Du 19 au 22 mai 2015 s'est tenu le Forum Mondial pour l'Education à Incheon, en Corée, rendez-vous international incontournable pour le futur du droit de l'éducation pour tous organisé par l'UNESCO et réunissant des chefs d'Etat, des ministres, des ONG et des experts de l'éducation.
Faire de l'éducation un droit universel
D'importants progrès ont été réalisés dans le domaine de
l'éducation depuis le Forum Mondial de Dakar en 2000, qui avait établi six objectifs universels pour « l'Education pour Tous » (EPT), et depuis le Sommet du Millénaire des Nations Unies, qui avait fixé les Objectifs du Millénaire pour le Développement. Notamment, 91% des enfants sont aujourd'hui scolarisé au primaire contre 84% en 1999, et le taux de scolarisation en secondaire a augmenté de 27%.
15 ans après, de nombreux progrès restent cependant encore à réaliser pour faire de l'éducation un droit universel. Le forum d'Incheon, organisé par l'UNESCO - agence de coordination pour l'EPT - a pour but d'évaluer les résultats par rapport aux objectifs fixés initialement, de définir un nouvel agenda pour l'éducation pour les 15 prochaines années et d'adopter un cadre d'action global de l'éducation, acté en septembre 2015 lors du prochain Sommet des Nations Unies.
Les violences de genre en milieu scolaire (VGMS)
Bien que l'éducation soit un droit dont doivent bénéficier tous les enfants, ce droit n'est pas respecté, en particulier pour les filles. Encore 65 millions d'entre elles n'ont pas accès à une éducation primaire et au premier cycle du secondaire. Or les études menées sur les VGMS ont révélé que les violences de genre sont fréquentes au sein des établissements scolaires et aux alentours et constituent une des principales causes de déscolarisation des filles.
Les VGMS sont définies comme tout acte ou menace de violence sexuelle, physique ou psychologique perpétré sur les élèves (filles et garçons) dans l'enceinte ou autour des écoles en raison de normes sociales et stéréotypes sur les caractéristiques et rôles féminins et masculins et de rapports de force inégalitaires entre les sexes.
En 2011, 246 millions de filles et de garçons ont été victimes d'une forme ou d'une autre de violence en milieu scolaire, et l'on estime à 60 millions le nombre de filles qui sont sexuellement abusées à l'école ou sur le chemin de l'école chaque année.
Quelle éducation défendons-nous ?
A la veille du Forum, le réseau d'acteurs français « Ensemble pour l'éducation », dont Plan International est l'un des membres fondateurs, a rencontré la secrétaire d'Etat au développement Annick Girardin et la délégation française, présente au Forum, afin de leur soumettre des recommandations et rappeler l'importance de promouvoir l'éducation comme un droit.
La Secrétaire d'Etat a partagé la vision de Plan International de ne pas réduire l'éducation à l'acquisition de compétences professionnelles, mais d'assurer à toutes et à tous l'acquisition de connaissances, compétences et valeurs nécessaires pour exercer un rôle de citoyen.
Parmi les propositions recommandées, l'éducation à la citoyenneté, au développement durable et à la santé sexuelle feront donc partie intégrante des programmes éducatifs. Les violences de genre en milieu scolaire feront aussi l'objet de discussions parallèles en vue de l'intégration de ces problématiques spécifiques liées à l'éducation des filles dans les programmes post-2015.
Madame Girardin a aussi souhaité donner de l'importance à la notion d'équité dans l'accès à l'éducation, à travers le respect et la promotion de l'égalité femmes-hommes et de la non-discrimination, en particulier des personnes les plus vulnérables et des groupes sociaux marginalisés.
L'éducation est un droit fondamental et un levier qui renforce la capacité des peuples à faire respecter leurs autres droits. Dans le contexte global actuel, avoir reçu une formation scolaire et professionnelle permet l'autonomisation et l'émancipation, en particulier des filles, des femmes et des groupes marginalisés. C'est un outil pour réduire les inégalités face à l'emploi.
Par ailleurs, le contenu des formations est important : des sociétés éduquées sont plus sensibles aux questions environnementales ou à la justice sociale, elles acquièrent des compétences et des connaissances pour s'adapter aux défis actuels (changement climatique notamment), pour se protéger (santé, nutrition, …) et pour participer à la vie de la société en tant que citoyens responsables.