Publié le 6 juin 2025
Si les règles constituent une étape normale du cycle menstruel féminin, elles continuent de perturber le quotidien, la scolarité et le travail de millions de filles, d’adolescentes et de femmes. Dans le monde, au moins 500 millions de filles et de femmes – soit une femme réglée sur quatre dans le monde – n’ont pas accès à des protections périodiques et/ou à des toilettes propres et séparées. L’absence d’information sur les menstruations et le manque d’installations créent des discriminations allant du sentiment de honte dû aux tabous jusqu’à la déscolarisation.

« Impures », « maudites » ou même « dangereuses », les règles dérangent
Selon une enquête de Plan International France, plus d’un tiers des adolescentes françaises ont honte d’avoir leurs règles. Les tabous autour des menstruations trouvent leurs origines dans la méconnaissance de ce phénomène naturel : en France, la moitié des filles interrogées considèrent encore les règles comme « sales ». En Égypte, selon une étude de l’UNICEF, 3 filles sur 4 ont été choquées lors de leurs premières règles. Les menstruations restent taboues car le sang menstruel est considéré comme impur, voire maudit dans certaines cultures. Ces mythes, liés aux normes culturelles, religieuses et patriarcales, nuisent aux droits des filles et des femmes !
Les préjugés liés aux règles renforcent également les discriminations de genre telles que les moqueries, les humiliations ou pire encore l’exclusion des filles ayant leurs règles. Au Népal, le « chhaupadi » est une tradition qui consiste à bannir ces dernières du foyer, en les contraignant à s’isoler dans des cabanes. Les filles sont alors empêchées de se rendre à l’école. Cette tradition d’exil menstruel, pourtant interdite en 2005, demeure : 89 % des jeunes Népalaises subissent toujours une forme d’exclusion ou de restriction pendant leurs règles selon le Fonds des Nations unies pour la population.
Les règles, un frein à l’éducation et à l’émancipation des filles
Les tabous, les discriminations autour des règles et la précarité menstruelle entravent la scolarisation des filles en France et dans le monde : en France, une fille sur deux a déjà manqué l’école en raison de ses règles selon l’enquête de Plan International France.
Cette situation est encore plus dramatique dans d’autres pays : en Inde, par exemple, selon l’enquête d’Essity, 77 % des filles et des femmes ne vont pas au travail ou à l’école lorsqu’elles ont leurs règles. Le manque de protections périodiques, de vêtements de rechange, d’eau pour se laver les mains ou encore de toilettes sûres et propres entravent la poursuite de l’éducation des filles et aggravent le décrochage scolaire. Dans certains pays, comme en Ouganda, en Indonésie ou au Bangladesh, la puberté marque le passage à l’âge adulte qui peut se matérialiser par le mariage forcé des filles et signifier un arrêt total de la scolarité. Cette déscolarisation brutale menace considérablement les droits des filles : elles deviennent plus vulnérables au mariage d’enfant, aux grossesses précoces, au travail domestique ou encore à l’exploitation.
La santé menstruelle, pourquoi en parler ?
Face aux tabous autour des règles, la santé menstruelle est une priorité des programmes et du plaidoyer de l’ONG Plan International France. L’accès des filles et des femmes à la santé menstruelle est bénéfique pour leur émancipation et le développement de toute la société. L’accès à la santé menstruelle permet d’améliorer :
- L’accès à l’éducation : l’installation de toilettes propres, accessibles et sûres et l’intégration de formation au cycle menstruel dans les programmes scolaires permet de réduire la stigmatisation associée aux règles, d’éviter le décrochage scolaire et d’améliorer la santé des filles.
- L’accès à la santé sexuelle et reproductive : lorsque les filles et les femmes connaissent leurs cycles et ont accès à des protections périodiques sûres et abordables, leur santé est améliorée en réduisant le risque d’infection. Cela peut avoir des effets en cascade sur la santé sexuelle en général, y compris la réduction des grossesses chez les adolescentes et des problèmes de fertilité.
- L’égalité de genre : pour briser les tabous, il est indispensable d’associer et de sensibiliser les garçons et les hommes aux menstruations. L’éducation à la santé menstruelle crée un environnement propice à la non-discrimination et à l’égalité filles-garçons.
- L’émancipation des filles et des femmes : la promotion de la santé menstruelle permet également de préserver la dignité, la vie privée et l’intégrité corporelle des femmes. Plus confiantes dans leur corps, les filles sont plus libres de faire entendre leur voix et de choisir de leur avenir.
- L’économie et le développement d’un pays : la lutte contre la précarité menstruelle et les tabous diminue le décrochage scolaire des filles et leur permet plus tard d’accéder à un emploi et de contribuer au développement économique de leur pays.
- La protection de l’environnement : accéder à des protections hygiéniques durables et de qualité diminue les déchets.
L’hygiène menstruelle au cœur de nos programmes
L’arrivée des règles signifie dans de nombreuses cultures et communautés qu’une fille est prête à se marier et à porter des enfants : en conséquence, celle-ci quitte l’école. Les stigmatisations autour des règles peuvent également éloigner les filles du chemin de l’école. L’ONG Plan International France agit grâce à ses programmes pour garantir aux filles leur droit à l’éducation et pour les protéger des conséquences négatives liées à l’arrivée de leurs règles.
Au sein de notre programme Parec au Togo, des activités de sensibilisation des parents, des enseignant·es, des filles et des garçons à la gestion des menstruations sont réalisées. Ces séances permettent de déconstruire les tabous autour des règles et aux filles de poursuivre leur scolarité tout en favorisant l’égalité entre les filles et les garçons. Au Liban, au sein du programme Intajouha, on améliore l’accès aux opportunités de travail et aux protections menstruelles produites localement pour les adolescentes et femmes vulnérables.
Maintenant, c’est elles qui fixent les règles !
À l’occasion du 28 mai, Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, l’ONG Plan International France alerte sur les tabous autour des règles ainsi que sur les causes et les conséquences de la précarité menstruelle sur la vie et l’émancipation des filles dans le monde. Retrouvez notre campagne sur nos réseaux sociaux et notre site internet.