Depuis août 2017, plus d’un million de Rohingya ont fui leur domicile et les persécutions en Birmanie pour se réfugier au Bangladesh. Pour les filles, plus vulnérables en temps de crise, l’exil a été particulièrement éprouvant. Les amitiés qu’elles lient dans les camps leur permettent d’être elles-mêmes à nouveau, de se reconstruire et de garder espoir en l’avenir. Reportage.

Des vies bouleversées

Les réfugiés qui ont fui la Birmanie vivent maintenant dans les camps autour de Cox’s Bazar au Bangladesh, parmi les plus grands camps de réfugiés du monde.

Ils ont dû s’adapter à la vie dans un environnement inconnu. Mais, pour les adolescentes, c’est particulièrement difficile.

En plus des drames vécus lors des persécutions et sur la route de l’exil, elles ne sont pas totalement en sécurité dans les camps.
Les familles qui s’inquiètent pour elles peuvent les pousser à rester confinées dans leurs abris presque 24 heures par jour.

Pourtant, le photographe bangladais KM Asad, en appui à Plan International, a choisi de montrer, dans un reportage photo, un autre visage des filles. 
Lorsqu’elles ont la possibilité de quitter leur tente, d’être elles-mêmes et de se lier d’amitié avec les autres filles, leur vie est complètement différente.

En effet, l’amitié joue un rôle important dans la résilience des filles et les aide à garder en elles leurs espoirs et leurs rêves.

La force de l’amitié

L’amitié est essentielle dans les crises humanitaires. Les recherches menées par Plan International ont montré qu’en situation d’urgence, les filles dotées de réseaux amicaux solides ont une meilleure situation que celles qui n’en ont pas.

Roshida, Sayeka, et Afo Unosrr, 12 ans toutes les trois, sont amies depuis septembre 2017. Ensemble, elles ont pris l’initiative de servir de comité d’accueil aux nouvelles venues dans le camp.

« Nous nous lions d’amitié avec toutes les nouvelles filles à leur arrivée », explique Sayeka.

« Les filles étaient très gentilles avec moi quand je suis arrivée », poursuit Roshida. « Je n’avais pas de nourriture, alors elles ont partagé la leur avec moi. »

Les plus jeunes Tasmin Ara, Mustakima, Nur Akter, et Showkat Atu accueillent aussi les nouvelles : « C’est difficile lorsque vous arrivez pour la première fois. Nous aidons les filles en partageant de la nourriture et des vêtements », ajoute Mustakima.

Toutes les quatres sont de bonnes amies depuis août 2017 : « Nous ne mangeons jamais seules. Quoi qu’il arrive, nous mangeons tous nos repas ensemble », déclare Tasmin Ara.

La compassion manifestée par leurs camarades et la gentillesse de la population bangladaise ont été un soulagement pour beaucoup de filles : « Lorsque nous sommes arrivés, les villageois nous ont aidés. Personne ne nous a attaqués », raconte Afo Unosrr.

Dans le chaos de l’exil, familles et amis ont été séparés et beaucoup n’ont pas encore été réunis.

Bien que Mohesena, 13 ans, au centre de la photo, se soit fait de nouveaux amis, elle n’a pas oublié ceux qu’elle a perdus : « J’avais beaucoup d’amis chez moi en Birmanie. Ils me manquent ici », dit-elle.

Trop peu de liberté de mouvement

Seul un nombre limité d’écoles, de centres d’apprentissage et d’espaces adaptés aux enfants permettent aux filles de se réunir et de se faire de nouvelles amies. 

Quand elles ont la possibilité de quitter leurs abris, les filles ne s’aventurent pas très loin, et pas seules, car ce n’est pas considéré comme sûr.

Les normes culturelles jouent aussi un rôle dans la limitation de leur liberté de mouvement.

« Nous sommes gênées de sortir sans hijab », déclare Tasmin Ara. « Il y a beaucoup de pression de la communauté. Aucune de nous ne possède un hijab pour le moment, mais parfois nos amies peuvent nous en prêter un. »

Pour certaines filles comme Minara, 15 ans, deuxième à droite sur la photo, la liberté de mouvement est si restreinte qu’elles ne peuvent pas aller à l’école.

Ruhima, 16 ans, la plus à droite sur la photo, avait l’habitude de coudre en Birmanie. Elle espère avoir l’occasion de suivre une formation professionnelle dans le camp pour développer ses compétences.

Plan International agit pour l’éducation des enfants

Plan International travaille dans les camps de réfugiés Rohingya au Bangladesh. Nous menons des programmes d’éducation et de formation professionnelle pour les enfants et les jeunes.

Nous nous employons également à réunir les enfants non accompagnés avec leurs familles et à leur assurer des conditions de vie plus sûres et plus saines.

« Les conditions de vie dans les camps sont meilleures qu’il y a un an et demi, mais nous parlons aux filles tous les jours et elles disent toutes la même chose. Elles veulent avoir une éducation, gagner leur vie, gagner plus d’indépendance et contribuer à aider leurs communautés. Mais il y a beaucoup trop peu d’occasions pour elles de le faire pour le moment », déclare Orla Murphy, directrice nationale de Plan International au Bangladesh. 

« Si nous ne voulons pas être responsables de la création d’une génération perdue, nous devons agir dès maintenant et travailler sans relâche pour fournir à tous les enfants et à tous les jeunes le soutien dont ils ont désespérément besoin », conclut-elle. 

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