En se remémorant son propre mariage à l’âge de 9 ans, Suwa désormais âgée de 79 ans explique comment son mariage a pu être considéré comme tardif par les membres de sa communauté, dans laquelle la plupart des filles étaient mariées à 7 ans.

Une pratique dangereuse qui met en péril la vie des filles et des femmes

Suwa qui vient d’une communauté isolée de la province Karnali au Népal nous confie : « J’ai dû faire face à une forte pression sociale pour m’être mariée plus tard que les autres. Il n’y avait aucune école ou autre opportunité. Dans ce genre de situation, on ne peut s’imaginer qu’il existe une loi interdisant le mariage forcé. Nous n’avions qu’une seule option, celle de suivre les rites de nos ancêtres et de travailler dans les champs. »

Suwa explique qu’elle et son mari n’étaient que des étrangers lorsqu’ils se sont mariés. Et cela lui a pris près de cinq ans avant de prendre vraiment conscience qu’ils étaient mari et femme. Pendant ces cinq ans, elle est tombée enceinte de nombreuses fois mais son corps n’ayant pas suffisamment atteint la puberté, Suwa a fait quatre fausses couches.

« Maintenant je sais que j’ai perdu ces enfants car mes grossesses étaient trop précoces. Personne ne nous avait prévenu que le mariage forcé et les grossesses précoces étaient des pratiques très dangereuses pour les filles comme pour les enfants. »

affirme Suwa, aujourd’hui mère de quatre enfants en bonne santé, deux filles et deux garçons.

Malgré son âge, Suwa est désormais une militante engagée dans la lutte contre le mariage d’enfant au sein de sa communauté. Elle marche tous les jours aux alentours de son village pour raconter son histoire. En informant les jeunes adolescent·e·s et leurs parents sur les conséquences néfastes du mariage forcé et en encourageant la communauté à garantir l’accès à l’école pour les filles. 

Alors qu’elle se mariait il y a 70 ans, Suwa se souvient aujourd’hui des nouveaux vêtements dans lesquels elle était habillée : « J’ai été mariée il y a bien longtemps. Ce jour-là, j’étais contente d’avoir de nouveaux vêtements et de nouveaux bijoux. Je ne pensais pas que ma vie allait basculer. Tout le monde se mariait très tôt. À l’époque la société n’était pas aussi ouverte d’esprit qu’aujourd’hui. Nous n’étions pas sensibilisé·e·s aux effets négatifs des mariages forcés. »

À 45 ans, Amar milite également contre le mariage forcé au sein de sa communauté. Marié à 15 ans, il est pleinement conscient des nombreux risques auxquels les jeunes marié·e·s font face. C’est pourquoi il s’est engagé pour les générations futures, dans la prévention contre le mariage d’enfant.

« Il a fallu que j’endosse la responsabilité de ramener un salaire pour faire vivre ma famille. J’ai travaillé dur pour que ma famille puisse avoir deux repas par jour car il n’y avait pas beaucoup d’opportunités professionnelles dans notre région. C’est ma propre expérience qui m’a permis de réaliser ce qu’impliquait le mariage forcé pour les enfants. Aujourd’hui je suis déterminé à faire en sorte que mes enfants ne se marient qu’à l’âge légal. »

explique Amar. 

Faire respecter les droits des enfants en sensibilisant les communautés pour mettre fin au mariage forcé

Un projet de prévention des mariages d’enfants, précoces et forcés est mis en œuvre par Plan International dans dix communautés des districts de Jumla, Kalikot et Bardiya, au Népal, dans le but de réduire le taux de mariages d’enfants et de veiller à ce que le gouvernement s’engage à atteindre ses objectifs de développement durable en 2030.

Plan International travaille aux côtés d’organisations partenaires locales pour sensibiliser les communautés aux conséquences dangereuses de certaines pratiques traditionnelles et du mariage d’enfant. Suwa et Amar ont nourri leurs connaissances sur les conséquences des mariages forcés, sur les droits des enfants et sur l’importance de la scolarisation, après avoir suivi des sessions de formation de Plan International. Ils font désormais du porte à porte afin de prévenir les mariages forcés ainsi que la déscolarisation des enfants et plus particulièrement des filles.

Le projet a jusqu’à présent réunis plus de 7 214 participant·e·s et a permis d’éviter 28 cas de mariage d’enfants. En plus de cela, 40 communautés se sont déclarées contre ces pratiques. Au niveau national, ces communautés collaborent avec les parlementaires par le biais du Comité des droits de l’Homme, du droit et de la justice et du Comité des femmes et des affaires sociales du Népal pour influencer la promulgation de la version révisée de la stratégie nationale et du plan d’action chiffré pour prévenir le mariage forcé.

En mettant fin au mariage forcé, nous avons la conviction que tous les enfants pourront s’épanouir et atteindre tout leur potentiel. En s’assurant que les filles restent scolarisées ; qu’elles aient accès à l’information sur leurs droits à la santé sexuelle et reproductive et sur leurs droits de manière générale, nous souhaitons encourager les filles à prendre les décisions pour leur propre avenir.

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