Francisco est un père très ouvert par rapport aux autres parents de sa communauté. Lui et sa fille de 17 ans, Gladys, vivent au cœur des Andes équatoriennes dans la province de Chimborazo où 15 % des filles tombent enceintes avant leur majorité. Une fois enceintes, ces jeunes filles sont le plus souvent obligées de quitter l’école pour s’occuper de leur bébé.

Selon l’équipe de Plan International en Équateur, ce fort taux de grossesses précoces s’expliquerait en partie par le fait que de nombreux parents de la communauté ont du mal à parler à leurs enfants de leurs droits en matière de sexualité et de procréation.

La principale cause de décès chez les filles de 15 à 19 ans dans le monde

À l’échelle mondiale, les complications liées à la grossesse et à l’accouchement constituent la principale cause de décès chez les filles âgées de 15 à 19 ans. Beaucoup de jeunes ne reçoivent pas ou que très peu d’éducation sexuelle à l’école, et si les parents n’ouvrent pas le dialogue, les jeunes n’ont donc personne pour en parler.

Dans la famille de Francisco, ce n’est pas le cas. Lui et sa fille Gladys, âgée de 17 ans, participent tous deux à un programme de lutte contre les grossesses précoces de Plan International à Chimborazo. Pour Francisco, l’important est de communiquer librement avec sa fille.

« Je lui dis de ne pas avoir d’enfants ni de se marier pour l’instant », dit Francisco. « Étudie. Protège-toi. Tu es jeune. Construis d’abord ton avenir. Ce sera une vie très difficile pour toi si tu as un bébé maintenant. »

Violentées parce qu’elles sont enceintes 

Un rapport publié en 2017 par Plan International, intitulé « Les formes de violence à l’égard des filles en Équateur », a révélé que les violences et les discriminations subies par les filles enceintes sont si courantes que de nombreuses jeunes femmes associent les grossesses précoces à des rapports sexuels non consentis.

Certains les surnomment même de « filles enceintes aux yeux noirs ». Mais Francisco jure qu’il est différent. « Je ne veux pas que Gladys tombe enceinte, mais je ne la battrais pas ou ne l’engueulerais pas si cela était le cas », dit-il. « Je lui donnerais des conseils, lui ferais profiter de mon expérience. Je pense simplement que ce serait mieux si elle attendait d’être un peu plus âgée pour se marier et avoir des enfants. »

Accompagner les filles 

Au cours des derniers mois, Francisco a reçu une formation de Plan International en Équateur pour devenir un volontaire de santé communautaire pour un jour être apte à fournir des soins vitaux aux jeunes mères et à leurs bébés. Francisco apprend donc à détecter les signes de complications des grossesses chez les jeunes filles. Par exemple, si « la mère saigne pendant la grossesse ou a des violents maux de tête et maux d’estomac, des vertiges. »

Gladys, quant à elle, s’engage à ne pas avoir d’enfants pour le moment. Elle est l’une des 325 jeunes filles qui participent au club d’information sur les droits et la santé en matière de sexualité et de procréation, sur la prévention des grossesses précoces, les abus sexuels et les MST.

Avec ses amies, elle se rend fréquemment au centre de santé local pour avoir une contraception gratuite. Elle comprend pourquoi cela est important pour elles. « Nous devons étudier et terminer nos études pour pouvoir aller à l’université et mener une carrière professionnelle », dit-elle. « Beaucoup de femmes n’étudient pas et se marient, puis leur mari les maltraite. »

Être indépendante et maîtresse de son destin 

« Si une fille tombe enceinte, les parents la battent et elle doit abandonner l’école. Elle reste ensuite à la maison pour s’occuper des enfants et de leur mari. » Gladys aide déjà beaucoup sa famille, elle se lève à 4 heures du matin pour préparer le petit-déjeuner et s’occuper des animaux avant l’école.

Gladys ne veut surtout pas être dépendante d’un homme, « les hommes partent avec d’autres femmes et oublient la femme avec qui ils étaient au départ et leurs enfants », dit-elle. « Ils disent que ce n’est pas leur bébé et ensuite, ils ne veulent rien avoir à faire avec nous ou le bébé. ».

Ce n’est pas l’avenir qu’elle envisage pour elle-même. Elle aimerait fonder une famille un jour, mais pas avant d’avoir réalisé son rêve de devenir médecin.

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