) sont tellement heureux et fiers ; et les enseignant·es savent qu’ils vont pouvoir accompagner leurs élèves dans de bonnes conditions.

Les parents sont également très mobilisés. Par exemple, il manquait des meubles dans les CEC, et les parents d’élèves ont collecté des tabourets et des chaises auprès de la communauté pour permettre aux enfants de s’asseoir.

Les communautés s’approprient rapidement les CEC, car elles sont impliquées du début à la fin, du recensement des apprenant·es à la définition des règles, jusqu’à la mise en place.

En faisant un don en faveur des programmes de Plan International France, soutenez des initiatives telles que celles mises en œuvre dans le cadre du projet ALFA, qui visent à créer un impact durable et positif dans la vie des enfants et des communautés.

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