En juin dernier, la comédienne Pauline Lefèvre, ambassadrice de Plan International France, s’est rendue dans les camps de réfugié·e·s de Cox’s Bazar au Bangladesh. Elle nous raconte sa rencontre riche en émotions avec les enfants rohingya et les communautés locales, mais aussi ce qu’elle a pensé des programmes menés par notre ONG.
Le plus grand camp de réfugié·e·s au monde
Je ne sais pas à quoi m’attendre. La zone est fortement déconseillée sur le plan sécuritaire. Et humainement, comment appréhender le plus grand camp de réfugié·e·s au monde, avec près d’1 million de personnes dont une grande majorité d’enfants ? On verra bien.
Après 21h d’avion, nous voici enfin arrivé·e·s à Cox’s Bazar au sud du Bangladesh. L’air est étouffant et la moiteur omniprésente. Une fois l’équipe de Plan International au Bangladesh rencontrée, nous avons rendez-vous avec l’administration locale pour les laissez-passer des camps.
Agir pour l’éducation des enfants réfugié·e·s
Premier jour. Départ à 8h pour 2 heures de routes et de pistes entre les rickshaw, les tuk-tuk et les vaches. Un classique en Asie. Arrivée au camp n°6 – il y en a 27, sans compter les extensions –, je découvre après seulement quelques mètres, des collines à perte de vue recouvertes d’habitations de fortune, de tentes bâchées et maintenues de bambous ou de tôles pour les plus chanceuses.
Kyle, qui nous accompagne aujourd’hui, supervise les programmes d’éducation en contexte d’urgence pour Plan International. Outre l’attente interminable des cahiers scolaires bloqués par une administration, l’autre complexité réside dans le manque criant de place pour des écoles en bonne et due forme. Les élèves se rendent dans la maison de l’instituteur et l’institutrice, où une salle reste dédiée à l’apprentissage.
Nous entrons dans une classe réservée aux 6-14 ans. Il faut se courber en 4 pour passer la porte et à l’intérieur règne une fournaise. Le sol en terre battue laisse parfois place à des tapis et des tabourets en plastiques servent de bureaux.
Au plafond, que je touche de ma tête, sont suspendus des mots en anglais : « onion », « goose », « ball », et de l’autre côté leur traduction birmane – les Rohingya n’ont pas la possibilité légale d’apprendre l’écriture bangladaise. Assise par terre à côté des jeunes, j’hésite entre timidité et curiosité. Puis les sourires et les chants prennent le dessus.
L’autre enjeu pour Plan International sur place est de former les enseignants rohingya. Nous arrivons en plein entrainement de mathématiques. Les professeurs ont entre 15 ans et 23 ans. Kyle et le reste de l’équipe recueillent leurs témoignages, leurs besoins et leurs recommandations : majoritairement des ventilateurs et des tenues officielles de professeur·e·s.
Chaque enfant réfugié·e doit être protégé·e
Deuxième jour. Très différent. La saison des moussons nous a rejoints : il pleut. Si dans les camps, certaines routes ont pu être pavées, la boue demeure partout et avec elle le risque de glissements de terrain. Dans un espace « Child Protection », je joue avec des enfants à plier des origami, mais le papier est tellement moite que mes grenouilles sautent à peine… Fous rires.
Nous rejoignons désormais un « youth club ». À ma question : « que préférez-vous faire ? », Rafika, Rumana et Mohammad, 13 ans, répondent sans hésiter : « aller à l’école. » « Et que détestez-vous par-dessus tout ? » À l’unisson : « Les violences, les mariages d’enfants et la drogue. ».
J’aimerais rester des heures à les écouter et à dialoguer. Surtout que demeurent de nombreuses interrogations à l’endroit des jeunes femmes de 15 ans à 20 ans que nous rencontrons ensuite lors de la formation « life skills » : qu’en est-il des violences que les filles ont subies depuis leur exil forcé et de celles que beaucoup d’entre elles continuent de vivre lorsque vient la nuit dans les camps ?
Changer de regard sur les réfugié·e·s
Troisième et dernier jour. Direction le sud à quelques mètres de la frontière birmane, à Teknaf. Ici, les premiers Rohingya sont arrivés il y a 20 ans et les camps côtoient désormais la ville. Les jalousies, les tensions et la haine raciale sont palpables.
Plan International est l’une des trop rares ONG à travailler avec les communautés accueillantes – malgré l’obligation gouvernementale de consacrer 25 % de l’aide internationale aux populations locales. Lors d’un comité de leaders locaux et religieux, il faut moins d’une minute avant que les réfugié·e·s soient accusé·e·s des pires maux : vol, viol, kidnaping, trafic de drogues, travail clandestin…
Le dialogue et l’entente vont être longs à remettre en place. D’autant que depuis l’arrivée massive de nouveaux réfugié·e·s il y a 2 ans, le gouvernement interdit la pêche sur le fleuve, pour freiner les passeurs. Résultat : une économie locale anéantie et la misère omniprésente.
Swagata, le chef de projet local de Plan International continue pourtant d’y croire : il veut développer la formation professionnelle – cordonniers, barbiers, artisans…. En attendant, ses équipes sensibilisent, distribuent du matériel scolaire et tentent de lutter contre le trafic d’enfants omniprésent vers la Thaïlande et vers la Malaisie.
Tout ce que je souhaite, c’est rentrer dans mon pays le plus vite possible et en toute sécurité
Combien de temps encore cette situation inadmissible va-t-elle durer ? On parle d’au moins 5 à 10 ans. « Tout ce que je souhaite, c’est rentrer dans mon pays le plus vite possible et en toute sécurité », répète encore dans ma tête Aycha. Aujourd’hui, de retour en France je continue d’entendre résonner les voix de ces milliers d’enfants m’alpaguer « Hello ! hello ! How are you ? ». I do hope they will be fine.
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