Deux constats accablants parmi d’autres : des hommes qui ont besoin de satisfaire leurs besoins sexuels, émotionnels et reproductifs et des membres de la communauté – parents et enfants eux-mêmes – qui soutiennent le projet… Tels sont quelques-uns des grands enseignements du rapport de Plan International sur les mariages précoces et forcés dans trois pays d’Asie du Sud : le Bangladesh, l’Indonésie et le Pakistan.
Discrimination, facteurs économiques, dépendance des filles et tradition.
Le rapport Getting the evidence : Asia child marriage initiative rédigé conjointement par Plan International et Coram International revient sur la réalité de l’existence des mariages précoces en Asie et sur la persistance de traditions.
C’est au sein des régions rurales du Bangladesh, du Pakistan et de l’Indonésie que le taux de mariage est le plus important, particulièrement chez les filles. L’étude montre que les mariages d’enfants, incluant des filles âgées de 12 à 14 ans, ont lieu la plupart du temps avec le soutien de membres des communautés, des parents et des enfants eux-mêmes.
De l’avis de filles âgées de 17 ans auditionnées au Bangladesh, « si une fille n’est pas mariée, les gens vont commencer à parler d’elle. Elle va perdre sa bonne réputation, et les gens vont penser qu’elle a des relations avec des hommes. Pour un homme, c’est moins un problème. Il peut être seul. »
La perpétuation de ce taux élevé de mariage d’enfants s’explique par le manque d’accès à l’éducation, aux services de santé et au système légal. Mais aussi par d’autres raisons comme la violence sexuelle des hommes et l’inégalité importante qui persiste entre filles et garçons.
Un garçon de 17 ans au Bangladesh justifie aux chercheurs pourquoi il est important de se marier avec une fille jeune : « Je dois choisir une mariée qui est plus jeune que moi car je dois pouvoir la contrôler. De plus, elle sera capable de satisfaire mes demandes… Si je me marie à une femme plus âgée, elle va essayer d’avoir de l’autorité sur moi et ne va pas me satisfaire sexuellement. »
Pour Mark Pierce, directeur de Plan International Asie, « la perpétuation des mariages d’enfants s’explique en fin de compte par une discrimination profondément ancrée, mais aussi par des facteurs économiques, par une dépendance économique des filles et par la tradition. »
Il poursuit en tempérant : « L’attitude des communautés change toutefois et l’acceptation des mariages d’enfants n’est pas un défi insurmontable : une combinaison d’éducation et d’opportunité économique, un accès aux services de santé et un renforcement plus strict du système légal en place peuvent jouer un rôle déterminant.»
Kara Apland, chercheuse socio-légale à Coram International ajoute : « Si parfois l’accent est mis sur la culture, les recherches présentes montrent comment les pratiques du mariage précoce demeurent dictées par des facteurs environnementaux et structurels qui doivent être combattus. »
Consolider le cadre juridictionnel, ramener les filles sur le chemin de l’école, faire intervenir des ONG
Afin d’éviter la pratique du mariage précoce, il convient tout d’abord de consolider le cadre juridictionnel afin que l’âge minimum légal pour le mariage soit homogénéisé à 18 ans, notamment au Pakistan.
Il convient également de ramener les filles sur le chemin de l’école, plutôt que de les marier et de les aider à s’autonomiser.Quant aux garçons, ils peuvent être sensibilisés au sein de groupes contre les mariages précoces.
Enfin, l’intervention sur le long terme des ONG, des groupes communautaires, des gouvernements, des institutions, des individus, des communautés et de leurs familles peut jouer un rôle fondamental.
Telles sont quelques-unes des recommandations qui visent à enrayer le processus des mariages précoces et forcés. Des recommandations qui vont d’ailleurs guider les programmes de Plan International au Bangladesh, au Pakistan et en Indonésie.
Étude quantitative et qualitative
Fondé sur 2 742 études et 158 échanges avec les parents, les leaders et les enfants dans les communautés de ces trois pays, le rapport sur les mariages précoces en Asie combine à la fois une étude quantitative sur la représentation et la compréhension des données prédominantes, des pratiques et des attitudes face au mariage précoce et une étude qualitative mettant en avant des informations contextuelles sur la nature et les causes du mariage précoces et sa perception par les autorités.
Retrouvez le rapport dans son intégralité ici.